Les brèves du Café…

Pauvre Zorg !

« Il est sorti quand de l’hôpital ?
– Z’matin !
– Et t’es pas allée le chercher ?
– Ben non, z’travaille moi ! Et puis il avait qu’à pas faire le con avec zon vélo ! Zon pote Zohn il a un quat’ quat’, z’est plus facile pour zes béquilles et za zambe. En plus il zait conduire lui !

– Comment c’est arrivé ? »

Alors que Zozotte commence à raconter à Françoise la mésaventure de Zorg tout en essuyant les verres derrière le comptoir voilà que débarque le Pierrot tout fringuant, sautillant même, se frottant les mains gelées à l’idée d’un petit remontant qui réchaufferait l’intérieur.

« Salut les filles !
– Salut Pierrot !
– Bonzour Pierrot ! … Z’te sers un demi ?

– T’aurais pas un p’tit vin chaud plutôt ? Ses yeux pétillaient et son corps frétillait à l’avance du réconfort à venir après avoir bravé le froid glacial de son chantier.

– On n’a plus de cannelle, intervient Françoise. On en refera demain sûrement. Tu veux un chocolat chaud, un thé, une tisane à la place, s’amuse-t-elle à le provoquer ?
– Pouah ! … j’suis pas encore malade. Quoiqu’un grog… oh, non, j’aime pas le rhum ! Mets-moi une poire, tiens, pour commencer !

– Il a du se faire mal, reprend Françoise s’adressant à Zozotte.

– Ben il z’est pété l’oz de la cuizze, comment qu’il z’appelle dézà ?
– Ah, me demande pas à moi, j’ai toujours été nulle en anatomie.
– Bon ben, comme le tibia là, mais zur la cuizze.
– Le fémur, les filles ! On l’appelle le fémur, les dépanne alors Pierrot. Qui s’est cassé la binette si c’est pas trop indiscret ?
– Haan !
– Zorg ! Il y a trois zours, en vélo, sur une plaque de verglas. Y a pas idée à faire du vélo par un temps pareil… Mais Zorg il n’en fait qu’à za tête !
– Ah, ça me rappelle l’hiver 66 au col du Soulor, se lance Pierrot. Avec Robert on se préparait pour le championnat inter régional des Hautes-Pyrénées, j’avais une forme du tonnerre…
– Ca va Higgins, tu vas pas nous tenir la jambe avec tes souvenirs de guerre, l’arrête tout de suite Françoise.

– Tiens voilà de quoi t’aider à remonter le col du Soulor… On a du boulot avec Zozotte ! »

Elle lui pose sa poire sur le comptoir et entraîne sa collègue dans la salle. Pierrot hausse les épaules, bougonne brièvement avant de porter sa potion chauffante à la bouche.

« Il en a pour combien de temps à être immobiliséreprend Françoise ?
– Au moins deux mois. Après ils disent qu’il y a la rééducazion. Il est pas prêt de remonter zur zon enzin. Il peut faire une croix zur zon tour du Danemark !
– Le tour du Danemark ?
– Oui, z’est zon idée depuis trois mois. Il z’entraîne tous les zours pour partir un mois zet été avec Zohn et faire le tour de zon pays.
– Ah bon ? tu ne m’avais jamais dit !
– Tu parles. Za me rend dingue ! … Il parle que vélo depuis qu’il a eu zon diplôme d’inzénieur.

Au lieu de bozzer il veut déza prendre une année zympathique pour faire le tour du monde.

– Sabbatique, Zozotte !
– Z’est pareil, z’est la vie cool pendant que les z’autres bozzent ! Mais là, il va rezter à la maizon zans bouzer, za va lui faire les pieds !
– T’es dure avec lui dis-donc !
– Et lui alors ? Tu vas pas prendre za défenze tout de même ? Le zoir il parle que des zouzis de vélo. La nuit il dort pour être en forme le matin. Il z’lève à ziz heure pour faire zent kilomètres. Z’est pas une vie za pour moi. Z’avait pas tilté sur Meetic dans la rubrique des activités.

Faut faire vassement gaffe quand z’est écrit « pazzionné de zyclisme ».

Françoise sourit.
– Tu rigoles, poursuit Zozotte, mais moi z’ai plus de vie de femme. La dernière fois, z’était pour mon anniverzaire. Tu te zouviens de mes boucles d’oreilles ?
– Oui, elles t’allaient super bien.

– Et t’as pas tilté toi non plus. Mais z’est des roues de vélo ! 

Là, Françoise éclate de rire.
– Arrête, z’est pas drôle.
– Pardon, mais là j’ai eu une vision !
– Hein ?
– Non rien. Des roues de vélo ! … Elle rit à nouveau. Et… ha ha ! … il a un bon coup de pédale quand il monte sur toi ?
– Mais t’es bête ! s’offusque presque Zozotte.

Françoise rit de bon cœur, ce qui étonne toute l’assistance tellement c’est rare, et Tonio le premier, lui qui vient de rentrer dans le café les bras chargés de cartons de vins.

– Et ben, lâche-t-il depuis l’entrée, Françoise est de bonne humeur, ça nous promet une bonne journée ! 

– Haaaan ! »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Les brèves du Café…

L’émotion des idées

Tonio, jean, surtout pas délavé, chemise en dedans, faisant ressortir ce ventre rond, désastre d’une vie derrière le comptoir à enquiller les demis, un pour toi, un pour moi, lui qui était affûté à l’âge de dix-huit ans, numéro dix et capitaine de la Séléccào de la porte de Vanves dans le championnat de football du dimanche matin avant d’entrer dans la vie professionnelle tracée par son père qui tenait le bar-restaurant Lusitanos de la rue Didot, Tonio et ses multiples clefs accrochées à la ceinture, débarquait au café, à 10h30, comme chaque matin quand Zozotte passait l’aspirateur dans un boucan infernal, chantant à tuer toutes les têtes avec des oreilles encore en état d’ouïr.

« Bonjour Marie-Elisabeth ! » s’amusait-il à saluer ainsi chaque matin, Zozotte.

Aucune réponse ne semblait venir du mètre quatre-vingt quatre qui s’employait à astiquer, le nez sur la moquette et le derrière en trompette.

Peu importe, le patron s’installa à une table après s’être servi une noisette noyée de lait, comme Françoise appelait son café du matin. Car à chaque fois il versait tout le pot de lait jusqu’à ras bord dans son expresso, servi dans une grande tasse, toujours.

Le vacarme de l’aspirateur cessa. Une voix nasillarde se fit entendre dans le fond avec éclat : « Bonzour patron ! »

Un hochement de tête à peine détournée d’un bout de papier sur la table la salua à nouveau, avec un bonjour inaudible entre les dents.

« Depuis quand qu’vous z’écrivez patron ?

– Mais depuis que j’tiens ce café ! » répond sèchement Tonio agacé que la plume ici dans son propre café soit dressée en éloges sur les têtes pensantes des autres quand pour lui elle est tout juste plantée dans le trou du cul de sa culture.

Tonio n’était pas si inculte, il avait son humour et il n’avait honte de rien, deux qualités qui l’ont toujours fait avancer, reconnaissaient ses proches.

« Mais vous z’écrivez quoi ?
– Tiens, lis ça et dis moi ce que tu comprends ! »

Il lui tendit la feuille noircie à l’encre bleue qui interpella aussitôt Zozotte.

« Ben, on dirait l’écriture de Fernand. Vous z’écrivez comme… »

Elle s’interrompit comprenant que ce ne pouvait être que l’écriture de Fernand.

« Lis ! »

Elle lut à voix haute :

« Vivre une vie cultivée et zans pazzion, au zouffle caprizieux des z’idées, en lizant, en rêvant, en zonzeant à écrire…
– Continue !
– … une vie zuffizamment lente pour êt’ touzours au bord de l’ennui, suffizamment réfléssie pour n’y tomber zamais.
– Continue, continue !

– Vivre zette vie loin des z’émotions et des penzées, avec zeulement l’idée des z’émozions, et l’émozion des z’idées.

– C’est quoi ça, l’émotion des idées, hein ? »

Zozotte resta interloquée ne sachant vraiment quoi répondre.

« Et bien moi j’dis que j’aime mieux être à ma place, ajouta Tonio. Il m’a l’air bien perturbé notre ami.
Mais z’est beau, z’est bien écrit, lâcha-t-elle, à court d’autres arguments.
– C’est beau, soit. C’est de la poésie. On peut aligner des mots sans qu’on soit obligé de comprendre, c’est ça ? renchérit-il.
– Ze zais pas, balbutia à nouveau la serveuse, embêtée. Des vois on peut pas tout comprendre dans les livres. Z’ai pas fait azzez d’études pour… 
– C’est ça, l’interrompit Tonio, c’est des mots pour intellectuels qui se comprennent entre eux. Moi je préfère encore les blagues de Bigard à ce charabia. Au moins je sais pourquoi j’rigole !
– Pff ! »

Zozotte haussa les épaules, convaincue que son Fernand était un grand écrivain et que s’il avait écrit cela, c’est que ça voulait dire bien plus encore que les mots dont elles connaissaient le sens dans le dictionnaire mais bien moins une fois assemblés entre eux.

Justement, Fernand arrivait comme chaque lundi matin, vers 11h.

« Bonjour !
– Bonjour !
– Bonzour Fernand !
– Tiens t’as laissé ça sous la table hier soir. Désolé si c’est un peu froissé.
– Oh, merci beaucoup Tonio. Je le cherchais justement ce matin. Ca m’fait un souci de moins.
– A nous aussi, répond Tonio, à nous aussi !
– Pff ! »

Zozotte haussa à nouveau les épaules quand son patron disparut derrière le comptoir.

« Qu’est-ce qu’il a voulu dire, Zozotte ? demanda Fernand interloqué.
– Oh, rien, il est zaloux, z’est tout ! »

Après un moment d’hésitation, Zozotte ajouta :

« Dis Fernand, za veut dire quoi l’émozion des z’idées ? »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Et n’oubliez pas, les Brèves d’Ovalie se mettent à jour chaque week-end… ou presque !

Vous pouvez suivre les articles directement en vous ABONNANT au blog : mondialrugby2011.canalblog.com/

Les brèves du Café…

Le vieux

Le Tonio est un de ces patrons auvergnats qui achètent tous les fonds de commerce parisiens qui se libèrent. Il n’y a pas de limite à faire des affaires. Et en bon auvergnat, il n’y a pas de limite à faire des économies. Pas question de revoir la déco ou encore de changer l’enseigne.

« On est là pour vendre des consommations, pas pour se la jouer dans un décor de cinéma ! »

Et tant mieux, parce que Françoise, elle n’aurait pas supporté. Le Café de la Page blanche, c’est l’idée du Vieux comme il se faisait appeler avant qu’il ne vende l’affaire sans que personne n’en connaisse la raison. Pas même Françoise.

Seuls Fernand et elle l’ont côtoyé. Françoise a fait ses débuts avec, il y a dix ans, il lui a appris le métier et bien plus.

« I z’ont coussé enzemble ?
– Je ne crois pas, Zozotte. Et après, ça changerait quoi ? En tout cas, elle avait le sourire, c’est sûr ! »

Fernand était le plus fidèle des clients. Il trouvait dans ce café une inspiration qu’il ne s’expliquait pas. Le Vieux lui avait insufflé l’envie d’écrire.

« Ca a été une vraie révélation.

– Ah ouais ?
– La première fois que j’ai eu une feuille blanche entre les mains, je ne voyais rien. Et puis il est venu vers moi. Il s’est assis.
– Et après ?
– Il m’a demandé pourquoi je n’écrivais rien. Je lui ai répondu que je n’avais rien à raconter sans doute, que l’écriture et moi, ça faisait deux.
– Et alors ?
– Il m’a rétorqué : « et alors, tu n’aimes pas être à deux ? ». Sur le coup j’ai pas compris. Et puis il a tourné la feuille vers lui et s’est mis à lui parler : « Excusez-le, c’est un rustre, il ne sait pas parler aux demoiselles, une belle page blanche comme vous, immaculée avec ce joli petit liseré bleu, pas une tâche, ni de gras, ni de vin, alors que lui… Regarde ta chemise ! Tu aurais pu changer de chemise avant de la sortir ! ». Il a continué ainsi pendant dix bonnes minutes. Il parlait bien, je souriais, je me prenais à son jeu. Jusqu’au moment où il s’est levé…

– Et alors, et alors ?

– Il a remis la feuille bien droite devant moi et s’est excusé : « Je vous laisse, j’ai du travail. Vous avez sans doute plein de choses à vous dire ». Et il m’a fait un clin d’œil avant de retourner en cuisine.
– Et qu’ez’ t’as fait ?
– J’ai écris comme jamais je n’avais écrit, à cette femme-feuille, la première de mon existence. Je l’ai gardée chez moi. Puis chaque jour qui a suivi, j’ai entrepris une correspondance avec elle avant de passer à d’autres sujets. J’avais plein d’idées en moi que je ne soupçonnais pas. C’était fabuleux.
– Whoua ! C’est beau ! … Tu me feras lire zet’ correzpondanze, dis ?
– Peut-être, je ne sais pas. Le plus dingue, c’est que je n’arrive pas à écrire ailleurs qu’ici. C’est comme si j’avais besoin de sentir sa présence. Pour moi, il n’est pas parti. En tout cas son souffle, l’inspiration quoi, ne m‘a pas quitté. Il est resté dans ce lieu, intact. Je le sens presque physiquement. Et pour ça, je peux remercier Tonio.

– Ah mais lui, il zait écrire que des addizions et te zouffler dans les bransses quand tu vas pas azzez vite…

– Les bronches, Zozotte, on dit souffler dans les bronches.
– Z’est pas z’que z’ai dit ? Qu’ez’ te zers ze matin, une noizette ?
– Parfait ! … avec une tartine s’il te plaît. »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Les brèves du Café…

Zozotte

Elle s’appelle Marie Elisabeth mais tout le monde l’appelle Zozotte. Petite, c’était la Zaza à son papa, la Maelle à sa maman. À l’école Jeanne d’Arc de Mâcon, c’était tantôt Maelle, tantôt Bébeth ou Sossotte. Ce n’était pas de sa faute, elle souriait tout le temps, d’un sourire édenté assimilé sot… méchamment, comme peuvent être les enfants. Aujourd’hui, tout le monde l’appelle Zozotte. Tous, sans exception ! Vous le comprendrez aisément.

« Bon, za va ! t’es pas oblizé de raconter ma vie quand z’étais p‘tite ! »

Pourtant Zozotte aime bien raconter sa vie, depuis qu’elle est grande, du haut de son mètre 84. Fernand l’écoute attentivement, chaque matin, devant son café, au comptoir, puis chaque midi, à la table 7 de la terrasse du restaurant. Il prend des notes, l’enregistre parfois. Parce que Fernand est écrivain. Enfin, c’est ce qu’il dit, même si, au café personne ne le croit capable d’alimenter autre chose qu’un journal intime de ses déceptions amoureuses. Mais Zozotte, elle, n’a que faire des commentaires de l’assistance. Elle l’aime bien son écrivain, surtout parce qu’il parle d’elle dans ses cahiers.

« Mais zi, il zait écrire, qu’ez’ti connais toi aux livres, tu lis que des zournaux zaunes avec des grozzes lettres et des tâzzes de gras ? »

Son patron, le Tonio, un Portugais auvergnat qui a appris son métier avec les bougnats de la capitale, tout pour lui rien pour les autres, elle ne le portait pas dans son cœur, la Zozotte.

« Les z’auvergnats, z’est les pires. Portugais en plus, za arranze pas !
– Hof ! … ils ne sont pas tous comme ça, c’est lui qu’est con et puis c’est tout ! »

Françoise, elle n’était pas compliquée. Pour elle, la France était divisée en deux. D’un côté les cons et de l’autre les gens à qui elle parle. Et aussi incroyable que cela puisse paraître, cela faisait deux mois qu’elle bossait au café, elle n’avait jamais prononcé un mot envers son employeur. En guise de bonjour, de oui, de non, de va te faire foutre ou encore de salut je me casse, elle utilisait la même interjection sur des tons appropriés avec quelques variantes :

« han ! … han han ! … hof ! … rrrhan ! …  hum … haaaaaaan ! »

Mais lui s’en foutait. « Business is business ! », c’était sa devise. « Mieux vaut une chieuse qui bosse bien qu’une lèche-botte qui fout rien ». Et c’est vrai qu’elle dépotait la Françoise. Elle avait un joli sourire, une gouaille d’effrontée et des mensurations qui, tous réunis, parvenaient à un bon compromis pour une clientèle aussi variée qu’au Café de la Page blanche.

Zozotte l’aimait bien Françoise. Elle l’enviait car elle avait une taille idéale et quinze centimètres de moins qu’elle. Zozotte n’arrêtait pas de heurter le lustre que le Tonio avait eu la bonne idée d’installer au milieu dela salle. Du haut de son mètre 65, il ne risquait pas de s’ouvrir la tête, lui. « Et combien même, rajoutait souvent Françoise, ça ne détériorerait pas grand-chose là-dedans ! »

Dix fois par jour, elle se cognait, la Zozotte. Ca faisait marrer la clientèle.

« Baisse la tête Zozotte ! » pouvait-elle entendre dans la salle à tour de rôle. Il est vrai qu’elle avait la tête en l’air, au sens propre comme au figuré. Une rêveuse. C’est ce qu’aimait Fernand en elle, son insouciance, sa spontanéité candide.

« Zui trop grande, Franzoize !
– Commence par ne plus mettre de talons, après on verra !
– Oh, mais Zorg aime bien, zinon za fait pas femme qu’i dit !
– Han, han ! … Ben alors mets un casque ! … tiens, c’est pour la 7, ton écrivain !
– Fernand ! »

Zorg, c’est le petit ami qu’a déniché Zozotte, l’année dernière, enfin !!! … Elle désespérait de trouver un homme de plus de cinq centimètres qu’elle, elle avait mis la barre haute sur Meetic. Et là, ce danois, venu faire des études en France était un envoyé de Dieu. Parce que Zozotte, elle est croyante en plus. Catholique, non pratiquante.

« Zauf à Noël et à Pâques, ze manze du poizzon quand même !
– Mais ce n’est que le vendredi saint, Zozotte ! lui rétorque toujours Françoise !
– A zaque fois z’oublie, alors z’en mange les deux fois. Vendredi Zaint z’est le vendredi avant le vingt zinq dézembre, z’est za ?
– C’est ça ! »

Il ne fallait pas parler religion à Françoise, c’était de l’herbe pour moutons.

Au moins de ce point de vue là, Zozotte et le Tonio partageaient leurs croyances quand Françoise leur balançait des « han » d’indifférence en haussant les épaules.

« Tiens, Fernand, des zencornets, comme t’aime ! … touze pas à l’azziette z’est très zaud !
– Merci Zozotte ! .. hum, ça sent bon !
– Alors il avanze ze roman ?
– Ce n’est pas un roman, je t’ai déjà dit. Il s’agit d’un essai sur le quotidien d’une serveuse, un recueil d’instants volés, tu vois ?
– Mais tu m’voles rien, moi z’te donne. Comment tu m’as appelée déza dans ton roman ?
– Zézette, mais peu importe ! … Si ça ne te dérange pas, j’attaque tant que c’est chaud !
– Oui, oui ! … tu veux le gros poivre ? … Zézette, z’est rigolo ! … T’entends, Franzoize, ze m’appelle Zézette dans zon livre ! »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !