Ce que j’aime chez Tarantino… c’est que dès la première minute tu sais que t’es devant un grand film.
Les premiers plans, les premières notes de musique te collent à ton siège jusqu’au décollage de la première scène, tu n’échangerais ta place pour rien au monde…
On est parti, on y va, on ne sait pas où mais on y va, tous assis dans la carlingue de ce cinéma, tu jubiles déjà, une minute à peine…
Tu t’entends même dire « c’est génial ! » et pourtant tu n’as encore rien vu.
Si j’ai aimé les suivantes ?
Autant demander à un expatrié qui rentre après deux ans de fried chicken s’il aime le pot au feu que lui a concocté sa petite mère.
Parce qu’il y va plein pot Quentin, il met le feu aux poudres des clichés, il nous l’a concocté aux petits légumes ce conte invraisemblable de sang et de vengeance laissant transparaître sa vérité de l’histoire… avec une grande hache.
Tarantino plante son décor tout en couleurs, du noir sur fond blanc de champs de cotons parsemés d’éclats rouges hémoglobine. Il raconte, il règle son conte germanique sur fond de règlements de comptes de chasseurs de primes et sur fond d’histoire surtout, celle de l’Amérique avec ce qu’elle a de plus noir…
Siegfried veut sauver la belle Brunhild encerclée par les flammes de l’enfer au pays de Candy.
Plutôt que de s’attaquer à la gravité d’un film historique, à la Spielberg comme dans « la liste de Schindler » ou encore son « Lincoln » à venir, Tarantino, lui, choisit l’ironie de l’histoire.
Et l’on rit autant qu’il se moque, de l’absurdité, de la monstruosité et de la bêtise des personnages à l’image de cette scène burlesque, à la Monty Python, où les membres du Ku Klux Klan débattent sur l’intérêt de porter ces masques mal conçus et à travers lesquels ils ne voient rien. J’adore !
On retrouve dans ce Django l’esthétique d’un Kill Bill, dans les couleurs et la chorégraphie des combats, la truculence des dialogues d’un Pulp Fiction, les mots fusent autant que les balles, le verbe est l’arme la plus maniée avec verve par les excellents Christoph Waltz et Leonardo Di Caprio, sans oublier l’incroyable Samuel L. Jackson dans un rôle sur mesure.
Quand Jamie Foxx, lui, dégaine son revolver aussi vite qu’il tourne la langue dans sa bouche pour ne pas avoir besoin de parler.
Mais quelle dégaine… surtout dans son habit de valet !
Et que dire de la bande originale du film qui nous plonge tantôt avec brio dans l’univers du western spaghetti de Sergio Leone au son de l’incontournable Ennio Morricone, génial ! … tantôt avec culot dans des envolées hip-hop et ryhtm and blues qui nous font trépider sur nos sièges.
Ca déménage dans ce nouveau Tarantino grand cru…
un des meilleurs sans doute, qui mérite bien des égards et bien vos regards si vous n’êtes pas encore allé le voir, mais il n’est pas dit que l’Amérique voit ce regard sur son histoire d’un bon oeil au point de lui laisser le dernier mot… aux Oscars.