Les bras m’en tombent !

Mathilde se remarie !                                 Épisode 13  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Mathilde s’est enfuie.

— Non, c’est pas vrai !

Sandrine est abasourdie par la nouvelle. Avec Cathy, elles ont rejoint les autres filles à leur hôtel moins cossu, ce matin à 8 heures, comme convenu. Joëlle et Lætitia n’ont quasiment pas dormi, à la recherche toute la nuit de Mathilde, partie sans affaires, ni téléphone.

— Haaan ! sans son iPhone ! … Mais elle est vraiment perdue !

Cathy s’assied sur un bord du lit où Lætitia semble plus abattue qu’en train de dormir. Comment pourrait-elle fermer les yeux sur ce qui s’était passé la veille. Joëlle est encore plus anéantie, inconsolable en mère doublement coupable.

Elle avait tué son père et son idéal de mère parfaite.

Tout est de ma faute !
— Mais non, Joëlle, la réconforte Sandrine en la prenant dans ses bras. Elle va revenir… Elle avait besoin de prendre un peu l’air, c’est tout. Elle va revenir !
Non, je la connais. Elle est comme son père… Dure ! Elle ne me pardonne rien. Ah ! si seulement…

Lætitia se lève, à bout de nerfs, des cernes comme des valises, prêtes à partir… en larmes. Elle se ronge les ongles à défaut de pouvoir fumer depuis des heures.

 T’aurais pas une clope, Sandrine ? J’ai écoulé mes deux paquets cette nuit.
— Sers-toi dans mon sac, il doit m’en rester un paquet plein, je crois.
Merci ! j’en rachèterai tout à l’heure.

Lætitia s’approche de la fenêtre ouverte pour expulser une première bouffée libératrice. Puis elle se tourne vers Joëlle, le regard inquisiteur.

Si seulement quoi ?
Oh, rien, se contente de répondre la maman fatiguée, j’en peux plus de… de tout ça…
De tout ça quoi, bordel ? D’être enfin toi, de vivre pour toi ? Il ne suffisait pas de ton mari, c’est au tour de ta fille de prendre le rôle du bourreau, hein ? … Tu dois aimer ça, c’est pas possible ! s’emporte la femme amoureuse, la voix qui déraille et laissant échapper quelques larmes. Mais, réveille-toi, bon sang, Joëlle ! Merde, quoi ! On a tout fait pour elle. On est là, presque comme des fugitives d’un crime qu’on n’a pas commis. Et c’est à nous de lui rendre des comptes pour des crimes qu’elle veut nous faire endosser ?

Lætitia sèche rapidement des larmes qui n’ont pas eu le temps de couler. Joëlle ne la regarde pas, dans les bras de Sandrine.

J’aurais pu être une autre mère pour elle. Elle ne méritait pas ça.

Elle mérite une mère heureuse, contre-attaque l’avocat de la défense. Si seulement cette mère avait le courage d’assumer ce qu’elle désire et qui elle est, au lieu de simuler ce que les autres veulent qu’elle soit. Elle a bientôt trente ans ta môme ! Et crois-moi, elle a juste besoin d’être secouée et de voir la vie autrement que ce qu’elle lit dans la bible.
Secouée ? s’indigne la victime, hors de ses gonds et des bras de Sandrine. Mais tu as vu comment tu l’as brutalisée ? Même son père ne l’a jamais bousculée comme ça. Ni frappée. Tu m’a déçue, Lætitia. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur elle. C’est à moi aussi que tu fait du mal. Tu te prends pour… heu, je ne sais quoi. Depuis deux jours, on est toutes à tes ordres, sans savoir où cela va nous mener. Tu ne respectes même pas le deuil de ma fille qui vit un drame douloureux, ne t’en déplaise. Et puis… euh, si tu as des pulsions de virilité à démontrer, je te prierais de ne pas utiliser ma fille pour les assouvir.

Cathy est choquée, elle se tourne vers Sandrine, aussi mal à l’aise.

Elle l’a frappée… Haan ! Jésus Marie Joseph !
Tu penses vraiment ce que tu dis ?  lance Lætitia à Joëlle, d’une voix étranglée. Après… tout ce que j’ai fait… Pour toi, pour elle.
Stoooop ! intervient Sandrine qui sent la situation pourrir au fil des minutes. Ça suffit ! Écoutez, vous êtes toutes les deux exténuées et à bout de nerfs. Ça ne rime à rien de continuer à se déchirer de la sorte. Chacune va aller se reposer, une heure ou deux. Toi, dans le grand lit, Lætitia. Et Joëlle dans le petit, là. OK ?

Elles acquiescent sans se regarder. Sandrine a repris les choses en mains.

— Bien. Il s’agit de retrouver Mathilde. Avec Cath’, on va faire le tour de la ville pendant que vous vous calmez et réconciliez. Elle ne doit pas être bien loin. On revient avant midi et on voit ce que l’on fait. OK.

Sandrine commence à retirer le costume de Paul.

Ben, Cathy ? Va te changer, tu ne vas pas sortir avec cette robe !
— Je voudrais bien, mais heu… je n’ai pas d’affaires propres.
Mais moi non plus ! T’as jamais été scout, toi !
Euh, non ! … Toi, si ?
— Bon, une autre fois, dépêche-toi !

Voilà les deux faux amants de la veille à la recherche de Mathilde dans les rues de Venise.

Tu savais toi, pour Joëlle et Lætitia ? ose demander Cathy.
Non, répond Sandrine sans chercher à développer.
Pourtant entre vous, vous…
Entre vous ? Tu veux dire quoi par là ? cherche à comprendre l’interrogée.
Ben, heu… Tu sais bien. Moi, je t’assure, ça ne me gêne pas plus que ça. Enfin… Disons que faire des trucs avec une autre femme. Toi tu l’as déjà fait, non ?
Non mais je rêve ! Tu crois vraiment que je suis gousse ?

Parce que tu ne l’es pas… gousse ? 

Pas encore, ma chérie, mais hier j’étais à deux doigts de changer d’avis… Ha ha !
T’es bête ! lâche Cathy, quand même soulagée. T’as entendu ? ajoute-t-elle, passant du coq à l’âne, Lætitia a frappé Mathilde.
Frapper, frapper… Faudrait voir comment. Je crois que Joëlle a un peu exagéré, non ? Et puis Mathilde l’a un peu cherché depuis deux jours.
— Tu sais, j’ai déjà vu Lætitia pousser des gueulantes au bureau mais je ne la croyais pas capable de violence.
— Bon, et si on essayait plutôt de retrouver Mathilde !
— Oui oui.

 Et je peux te dire que si je la trouve, il se pourrait bien que je lui en colle une à mon tour ! 

Ce serait donc vrai qu’elle frapperait ses enfants, Lætitia ?
Les bras m’en tombent !


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2 commentaires pour Les bras m’en tombent !

  1. Zezette dit :

    Jaime

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