La fête des mots, faîtes !

Et si ce n’était pas que des mots ?… Imaginez !

Chaque 21 septembre, le dernier jour de l’été, le jour de la fête des mots.

Pourquoi le dernier ? … Mais pour avoir le dernier mot sur l’été, pardi ! … Pour laisser les mots cueillir eux mêmes les feuilles aux branches de notre imagination avant qu’elles ne tombent en désuétude à nos pieds. Que sais-je encore… et pourquoi pas ?

L e s     m o t s     d a n s     l a       r u e      !

A l’instar de la fête de la musique, cette manifestation fait descendre les mots dans la rue. Tout le monde se joue des mots comme on joue de la musique, professionnels comme amateurs, toutes les créations, improvisations sont libres et gratuites. A chacun son atelier, son jeu, sa représentation des mots…

Oui, m a i s   e  n     p  l  e  i  n      a    i     r       !

Au diable les pupitres scolaires austères, au coin les tables rondes d’ateliers juste entre nous, bonjour les stands de kermesse aux mots audibles par tous, que l’on peut dégommer ou attraper sur une inspiration de passage.

Aujourd’hui, 21 septembre, les mots sont à la fête !

Mais suivez-moi plutôt !

A Paris, place de la Bastille où la fête bat son plein, de drôles de manèges à mots pour enfants s’articulent de leurs bras pour le plaisir des petits et des grands.

A l’attraction « le mot sur le bout de la langue » ça s’anime autant que ça crie.

Une énorme langue comme un toboggan se déhanche pour déséquilibrer le joueur qui tente de grimper jusqu’à son bout pour se saisir du bon mot.
Un speaker ne cesse de répéter la même phrase :

« C’est un pic, c’est un roc, c’est un… ah ! … je l’ai au bout de la langue ! »

Et les adultes de crier au pauvre gamin qui grimpe avec plus ou moins d’agilité : « Caaaap ! … Caaaap ! »
Et le speaker de rappeler aux parents qu’il est interdit de souffler pour l’intérêt du jeu.
« Caaaap ! »
Et le petit de dix ans ou presque, arrivé en haut de sa langue qui regarde tous ces mots en vrac, hébété autant qu’embêté quant au sens du mot soufflé par papa ou maman. Cap ? … Oui, il était cap, mais comment choisir le bon mot entre pape, flop, type et … voilà ses yeux qui s’illuminent. Il vient de comprendre et se saisit du mot cap au grand soulagement des adultes en bas qui commençaient à douter de la capacité réelle du gosse.
« Ouiiiii ! »
« … c’est un cap ! … mais oui, bravo jeune homme ! … vous venez de gagner l’œuvre d’Edmond de Rostand ! »

Et des jeux, il y en a plein, avec des animations très ludiques et surtout très créatives. Et pas que pour les petits.

Amis bavards, insatiables commères ou messieurs J-ai-toujours-un-truc-à-dire, venez vous mesurer aux défis de « Qui ne dit mot se sent con », place Saint Sulpice.

A mourir de rire… ou de honte !

Place de l’Hôtel de ville, tel un jeu télévisé, un animateur sur une estrade, habillé en « maître des colles », derrière lui, un immense tableau noir, devant, dix pupitres avec des feuilles blanches et des crayons.

Sur les quais de Seine, une « pêche aux mots » pour combler un texte contemporain à trous enchante petits et grands sous un fumet de merguez et un arc-en-ciel de guimauves et de barbapapas.

Des attractions, des ateliers en veux-tu en voilà, pullulent comme des feuilles qui s’accrochent encore fièrement à leurs arbres. « La dictée » incontournable de Pivot à l’Olympia, à 14h, 16h et 20h. L’inégalable atelier « Ecrire avec ses sens » dans les serres d’Auteuil, concurrençant celui intitulé « sens interdit » à l’opposé au parc de Belleville.

Quelle idée !  Vous proposer d’écrire un texte dans la peau d’un aveugle, d’un sourd ou encore le nez bouché.

Bien sûr, la rue de la Page blanche n’est pas en reste à Saint-Germain des Près. Outre le coin convivial de « l’ami cahouète », le patron du grand café propose sur sa terrasse son stand « A toi, à mots ! » … une grande façade installée en face et peinte en blanc où chacun écrit une phrase pour écrire une histoire ensemble.

Ce 21 septembre, des mots s’invitent un peu partout dans les rues, les squares. Certains sont sculptés, d’autres surgissent devant vous en 3D, d’autres encore sont simplement manuscrits mais avec de belles lithographies. On peut les ramasser, comme des enfants cueilleraient des bonbons. On les croise comme des regards ou des sourires. Certains nous parlent, on les saisit comme une révélation, d’autres nous reviennent avec le plaisir d’un souvenir, on les met dans la poche ou à la bouche.

Et puis il y a cette idée folle de mots fléchés géants reconstitués dans les rues de l’île de la cité. On suit les panneaux des définitions et on vérifie ou découvre les réponses le long de chaque artère.

Ce dernier jour estival aux couleurs rougeoyantes dans les arbres du soleil couchant, s’il n’est pas le plus long de l’année, c’est justement parce que les mots sont couchés très tôt sur tous les supports que l’on trouve, oui, oui… c’est autorisé ! … à la craie ou toute encre délébile, les murs, les voitures, les canapés… oui, oui ! … c’est la tradition. Même si vous trouverez toujours des râleurs passant après vous le chiffon… et le juron !

Je m’arrête-là… La journée m’a épuisé !

Et vous, cela vous inspire quoi ?

Je suis sûr que vous ne manquez pas d’idées ou de projets à proposer… lâchez-vous ! … Commentez cet article en développant votre stand, une animation, une rue tels que vous les imagineriez. Repartez d’une des idées évoquées ici, si elle vous inspire.

Amusez-vous… Inventez, inventons ensemble cette fête !

Et qui sait, peut-être madame la ministre de la culture nous prendra aux mots.

« Vous n’allez pas laisser notre langue, madame la ministre, sans son jour de fête ! »
La fête des mots, de la suite dans une idée… Cliquez ici >>

Buller à Dublin…

Excuse me, what are you talking about ?

Statues Dublin 2
L’autre jour je bullais dans les rues de Dublin, au petit matin, sur les traces de la décadente, la sulfureuse, croisée la veille, quand elle sort de ses gonds, lorsque la nuit la couvre de son grand chapeau noir et de ses bijoux aussi lumineux qu’éclatants qui ornent une longue robe aux couleurs musicales endiablées, avec un extravagant parfum de fête, je parle bien sûr de la bien nommée et tant convoitée rue du Temple Bar.
C’est clair, tous ceux qui l’ont abordée, côtoyée, embrassée même, vous dirons la même chose.

Elle nous rend dingue !

Avec sa bouche pulpeuse, le rouge aux lèvres, des paillettes au front, un léger fard orangé soulignant des grands yeux verts, elle impressionne par sa forme longiligne et ce coffre fort qui entonne à plein poumons son chant frénétique en choeur avec son pub’s band qui reprend dans un rythme pas moins effréné le même refrain :

Guinness, ô Guinness ! … One more pint !

Je revenais sur les traces de cette nuit aussi inoubliable que coupable, espérant n’y avoir laissé aucune mauvaise empreinte, quand j’ai croisé ces deux femmes, assises sur un banc, bronzées par le gris du ciel sans doute et qui papotaient, un air préoccupé et préoccupant, leurs sacs à leurs pieds. Elles étaient là, juste de l’autre côté du Ha’Penny bridge, sur la rive nord de la Liffey, à l’opposé de l’enfer de la rue de mauvaise vie qui attire ses proies une fois la nuit tombée.
Mais de quoi pouvaient-elles bien causer ? L’augmentation du kilo de tomates au marché à quelques mètres de là ? Le dernier cri des sacs à mains chez Lancel ? A moins que ce ne soit celui d’un corps tombé dans la Liffey la nuit dernière ? Ma curiosité était plus forte que mon accent anglais influent… pas fluent du tout quoi !

Euh… excouse-mi, wha tariou tolkink euboute ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez ces bulles avec ce qui vous vient à l’esprit.

Mon petit doigt me dit qu’elles parlent français !