Allez savoir qui manipule qui dans ce thriller bien amené par François Ozon, très jubilatoire j’ai trouvé dans son approche et de par la prestation de ses acteurs bien choisis.
Luchini égal à lui-même, le jeune Ernst Umhauer, banal élève doué très crédible de normalité, Kristin Scott Thomas, presque aussi nature que sa galerie d’arts invraisemblables est naturiste et où Yolande Moreau, dédoublée en sœurs jumelles peinturlurées des pieds à la tête, complète parfaitement les objets et autres tableaux loufoques. Je mettrais un bémol pour la famille des Rapha, père et fils, d’une classe moyenne caricaturée à souhait et dont Emmanuelle Seigner force un peu trop le trait. Bref !
Qui manipule qui ?
Telle semble être la question à se poser à la sortie du film. Mais sans aucun doute le réalisateur le spectateur. Telle semble être la seule réponse que j’ai trouvée.
Car si cette question se pose en fil conducteur pour le spectateur tout le long du film, c’est pour répondre à une autre question que traduit sous la forme d’un schéma simple le professeur de français à son élève.
Quel est le désir, le but final de celui qui écrit… ou qui manipule ?
A cette question, je vous attendais au tournant de la chute, monsieur Ozon, avec autant de délectation que la déception a été grande à l’arrivée. Je suis entré dans le roman avec vous, avec le professeur, avec l’élève.
Et comme eux, je me suis pris au jeu, et comme eux, je ne voulais pas être déçu. Oh non, monsieur Ozon !
Car à trop manipuler, on finit par laisser des traces, un peu grossières parfois jusqu’à casser son jouet, mon jouet… à trop appuyer dessus.
Je ne détaillerai pas ici cette déception pour ne rien dévoiler de la chute, mais devenu co-scénariste forcé, la fin méritait à mes yeux plus de subtilité, de machiavélisme peut-être, de crédibilité surtout sur certaines scènes, enfin plus d’originalité qui aurait laissé ce spectateur-réalisateur en manipulé conquis.
Cet avis est purement subjectif et n’enlève rien à l’intérêt, la curiosité ou le plaisir du film que je vous conseille d’aller voir pour vous l’approprier. Vous qui écrivez ou avez écrit, c’est une vraie leçon d’écriture qui vous fera sourire. Et avec quel professeur !
Mais par pitié, à toutes les questions que le film pose déjà, ne vous rajoutez pas celle-ci, inutile : « Mais pourquoi il n’a pas aimé la fin ? ». Il n’y a pas d’explication rationnelle.
Belle et bonne rubrique, ça me donne envie d’aller voir ce film. Et si Antonio reste sur sa faim à la fin, on peut lui faire confiance.
J’aimeJ’aime