Satanée liberté d’expression !

Les pages blanches ont beaucoup à faire depuis quelques jours pour penser les plaies de notre société, béantes de crétinerie et de haine.

L’encre a assez coulé.

Au café, une de nos pages se froisse, ses mots n’ont qu’à bien se tenir.

« Stop ! Restez là, groupés !
– Pas d’éclats, s’il vous plaît !
– Non, non, j’ai dit ! … Blasphème, reviens ici s’il te plaît ! 

– Oui mais nous on veut jouer !

– J’ai dit non, c’est non ! … C’est trop dangereux dehors !
– Mais pourquoi ? …les dessins, ils ont droit eux ?
– Ca les regarde !
– Il est où M…
– Chut ! … laisses-le tranquille. Tu le cherches tout le temps et après tu te plains que ça finisse mal.
– Mais il est où, je veux juste jouer ? Promis on reste tranquille !
– Il est dans sa chambre et il ne sort pas jusqu’à nouvel ordre, point !

– Oncle Charlie, oncle Charlie !! … tu nous emmènes, dis ! … s’il te plaît !!!

– Ah ben te voilà toi ! … t’as encore fais des tiennes ! Décidément, c’est plus fort que toi !
– …
– Oncle Charlie, Oncle Charlie !! …
– Taisez-vous ! … filez dans vos chambres !
– Comment veux-tu que l’on éduque nos mots si tu les mets dans cet état ?
– …
– Hein, ben réponds ! … T’as vu comment ils sont excités ? … tu pourrais tenir les tiens !
– Qu’est-ce que tu veux entendre ? Ce ne sont que des enfants, avec leur insouciance, leur vérité crue. Ils ont besoin de courir à travers sens, escalader des montagnes pour voir ce qui se cache derrière…
– Sornettes ! … fais preuve de responsabilité pour une fois, Charb !
– La responsabilité, le mot d’ordre a parlé. Et ses moutons le suivent de son altitude morale jusqu’à l’avaler … par terreur.
– Tu réponds toujours à côté, tu m’fatigues ! …  t’es vraiment incorrigible !

– C’est ma nature, consœur, c’est ma nature ! »

Au café, nos pages blanches accueillent vos mots comme ils sont, avec leur enthousiasme, leur verve et leur créativité, même débordante, dans un bon état d’esprit, toujours.

Nous demandons juste qu’ils soient un minimum propres, qu’ils ne fassent pas sur eux, quoi…  qu’ils soient sains… oups !… sans ‘t’ bien sûr !
.

Mignonne, allons voir si la rose…

Premier essai…

Mathilde, 29 ans, mariée et fidèle, rêve toujours de prince charmant et de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde et Cathy, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

L : Mais pourquoi ? … C’est pas destiné qu’aux futures mariées cette soirée !
S : Ben ouais, il paraît que ça va être génial, on va faire la fête et tout !
L : Y aura même des tas de bonnes choses à déguster, autant à manger qu’à boire !
S : Ouais, des macarons de chez Guinon … Humm !!!
C : Moi j’y vais pour le défilé. Vous pensez vraiment qu’à bouffer et picoler !
J : Non, non, moi j’ai rien à y faire ! Ma fille est déjà bien mariée et elle n’est pas prête de recommencer. Hein, ma Choupette ?
(soupir long) : Ah !!! … ouais, c’est vrai !
S : Regardez-la, comme elle a encore des pépites dans les yeux. Tu paries que si on t’y emmène, tu ressors ta robe illico en rentrant !
L : Tu ne remettrais pas ça quand même ?
M : Non, bien sûr… enfin… pas avec un autre…
J : Ca veut dire quoi ça, ma fille ?
C : Ca veut dire qu’elle se referait bien une cérémonie avec Paul, hein ? … juste pour revivre ce jour… … avec une nouvelle robe, hein ?
M : Ouaiis, c’est clair  ! … Franchement c’est tellement…
S : Tellement quoi ? … Moi je veux bien qu’on kiffe la robe mais tout le taintouin du mariage… pitié !
M : Tout le monde est tellement gentil avec toi ce jour-là, et beau sur son 31… c’est… c’est magique… un souvenir inoubliable. Dommage que ce ne soit qu’une fois !
S : Ben alors, on a qu’à remettre ça ! … une méga teuf !
J : Pardon ?
L : Bonne idée ! … On se fait une fête pour tes 10 ans !
S : Ouais, parce que si on attend que Catherine trouve l’âme sœur, on n’est pas prêt de manger des p’tits fours !
(rires)
C : Haaan ! … c’est malin ! Je note, je note, les filles ! … Aucune de vous ne sera mon témoin je vous le dis !!! … Mais c’est une idée géniaaaale, Mathilde !
J : Vous délirez les filles ! … Vous croyez que Paul…
L : Ce sera l’occasion de voir s’il aime encore sa femme, celui-là !
S : Ouais, faudra renouveler le bail, mon vieux, sinon y a du monde derrière pour l’acquisition de Mathilde. Hein Mathilde ?
M (elle rougit) : Pff…
C : C’est clair, le petit David à la compta, s’il nous écoute, il ne devrait plus se sentir pisser !
L : Bon c’est décidé, on va tous aux Caves de la Mignonne, samedi !
J : Mais…
S : Pas de mais, vous avez un mariage à organiser, Joëlle ! … Excellent votre Pouilly, il vient de chez qui ?

Un petit clin d’œil à une amie, vendeuse de rêves autant que les robes qui les habillent, une passionnée qui crée son premier salon de mariage, un événement où l’art de de recevoir mêlés aux produits du terroir de sa belle région en soutiendront la traîne.

Un prétexte à écrire surtout qui a vu ces cinq personnages sortir spontanément de mon imagination à la manière d’un feuilleton à la « Desperate housewives ».

Qui sait, peut-être naîtra de cette inspiration un nouvel épisode d’une saga que je pourrais intituler « Mathilde se remarie ! » … ça vous dit ?

Mais pour l’instant ça se passe aux Caves de la Mignonne à Sancerre, samedi 29 septembre. Alors…

Mignonnes, allons voir s’il arrose ce salon avant que ses portes ne soient closes !

Le rendez-vous hebdo…

Retrouvez chaque week-end

  • le petit jeu d’écriture créative de Pascal Perrat,

  • les brèves d’Ovalie d’Antonio

à emporter dans le train, pour s’aérer l’esprit, ça change du « 20 minutes »! 

Le Café de la Page blanche met à jour ses liens vers leurs blogs, chaque lundi…
Facile à trouver, c’est fléché !

 

Mais il ne vous prévient pas toujours !

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C’est facile…
et n’hésitez pas à jouer et réagir directement sur leurs blogs, c’est fait pour !

Des jeux pour tous, on dit cap ?

Hier soir les jeux paralympiques se sont refermés sur Londres laissant derrière la poudre des artificiers qui ont illuminé son ciel un double sentiment.

Le premier est celui d’une réussite, d’une belle histoire écrite encore une fois par une organisation britannique faste et exemplaire qui a su mettre les moyens et l’engouement, plus que lors de la dernière édition à Pékin notamment, dans cet événement planétaire qui n’a pas pour autant enflammé le reste du monde.

Parce qu’il me semble difficile d’ignorer ce sentiment de malaise face à l’hypocrisie de la couverture médiatique, je parle notamment en France, quasi nulle ou ostentatoirement moralement correcte, par reportages mielleux interposés, par images empruntées à France Télévisions qui diffuse elle-même en différé des épreuves dont les commentaires semblent soudain handicapés du vocabulaire adapté.

Il nous semble si difficile, journalistes et spectateurs, amateurs de sports et des JO, de voir à travers ces exploits paralympiques autre chose que des parcours individuels, des histoires dures et belles souvent, quand l’athlète handicapé, de haut niveau, voudrait, lui, que l’on souligne d’abord sa performance sportive et que l’on oublie son handicap.

Une hypocrisie dissimulée dans le regard que la société des valides porte sur ces jeux-là et dans la retransmission amplifiée des exploits dont chacun derrière son poste ou son journal n’a rien à battre quand les athlètes eux se démènent pour battre leurs propres records dans des performances bien plus propres, elles.

Cherchez sur le site du journal « L’Equipe » le tableau des médailles des JP (si je peux me permettre le sigle). Si vous trouverez des articles sur les exploits paralympiques, le menu, lui, est resté celui des JO  du mois d’août avec les disciplines des valides. Pas de tableau de médailles des Jeux Paralympiques.

Pourquoi marquer la différence dans cet événement où le sport pour tous, du tous ensemble, semble être le message revendiqué par le baron de Coubertin ?

Les handicapés ne sont-ils ni plus ni moins que nos semblables, nous même, demain, homme ou femme dont la vie s’est heurtée à un accident qui ne nous a rendu pas tout à fait le ou la même.

La différence doit-elle faire toujours l’objet de ségrégation ?

N’a t’on pas dépassé l’idée même de créer des jeux femalympiques ou encore négrolympiques ?

Il y aurait bien des manières de faire la fête ensemble, pour une organisation aussi riche que le CIO s’il en avait vraiment la volonté.

Prévoir des jeux sur trois semaines, voire un mois, en intégrant toutes les disciplines, tout simplement.

On pourrait même créer des disciplines où l’handicap n’en est plus un.

L’image n’était-elle pas belle de voir ce sud-africain, Oscar Pistorius, courir avec les valides munis de ses lames au pied ?

Et si tout le monde avait des lames, un fauteuil, les yeux bandés ?

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L’exploit sur un pied d’égalité, chacun poussant son corps, mutilé ou non, à se dépasser. Est-ce si difficile à imaginer, à créer ?

Demandez aux enfants… comment il font preuve instinctivement de créativité quand il s’agit de jouer ensemble avec tout ce qui leur tombe sous la main.

Pendant ce temps-là, le film « Intouchables » séduit la terre entière en devenant le film français le plus vu par delà le monde. La belle jambe !

Alors les jeux pour tous à Rio, on dit cap ?

Faites preuve d’imagination, de créativité… trouvez des disciplines sportives où les handicaps n’en seraient pas.

Je sais pas moi… « La nage libre à portée de bras (jambes attachées) »… à vous !

N’hésitez pas à inventer avec le sourire !

Vieille comme le monde…

Cette émotion, sensation masculine, incorrigible, qui ne nous a jamais quitté, et qui ressurgit un matin sur un quai…

Beauté féminine, irrésistible, fraîcheur de l’été, quand tu nous tiens, les mots se lâchent, j’ai de quoi les noter, sur mon strapontin, comme ils me sont venus, à bord d’un train, je vous les transmets…

Elles nous rendent fous
Toutes ces jupes qui vous prennent par la taille
Toutes ces robes qui se pendent à vos cous
On voudrait, oh oui on voudrait ! qu’elles s’en aillent
Prendre leur place en vieux jaloux !
C’est comme un vent qui nous soulève
Un sentiment au fond de nous
Depuis toujours, oh ! on  en crève
De vous rendre sans dessus dessous

Ca s’est passé hier matin, sur le quai de la station Auber du RER A, ces robes et jupes en mouvements dessinant des courbes sensuelles et suggestives, comme devant une chorégraphie de Béjard, vivante et expressive.

Allez, du balais ! … j’aspirais à mon boulot désormais. 

Déjà les mots s’en allaient, chassés de mon esprit, heureusement je les ai priés de poser pour moi dans quelques notes sur mon téléphone mobile intelligent doté de l’application pour ça, ce qu’ils ont accepté sans contrainte, et les voilà !

Poser ses mots sur une émotion, un sentiment qui vous surprend, vous submerge, une image que vous trouvez belle. Ne calculez pas, notez-les comme ils vous viennent sur un bout de papier, sur votre téléphone… Et laissez-les vous mener au bout de vos sens, laissant de côté le sens qu’ils peuvent bien révéler… ou pas, au premier abord.

Et si vous partagiez vos mots, l’émotion d’une image, d’une idée, sur une page blanche !

« Mais z’est zà qu’zà veut dire alors l’émozion d’une idée ?
– Colle l’article sur la vitrine et arrête de réfléchir ! Vivement qu’on colle celui sur l’arrivée du beaujo nouveau que ça fasse venir du monde dans cette turne !
– pff ! »

Les brèves du Café…

L’émotion des idées

Tonio, jean, surtout pas délavé, chemise en dedans, faisant ressortir ce ventre rond, désastre d’une vie derrière le comptoir à enquiller les demis, un pour toi, un pour moi, lui qui était affûté à l’âge de dix-huit ans, numéro dix et capitaine de la Séléccào de la porte de Vanves dans le championnat de football du dimanche matin avant d’entrer dans la vie professionnelle tracée par son père qui tenait le bar-restaurant Lusitanos de la rue Didot, Tonio et ses multiples clefs accrochées à la ceinture, débarquait au café, à 10h30, comme chaque matin quand Zozotte passait l’aspirateur dans un boucan infernal, chantant à tuer toutes les têtes avec des oreilles encore en état d’ouïr.

« Bonjour Marie-Elisabeth ! » s’amusait-il à saluer ainsi chaque matin, Zozotte.

Aucune réponse ne semblait venir du mètre quatre-vingt quatre qui s’employait à astiquer, le nez sur la moquette et le derrière en trompette.

Peu importe, le patron s’installa à une table après s’être servi une noisette noyée de lait, comme Françoise appelait son café du matin. Car à chaque fois il versait tout le pot de lait jusqu’à ras bord dans son expresso, servi dans une grande tasse, toujours.

Le vacarme de l’aspirateur cessa. Une voix nasillarde se fit entendre dans le fond avec éclat : « Bonzour patron ! »

Un hochement de tête à peine détournée d’un bout de papier sur la table la salua à nouveau, avec un bonjour inaudible entre les dents.

« Depuis quand qu’vous z’écrivez patron ?

– Mais depuis que j’tiens ce café ! » répond sèchement Tonio agacé que la plume ici dans son propre café soit dressée en éloges sur les têtes pensantes des autres quand pour lui elle est tout juste plantée dans le trou du cul de sa culture.

Tonio n’était pas si inculte, il avait son humour et il n’avait honte de rien, deux qualités qui l’ont toujours fait avancer, reconnaissaient ses proches.

« Mais vous z’écrivez quoi ?
– Tiens, lis ça et dis moi ce que tu comprends ! »

Il lui tendit la feuille noircie à l’encre bleue qui interpella aussitôt Zozotte.

« Ben, on dirait l’écriture de Fernand. Vous z’écrivez comme… »

Elle s’interrompit comprenant que ce ne pouvait être que l’écriture de Fernand.

« Lis ! »

Elle lut à voix haute :

« Vivre une vie cultivée et zans pazzion, au zouffle caprizieux des z’idées, en lizant, en rêvant, en zonzeant à écrire…
– Continue !
– … une vie zuffizamment lente pour êt’ touzours au bord de l’ennui, suffizamment réfléssie pour n’y tomber zamais.
– Continue, continue !

– Vivre zette vie loin des z’émotions et des penzées, avec zeulement l’idée des z’émozions, et l’émozion des z’idées.

– C’est quoi ça, l’émotion des idées, hein ? »

Zozotte resta interloquée ne sachant vraiment quoi répondre.

« Et bien moi j’dis que j’aime mieux être à ma place, ajouta Tonio. Il m’a l’air bien perturbé notre ami.
Mais z’est beau, z’est bien écrit, lâcha-t-elle, à court d’autres arguments.
– C’est beau, soit. C’est de la poésie. On peut aligner des mots sans qu’on soit obligé de comprendre, c’est ça ? renchérit-il.
– Ze zais pas, balbutia à nouveau la serveuse, embêtée. Des vois on peut pas tout comprendre dans les livres. Z’ai pas fait azzez d’études pour… 
– C’est ça, l’interrompit Tonio, c’est des mots pour intellectuels qui se comprennent entre eux. Moi je préfère encore les blagues de Bigard à ce charabia. Au moins je sais pourquoi j’rigole !
– Pff ! »

Zozotte haussa les épaules, convaincue que son Fernand était un grand écrivain et que s’il avait écrit cela, c’est que ça voulait dire bien plus encore que les mots dont elles connaissaient le sens dans le dictionnaire mais bien moins une fois assemblés entre eux.

Justement, Fernand arrivait comme chaque lundi matin, vers 11h.

« Bonjour !
– Bonjour !
– Bonzour Fernand !
– Tiens t’as laissé ça sous la table hier soir. Désolé si c’est un peu froissé.
– Oh, merci beaucoup Tonio. Je le cherchais justement ce matin. Ca m’fait un souci de moins.
– A nous aussi, répond Tonio, à nous aussi !
– Pff ! »

Zozotte haussa à nouveau les épaules quand son patron disparut derrière le comptoir.

« Qu’est-ce qu’il a voulu dire, Zozotte ? demanda Fernand interloqué.
– Oh, rien, il est zaloux, z’est tout ! »

Après un moment d’hésitation, Zozotte ajouta :

« Dis Fernand, za veut dire quoi l’émozion des z’idées ? »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Et n’oubliez pas, les Brèves d’Ovalie se mettent à jour chaque week-end… ou presque !

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Ce plaisir…

Ecrire.

Avec un stylo bille, feutre ou plume ou encore un crayon à papier, la mine taillée sur mesure aussi précisément qu’une barbe qui caressera sans la heurter, la peau douce et fragile de ma dame… la Page Blanche, ce n’est pas le même plaisir.

Ecrire.

Avec un clavier, Azerty ou Qwerty, d’un ordinateur fixe ou portable, depuis une tablette ou un téléphone blackberry, I Phone ou autres Android derniers cris, c’est encore autre chose.

Je ne parle même pas de l’écriture vocale via un dictaphone ou autre appareil enregistreur.

Ecrire.

Avant même que les premiers mots d’une idée, une histoire n’ait germé dans la tête.

Ecrire.

Prendre un crayon, un stylo entre ses doigts, le triturer, gratter des lettres, des formes et des mots sur une feuille, comme si on les dessinait, sans avoir au départ le moindre but, le moindre projet, c’est aussi un plaisir que l’on retrouve chez les musiciens. Le stylo, le crayon, est son instrument. Son toucher, son contact avec la feuille lui donne envie d’écrire comme le bec d’un saxophone de souffler dedans et produire une note, s’essayer à la baisser d’un demi-ton ou de jouer toute sa gamme.

Le plaisir de lire un mot écrit qui épouse l’autre, le même plaisir d’entendre  une note jouée et d’aimer l’écart mineur ou majeur avec la précédente. On s’attarde dessus comme on s’attarde sur une idée qui germe à partir d’un ou plusieurs mots. Ainsi naît la musique, sa musique !

Ecrire.

C’est un plaisir que j’ai découvert en me posant devant une page blanche, avec un mot parfois en tête, un sentiment souvent au coeur, beau comme une couleur ou triste comme un dégradé de gris auquel je n’avais pas de mot à associer… enfin je le croyais.

Puis elle arrive, avec sa horde de mots en vrac mais déterminés. Ce sont des bons, ce sont les bons, parce que évidents, non calculés. Je les pose sur ma feuille blanche, gêné, presque pour ne pas les contrarier. Et puis je me surprends à être ému par eux.

J’écris.

Elle est là, l’idée, avec l’excitation du premier lecteur que je suis et qui se demande où l’auteur l’emmène. Mais… mais l’auteur c’est moi ! … L’excitation grandit, une sensation de pouvoir même s’installe.

J’écris.

Les images sont nettes, les odeurs distinctes, la musique dans le bon tempo. Je me laisse porter par ce sentiment qui ordonnent mes mots. Ils prennent forme sur ma feuille, une forme littéraire que je ne me connaissais pas.

Une complicité est née. La feuille blanche est devenue mon alliée, je sais que des mots, toujours plus nombreux, viendront à ma rescousse. Vingt ans que j’écris, ils ne m’ont jamais laissé tomber.

Ecrire.

Avec un stylo, un crayon, ce plaisir est devenu plus rare, je dois l’avouer, le stockage électronique offrant tant de facilités, surtout quand on écrit souvent. Fini la gomme, fini les ratures, fini l’écriture illisible, fini surtout de recopier le soir !

Et pourtant parfois, j’ai la nostalgie de ces instants, je me surprends à gratouiller sur une feuille et je me revois au pied de cet arbre à chercher l’inspiration, la boule au ventre tant les émotions me dictaient les mots qui ne demandaient qu’à être les élus de mon cœur.

Ecrire.

Quel que soit le support, le moyen, ici dans ce blog-café, derrière mon clavier ou dehors sur un banc derrière un bloc-notes, c’est toujours un moment de plaisir entre les mots et moi.

L’émoi devient sublime quand les mots surgissent et me surprennent, quand l’inspiration me submerge et tout semble si facile, instant rare où je ne me regarde pas écrire, où je laisse les mots prendre les commandes et mes doigts exécuter leur figures capricieuses, insolentes et aussi légères qu’une plume qui ne cherche plus son style, qui s’accepte tel que je suis.

Ecris !

De quel instrument joues-tu, toi ? … clavier, crayon, stylo-plume ? … Quel style de musique ? … Partageons ici ce plaisir d’écrire  !

Le bon, la brute et le truand !

Les brèves d’Ovalie

Le top 14 a repris depuis une semaine et déjà les stars sont à l’affiche !

Les trois prétendants au Brennus, sur le podium la saison passée, crèvent à nouveau l’écran du championnat de France dans une nouvelle réalisation spaghetti à la Sergio Leone où l’an passé l’individualisme et l’anarchie en ont été trop souvent les piliers, talonnés par l’enjeu, laissant le jeu quelque part dans les lignes arrière.

Les trois prétendants au titre de champion, héros incontournables de ce nouveau long métrage produit par la LNR, ont endossé les rôles principaux, comme l’année dernière.

Toulouse, le bon, celui qui produit le beau jeu, sans forcer, sans en rajouter hors des terrains, celui qui dégaine au bon moment et qui gagne toujours à la fin.
Clermont, la brute (ou l’abruti selon), celui qui tue sans pitié, le rouleau-compresseur en attaque mais qui sait aussi se laisser avoir bêtement, de cartons pleins en cartons jaunes, de fautes de mains en faute de points, le dindon de la farce, au final.
Toulon, le truand, celui qui commet des fautes sans se faire p(r)endre, celui qui parle trop et qui se voit infliger une traversée du désert, payante, de connivence avec le bon, en rouge et noir lui aussi, ils se partagent le butin final dont la gloire revient toujours au même.

Voilà donc à nouveau les trois personnages de ce TOP14, les armes en mains, en quête du graal, enterré quelque part dans le cimetière des phases finales, cimetière car l’an passé, le rugby y semblait mort et enterré à tel point que le blondin toulousain n’eut qu’à déterrer l’or de son 19ème Brennus.

Qu’en sera-t-il cette saison ?

Pas dit que ce TOP 14 nous rejoue le même film tant s’invitent à l’écran Biarritz et Bayonne dans un tout autre scénario de « Il était une fois dans le sud-ouest », dont le rugby habillé l’an dernier par des cache-poussières, ou des cache-misères parfois, semble aujourd’hui mieux armé et prêt à jouer, non de l’harmonica, mais une partition de haut vol qui pourrait bien mettre les deux formations basques sur les bon rails d’un chemin de faire bien mieux pour ne pas sombrer cette fois.

Et ça commence plutôt pas mal pour elles !

Quant à Paris, Racing Métro, Castres et Montpellier, ils ne se laisseront pas conter un western aussi facilement et affichent déjà dans la production des deux premières journées un tout autre genre.

Et s’il était une fois l’Amérique, pour ces protagonistes aux phases finales ?

Par contre pour Grenoble, Bordeaux, Agen, Perpignan et Mont-de-Marsan il faudra se battre jusqu’au bout pour survivre au milieu de l’élite, dans un bien long métrage aux airs d’un « Il était une fois la révolution », au moins.

Retrouvez la rubrique Brèves d’Ovalie chaque semaine (ou presque) pour revivre les grands moments de rugby  autrement, sous ma plume désinvolte et partisane.

Vous pouvez suivre les articles directement sur le blog dédié : mondialrugby2011.canalblog.com/

London calling

« Les Britanniques ont mis un tapis rouge pour les athlètes français pour gagner des médailles. Je les en remercie beaucoup, mais la compétition n’est pas terminée. »
« C’est le résultat de l’Europe qui va compter. On mettra les médailles françaises dans l’escarcelle de l’Europe, comme ça les Britanniques seront contents d’être européens. »

Le 30 juillet dernier, alors que Paris voyait défiler les allemands, en culottes courtes, sur les rives de la Seine, claquant leurs tongs sur les palettes en bois qui ornent la plage de leur débarquement, armés de glaces Berthillon, notre président de la république tentait, lui, d’entrer à son tour dans l’histoire en s’initiant au fameux appel de Londres, sur fond de clash avec son allié anglais, telle une épreuve de Gymnastique sur tapis rouge avec figures de style imposées. (Hou ! … Soufflez !)

Oui mais Hollande n’est pas De Gaulle !

Alors qu’il appelait les anglais, ce lundi-là, trois jours après l’ouverture des jeux olympiques dans la capitale britannique, marquée par une cérémonie dont le spectacle a déjà époustouflé le monde entier, méritant sans conteste une première médaille d’or pour son réalisateur Danny Boyle, alors que notre président appelait ce lundi-là, les britanniques à s’unir avec l’Europe dans la guerre financière mondiale qui les assaille, imageant avec la malchance qui semblait les gagner dans leurs propres jeux, privés alors de médailles, et arguant avec ironie l’aura français et ses 4 médailles d‘or qui pourraient contenter les britanniques dans leur Europe… (attention on retombe sur ses pieds !), voilà que ces derniers répondent encore une fois à leur manière, en faisant cavaliers seuls, ramassant les médailles à la pelle et se plaçant à la troisième place, derrière les Etats-Unis et la Chine, avec 28 médailles d’or, quand la France, redescendue à la septième place, n’en compte à ce jour que 10, et c’est déjà une performance. (Ouh ! … soufflez à nouveau !)

Si c’est le résultat de l’Europe qui va compter, monsieur le président, il semble que cette dernière devra surtout compter sur les britanniques pour briller d’or devant les américains et les chinois.

Et pas sûr que demain les anglais soient plus Euro qu’avant. Mais aujourd’hui ils n’en sont pas moins heureux, c’est sûr !

En tout cas, l’appel semble avoir été entendu !  (Révérence ! )

(Une phrase, une figure, des mots, du souffle et des muscles ! … C’est ça la gymnastique de l’écriture ! )

Je n’ai jamais d’idée…

António Lobos Antunes.

Je suis allé à la rencontre* de ses chroniques, comme je suis entré la première fois dans le coeur de l’Alfama, à Lisbonne, errant dans ses rues étroites, sans plan
(on comprend vite que cela s’avère inutile)
sans chercher à me rendre à un point B
(sachant que je serais incapable de vous dire d’où partait le point A).

Et quelle n’a pas été ma surprise, ma stupéfaction même !

devant cette sensation douce et tranquille de se sentir soi, chez soi, où les couleurs, les odeurs des mots vous parlent, vous portent, vous ramènent là où vous ne vous souveniez plus avoir été
– mais je n’y suis jamais allé !
dans l’écriture, dans ce pays, dans cette ville, au milieu de ces âmes vives et vraies, d’un passé qui lui appartient et qui m’appartient soudain, une complicité naissante qui se crée au fil des pages, la même qui m’a submergé depuis ces escadinhas (petits escaliers) dont la septième marche m’ouvrait avec bonheur un bras du Tage, quand la onzième le recouvrait d’une vague de draps blancs pendus à des fenêtres.

Tout se mêle dans ce livre, cris de l’intérieur, odeurs de l’enfance,  couleurs des écrits qui peignent les murs d’une existence. Tous se mêlent, dans ces rues qui ne font qu’une, de ceux qui les regardent, comme moi, et de ce qui ne les regarde pas, surtout. On entend les enfants jouer au loin, la voix chantante d’une Amalià
– Zé ! .. Zé ! … c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
couvrir l’orchestre de la rue, le grillé des sardines vous emplit les narines quand un vent de lessive l’emporte aussitôt au large du fleuve de paille.

Oui, on peut dire que j’ai aimé ses chroniques,

son style, sa perception de l’écriture, et notamment de la page blanche, point de rencontre de tout écrivain ou écriveur en vain, comme ici au Blog-Café, avec les premiers mots, l’inspiration, un rendez-vous avec l’histoire, avec un petit h et qui finit souvent avec un grand euh…

Pas de panique, en bon chasseur de mots, d’idées, assis, à attendre le gibier, laissez-le venir à vous. C’est ce qu’António nous livre dans sa « chronique pour ceux qui aiment les histoires de safari » :

« Je n’ai jamais d’idée, commence-t-il ;

je me limite à attendre le premier mot, celui qui entraîne les autres derrière lui. Il y a des fois où il vient tout de suite, et d’autres où il met des siècles. C’est comme chasser des antilopes sur la rive du fleuve : on reste adossé à un tronc jusqu’à ce qu’elles arrivent, en silence, sans parler. Et voilà qu’un petit bruit s’approche : la chronique, méfiante, regarde de tous côtés, avance d’un rien la patte d’une phrase, prête à se sauver à la moindre distraction, au moindre bruit. Au début, on la voit à peine, cachée dans le feuillage d’autres phrases, de romans écrits par nous ou par d’autres, de souvenirs, d’imaginations. Puis elle devient de plus en plus nette quand elle s’approche de l’eau du papier, qu’elle prend de l’assurance, et la voilà, toute entière, qui penche le cou en direction de la page, prête à boire. C’est le moment de viser soigneusement avec son stylo-bille, en cherchant un point vital, la tête, le cœur
(notre tête, notre cœur)
et quand nous sommes sûrs de bien avoir la tête et le cœur dans la mire, de tirer : la chronique tombe devant nos doigts, on dispose ses pattes et ses cornes de façon à ce qu’elle soit présentable
(ne pas en faire trop, pour que l’attitude ne soit pas artificielle)
et on l’envoie à la revue. »

Juste… limpide. Des mots sauvages, chassés dans la brousse de notre imagination ou des mots d’élevage, en batterie, soigneusement sélectionnés pour alimenter une production de best-sellers. Ma caricature est facile mais tellement claire dans mon esprit qui rejoint cette pensée que j’adore
(et je finirai cette chronique naissante là-dessus)

« Comment ça le roman portugais, ou américain, ou espagnol. Cessez de dire des bêtises :

les seuls livres qui peuvent devenir bons
(et ce n’est jamais certain)
sont ceux dont on a la certitude qu’on n’est pas capable de les écrire »

(extrait de la chronique « Explication aux béotiens »)

Je vous laisse méditer là dessus, en vous invitant sur une page blanche, si vous aimez les histoires de safari, bien sûr !

(*) Merci Pascal !