London calling

« Les Britanniques ont mis un tapis rouge pour les athlètes français pour gagner des médailles. Je les en remercie beaucoup, mais la compétition n’est pas terminée. »
« C’est le résultat de l’Europe qui va compter. On mettra les médailles françaises dans l’escarcelle de l’Europe, comme ça les Britanniques seront contents d’être européens. »

Le 30 juillet dernier, alors que Paris voyait défiler les allemands, en culottes courtes, sur les rives de la Seine, claquant leurs tongs sur les palettes en bois qui ornent la plage de leur débarquement, armés de glaces Berthillon, notre président de la république tentait, lui, d’entrer à son tour dans l’histoire en s’initiant au fameux appel de Londres, sur fond de clash avec son allié anglais, telle une épreuve de Gymnastique sur tapis rouge avec figures de style imposées. (Hou ! … Soufflez !)

Oui mais Hollande n’est pas De Gaulle !

Alors qu’il appelait les anglais, ce lundi-là, trois jours après l’ouverture des jeux olympiques dans la capitale britannique, marquée par une cérémonie dont le spectacle a déjà époustouflé le monde entier, méritant sans conteste une première médaille d’or pour son réalisateur Danny Boyle, alors que notre président appelait ce lundi-là, les britanniques à s’unir avec l’Europe dans la guerre financière mondiale qui les assaille, imageant avec la malchance qui semblait les gagner dans leurs propres jeux, privés alors de médailles, et arguant avec ironie l’aura français et ses 4 médailles d‘or qui pourraient contenter les britanniques dans leur Europe… (attention on retombe sur ses pieds !), voilà que ces derniers répondent encore une fois à leur manière, en faisant cavaliers seuls, ramassant les médailles à la pelle et se plaçant à la troisième place, derrière les Etats-Unis et la Chine, avec 28 médailles d’or, quand la France, redescendue à la septième place, n’en compte à ce jour que 10, et c’est déjà une performance. (Ouh ! … soufflez à nouveau !)

Si c’est le résultat de l’Europe qui va compter, monsieur le président, il semble que cette dernière devra surtout compter sur les britanniques pour briller d’or devant les américains et les chinois.

Et pas sûr que demain les anglais soient plus Euro qu’avant. Mais aujourd’hui ils n’en sont pas moins heureux, c’est sûr !

En tout cas, l’appel semble avoir été entendu !  (Révérence ! )

(Une phrase, une figure, des mots, du souffle et des muscles ! … C’est ça la gymnastique de l’écriture ! )

Je n’ai jamais d’idée…

António Lobos Antunes.

Je suis allé à la rencontre* de ses chroniques, comme je suis entré la première fois dans le coeur de l’Alfama, à Lisbonne, errant dans ses rues étroites, sans plan
(on comprend vite que cela s’avère inutile)
sans chercher à me rendre à un point B
(sachant que je serais incapable de vous dire d’où partait le point A).

Et quelle n’a pas été ma surprise, ma stupéfaction même !

devant cette sensation douce et tranquille de se sentir soi, chez soi, où les couleurs, les odeurs des mots vous parlent, vous portent, vous ramènent là où vous ne vous souveniez plus avoir été
– mais je n’y suis jamais allé !
dans l’écriture, dans ce pays, dans cette ville, au milieu de ces âmes vives et vraies, d’un passé qui lui appartient et qui m’appartient soudain, une complicité naissante qui se crée au fil des pages, la même qui m’a submergé depuis ces escadinhas (petits escaliers) dont la septième marche m’ouvrait avec bonheur un bras du Tage, quand la onzième le recouvrait d’une vague de draps blancs pendus à des fenêtres.

Tout se mêle dans ce livre, cris de l’intérieur, odeurs de l’enfance,  couleurs des écrits qui peignent les murs d’une existence. Tous se mêlent, dans ces rues qui ne font qu’une, de ceux qui les regardent, comme moi, et de ce qui ne les regarde pas, surtout. On entend les enfants jouer au loin, la voix chantante d’une Amalià
– Zé ! .. Zé ! … c’est pour aujourd’hui ou pour demain ?
couvrir l’orchestre de la rue, le grillé des sardines vous emplit les narines quand un vent de lessive l’emporte aussitôt au large du fleuve de paille.

Oui, on peut dire que j’ai aimé ses chroniques,

son style, sa perception de l’écriture, et notamment de la page blanche, point de rencontre de tout écrivain ou écriveur en vain, comme ici au Blog-Café, avec les premiers mots, l’inspiration, un rendez-vous avec l’histoire, avec un petit h et qui finit souvent avec un grand euh…

Pas de panique, en bon chasseur de mots, d’idées, assis, à attendre le gibier, laissez-le venir à vous. C’est ce qu’António nous livre dans sa « chronique pour ceux qui aiment les histoires de safari » :

« Je n’ai jamais d’idée, commence-t-il ;

je me limite à attendre le premier mot, celui qui entraîne les autres derrière lui. Il y a des fois où il vient tout de suite, et d’autres où il met des siècles. C’est comme chasser des antilopes sur la rive du fleuve : on reste adossé à un tronc jusqu’à ce qu’elles arrivent, en silence, sans parler. Et voilà qu’un petit bruit s’approche : la chronique, méfiante, regarde de tous côtés, avance d’un rien la patte d’une phrase, prête à se sauver à la moindre distraction, au moindre bruit. Au début, on la voit à peine, cachée dans le feuillage d’autres phrases, de romans écrits par nous ou par d’autres, de souvenirs, d’imaginations. Puis elle devient de plus en plus nette quand elle s’approche de l’eau du papier, qu’elle prend de l’assurance, et la voilà, toute entière, qui penche le cou en direction de la page, prête à boire. C’est le moment de viser soigneusement avec son stylo-bille, en cherchant un point vital, la tête, le cœur
(notre tête, notre cœur)
et quand nous sommes sûrs de bien avoir la tête et le cœur dans la mire, de tirer : la chronique tombe devant nos doigts, on dispose ses pattes et ses cornes de façon à ce qu’elle soit présentable
(ne pas en faire trop, pour que l’attitude ne soit pas artificielle)
et on l’envoie à la revue. »

Juste… limpide. Des mots sauvages, chassés dans la brousse de notre imagination ou des mots d’élevage, en batterie, soigneusement sélectionnés pour alimenter une production de best-sellers. Ma caricature est facile mais tellement claire dans mon esprit qui rejoint cette pensée que j’adore
(et je finirai cette chronique naissante là-dessus)

« Comment ça le roman portugais, ou américain, ou espagnol. Cessez de dire des bêtises :

les seuls livres qui peuvent devenir bons
(et ce n’est jamais certain)
sont ceux dont on a la certitude qu’on n’est pas capable de les écrire »

(extrait de la chronique « Explication aux béotiens »)

Je vous laisse méditer là dessus, en vous invitant sur une page blanche, si vous aimez les histoires de safari, bien sûr !

(*) Merci Pascal !
 

Marie et femme (fin)

Petite fable de moeurs contemporaine… en six épisodes


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5ème épisode…

Simon ne rentra qu’au petit matin.

Sarah avait fini par s’endormir sur le canapé, d’épuisement d’avoir trop pleuré. Elle y était prostrée, comme si son mari avait abusé d’elle, meurtrie dans son cœur, souillée dans son amour propre. Quand elle se réveilla, elle comprit qu’elle n’avait pas rêvé et se remit à sangloter. La veille, elle n’avait pas eu la force d’appeler sa sœur. Et pour lui dire quoi ?

Elle ne savait plus quoi penser, ni ce qui l’attendait vraiment à l’hôtel.

Tout cela était invraisemblable et pourtant si réel.

Enfin calmée, elle appela l’école pour prévenir de son absence, prétextant être souffrante. Puis ce fut le tour de Marie alors que Simon semblait se reposer dans leur chambre.
Sa sœur l’écoutait pleurer sans rien dire. Elle savait, elle, ce qui attendait Sarah.
Si elle se taisait, c’était parce qu’elle l’avait voulue cette issue ignoble.

« Elle s’en remettra. »

Comme quand elles étaient ados, Marie se souvenait.
Elles en avaient usés de ces petits coups de « salopes », comme elles aimaient les appeler. Leur but ? Casser l’idylle de l’autre quand il commençait à durer.
À l’époque, elles ne supportaient pas d’être séparées trop longtemps.
Seulement aujourd’hui elles étaient grandes, des femmes et des mères responsables.
L’idée avait germé dans la tête de Marie dès qu’elle sût qu’elle allait perdre Mathias.
Elle ne voulait pas rester seule. Ces injustices les rapprocheraient. Elles élèveraient leurs enfants ensemble, laissant les frères Gaspard filer avec leur lâcheté entre les jambes.

« Courage, sœurette ! … Je ne veux rien savoir…
Mais sache, toi, que jamais je ne t’en voudrai de quoi que ce soit !
– Mais ce n’est pas moi, Marie ! »

Quand elles raccrochèrent, Simon attendait dans le corridor, habillé et pas rasé.

« On y va ? »

Sarah découvrait l’hôtel pour la première fois.
En entrant, un jeune homme lui sourit comme s’il la connaissait.
Il regarda ensuite Simon avec un air complice.

« Cela faisait longtemps, monsieur Gaspard.
Vous avez de la chance, la dix-sept est prête.
D’habitude on ne libère pas les chambres si tôt. »

Simon interrompit le réceptionniste qui n’était pas celui de la veille.

«  Nous ne venons pas pour une chambre. J’aurais aimé revoir l’extrait de la vidéo que m’a montré hier votre collègue. Est-il là, ce matin ?
– Ah, m’sieur Robert ! c’est l’patron. Il ne reviendra que vers treize heures, je suis désolé. Si vous voulez bien repasser à ce moment-là, monsieur Gaspard.
– Je ne suis pas… oh, peu importe ! … Cette femme est-elle déjà venue ici ? lui demanda Simon en désignant Sarah. »

La présumée coupable se sentait comme dans un tribunal face à un procureur impitoyable, prêt à tout pour la confondre, quitte à l’humilier.

« Je ne comprends pas, répondit l’employé. Vous voulez dire, heu, sans vous ?
– Je ne suis que le frère jumeau de son amant. Est-ce que vous comprenez mieux la situation, maintenant ?
– Bah… heu… »

Ce couple était décidément aussi bizarre que libertin. Quand la femme éclata en sanglots.

« Je ne suis jamais venue ici. Vous devez confondre avec une autre ! »

À quoi jouaient-ils, pensa le réceptionniste ?

« Une autre qui te ressemblerait comme deux gouttes d’eau, peut-être ?
la provoqua le procureur général.
– Je n’en sais rien… et pourquoi pas, puisque ce n’était pas moi ? »

Simon saisit violemment le bras de sa femme.

« Tu te fous de moi ? Ta sœur viendrait ici en cachette retrouver mon frère ? Tu entends comme tu es grotesque ?
– Heu… sa sœur ? … votre frère ? »

Le jeune homme était définitivement largué.

« Je n’sais pas, mais ce n’était pas moi, j’te jure ! Pourquoi me harcèles-tu ? »

Et les larmes coulèrent de plus belle. Simon en eut assez.

« Viens, on rentre ! … Merci monsieur. Désolé pour le dérangement ! »

Il la déposa devant leur appartement, Quai Bourbon, et disparut de nouveau.
Il ne revint que le lendemain pour prendre ses affaires et quitter le domicile conjugal. Définitivement.

« Je demande le divorce. »

Au bout de trois jours, Sarah décida d’affronter sa sœur, pour comprendre.
Cette dernière ne s’expliquait pas non plus cette situation étrange.
Effectivement, si ce n’était pas Sarah dans la vidéo, cela ne pouvait être qu’elle.
Mais elle lui assura que non. C’était absurde !
Quelqu’un semblait les manipuler. Mais qui et pourquoi ?
Elle laissa s’installer le trouble dans la tête de Sarah qui était plutôt naïve de nature.
Et tout ce que disait sa sœur était parole d’évangile, depuis leur enfance.
Marie n’eut aucun mal à gagner sa confiance. Elle lui proposa d’emménager avec elle et les enfants dans leur villa de Jouy-en-Josas, la maison était assez grande. Sarah accepta, laissant l’appartement du Quai Bourbon à Simon, dans un commun accord.

Puis vint ce jour où Marie se rendit chez Simon pour récupérer quelques affaires, à la demande de sa sœur. Après avoir bu le thé ensemble, pareil à ce matin à l’origine des imbroglios, son beau-frère lui proposa de la revoir le lendemain, pour dîner. Il avait besoin de parler. Il se sentait proche d’elle du fait qu’il la considérait en victime comme lui. Marie, bien que très surprise, accepta. Avec une idée derrière la tête.

« Dix-neuf heures trente, à la Petite Auberge ? C’est juste en face de l’…
– Tu ne vas pas me refaire le coup une deuxième fois, Simon.
– Chez Bofinger, à Bastille, sinon ?
– Et pourquoi pas ici ? Quelques petits fours d’un traiteur et une bonne bouteille m’iront très bien.
– Parfait… heu, ça m’ira aussi… À demain ! »

Marie ne dit rien à Sarah. Elle arriva chez Simon le lendemain, vers vingt-heures trente.
Une heure de retard, juste pour qu’il s’impatiente, c’était sa vengeance.
La soirée passa, très courtoisement, de petits fours en confidences.
Quand, une bouteille de Clos Vougeot 1976 plus loin, Marie se laissa embrasser par Simon qui la désirait ardemment. Elle n’en espérait pas tant.
Enfin ! il s’ouvrait à elle, comme ce bon vieux pinard de Bourgogne, resté bien trop longtemps en cave. Mais elle n’en but qu’une gorgée, gardant le reste pour plus tard.
Le meilleur. Elle prétexta que ce n’était pas correct vis-à-vis de sa sœur.
En fait, elle jubilait de voir les rôles s’inverser. Il acquiesça, encore plus excité.

Dès le dîner suivant, à peine Simon avait-il débouché un Romanée-Conti 1990 qu’ils firent l’amour sur le tapis du salon, sans autre préliminaire, laissant tout le temps au précieux vin de décanter sur la petite table avec deux verres encore pleins. Marie ne rentra qu’au petit matin, expliquant à sa sœur qu’elle avait peut-être rencontré quelqu’un, mais ce n’était pas assez sérieux pour qu’elle le lui présentât. Sarah admirait Marie, bien plus libre et dévergondée qu’elle. Jamais elle n’oserait sortir avec un autre homme après sa rupture avec Simon. Et encore moins juste pour… faire l’amour.

« Bai-ser ! Est-ce que tu peux essayer de le dire rien qu’une fois, sœurette ? »

Marie s’était créé un personnage de femme moderne, libérée, la trentaine assumée, avec ses armes à séduction massive. Sarah, elle, restait dans le modèle de leur mère, vieux jeu, catholique pratiquante, la femme d’un seul homme qu’elle n’arrivait pas à oublier : Simon.

Seulement, la relation avec son ex-beau-frère allait très vite décevoir Marie.

Si le poète-musicien connaissait sur le bout des doigts sa grammaire et ses gammes, elle ne pouvait pas en dire autant sur le plaisir des femmes. Certes, plus sensible et rieur que Mathias, elle avait malheureusement retrouvé en lui le côté routinier de son ex-mari à, ses débuts, avant leur explosive relation extra-conjugale. Cela venait sans doute de leur éducation bourgeoise très stricte. Sauf que l’un des Gaspard s’était émancipé, pas l’autre.

Au bout de quelques temps, Marie espaça ses rendez-vous avec Simon.
Ils parlaient plus qu’ils ne baisaient. Leurs ébats se réduisaient à peau de chagrin, par manque de créativité dont souffraient déjà ses écrits, aussi plats.
Jusqu’au jour où il lui suggéra de vivre ensemble.

« Il faudra bien un jour le dire à Sarah. »

Marie tomba des nues en se rhabillant.

« Tu n’es pas sérieux, Simon ! … Jamais je ne pourrais lui faire ça.
Passe-moi mon soutien-gorge, là sous ton pantalon ! »

Elle flaira à nouveau le danger, le même que ce jour où Mathias, à l’hôtel, lui avait annoncée qu’il voulait quitter sa femme pour elle. Cette fois, il lui fallait agir, et vite.

Le destin allait lui en donnait l’occasion.


6ème épisode…

Marie dorait au soleil sur la terrasse, dans sa villa de Jouy-en-Josas, quand Sarah débarqua. Elle semblait contrariée.

« J’ai déjeuné avec Mathias, ce midi. »

Depuis qu’elle avait emménagé dans la banlieue parisienne, l’institutrice avait fait prolonger son arrêt maladie (pour surmenage) jusqu’à la rentrée prochaine où l’attendait sa nouvelle affectation dans une école maternelle à Bièvres. Après une période sombre où elle ne quittait quasiment pas son lit, elle s’était ressaisie, passant ses journées dans le parc de Versailles et les musées de Paris. Marie, prise par ses escapades nocturnes chez Simon, ne la voyait pratiquement plus.

« Ah ? … et vous vous voyez souvent ? »

Il y avait comme une pointe de jalousie dans le ton de Marie qui les surprit, autant l’une que l’autre. Sarah ôta aussitôt sa sœur du moindre doute.

« Oh non ! c’était la première fois. Comme j’en avais marre de ses sms et ses coups de fil, j’ai voulu mettre les points sur les i.
– Et alors ?
– Bah voilà, c’est fait. Je lui ai dit que je n’avais aucune attirance pour lui. Bien au contraire… Il s’est vexé puis fâché.
– Tiens donc ! »

Marie éprouvait une satisfaction intérieure à retrouver le mauvais caractère de son mari. Du plaisir aussi, à repenser à l’autre en lui. Sarah poursuivit.

« Je lui ai dit que si ce qu’il t’avait fait ne me regardait pas, cela avait fini par détruire nos deux familles. Là, il s’est emporté.
– Ah !
– Mais ce n’est pas le plus grave.
– …
– Il m’a dit cette chose terrible.
– Quoi donc ?
– Que c’était bien toi à l’hôtel !
– Il… il t’a dit ça ? »

Marie ne put se retenir de sourire. Tout son corps en elle semblait vouloir répondre d’une seule voix : « et comment ! ». Mais elle se tut et laissa sa sœur terminer.

« Oui, il m’a raconté comment il s’était mépris au début, pensant que j’étais venue à son rendez-vous. Jusqu’au jour où il a découvert la vérité qui l’a poussé à demander le divorce.
– Il t’a vraiment dit ça ?
– Au début, je ne l’ai pas cru. Et puis, il m’a dit :
« quelle autre explication, Sarah ? Réfléchis ! »
– Et tu le crois maintenant, c’est ça ?

– Quelle autre explication, Marie ? »

Marie n’avait pas le cœur à fomenter ses mensonges. Elle décida de tout dire. À sa façon.
Oui, elle avait pensé que Simon serait venu ce premier jour. Oui, elle s’était rendue compte que ce n’était pas lui, mais Mathias. Oui, elle avait maintenu la relation parce que ce n’était pas le mari qu’elle côtoyait tous les jours.

« Si tu savais, Sarah, c’était comme un autre homme dans le même corps.
Un amant exceptionnel, formidable, attentionné, sensuel, expert en la matière. Il se transcendait parce qu’il était amoureux… De toi, je le sais, mais c’était moi qu’il baisait, avec une fougue, une force et une tendresse à la fois. C’était exquis, je n’ai pu m’en passer après, égoïstement… Tu m’connais, c’est comme avec le chocolat…
– Tais-toi ! … Tu m’écœures !
– Non, Sarah, il s’agit de cul oui, mais d’amour aussi.
Celui qu’il te portait comme celui que je pensais avoir pour Simon.
C’est l’amour qui a créé l’étincelle, le reste s’est consumé à petits feux, une fois par semaine, dans cette chambre d’hôtel, on était heureux…
– …
– Jusqu’à ce que ses sentiments découvrent la tromperie. Argh ! …
Pourquoi un homme ne peut-il pas aimer juste avec son cœur et ses sens plutôt qu’avec sa tête et ses obsessions ? »

Sarah était partagée entre le dégoût que lui suscitaient les propos de sa sœur et l’admiration qu’elle lui vouait.

«  Pardonne-moi, dit-elle, c’est toi qui as raison. J’crois au fond que j’t’envie.
– De quoi ? … j’ai tout perdu !
– D’être toi, d’avoir vécu tout ça… j’en suis si éloignée… »

Les deux sœurs s’étreignirent, quand les enfants surgirent de nulle part.

« On veut goûter ! … On veut goûter ! »

Le soir même Marie eut une idée, aussi simple que géniale.

« Et si on récupérait nos maris en leur offrant ce qu’ils veulent ?
– Quoi ?
– Les sœurs de leurs femmes ! »

Simon voulait Marie qui désirait Mathias.
Mathias désirait Sarah qui ne voulait que Simon.

«  Tu veux dire que je me fasse passer pour toi et toi pour moi ?
– Tu vois, quand tu veux, tu comprends vite, sœurette.
– Quel plan as-tu derrière la tête ?
– Il faut parvenir à les garder dans une relation secrète aussi longtemps que l’on pourra car une fois satisfaits, leur instinct mâle les poussera à nous séquestrer dans une relation conjugale normale.
– Et alors, ça ne me gênerait pas…
– Toi, peut-être, mais lui ne te le pardonnera pas dès que les enfants lui auront révélé que tu n’es pas moi.
– Tu as raison, que je suis bête ! Comment faire alors ?
– Comme font les hommes avec leurs maîtresses. Tu promets, un jour, bientôt, mais pour l’instant c’est trop douloureux, vous ne pouvez pas faire ça à ta sœur, son ex-femme ! elle ne s’en remettrait pas. Joue sur la culpabilité ! Ils tiennent des années comme ça…

On n’est pas plus connes qu’eux !

– C’est diabolique !
– Peut-être, mais ce n’est pas nous qui avons inventé ce jeu.
Demain, j’ai rendez-vous avec Simon. Vas-y, toi ! … et joue mon rôle à fond !
– Mais… je ne suis pas sûr de pouvoir.
– Fais un effort. Dévergonde-toi ! C’est le moment ou jamais.
Tu verras, tu redécouvriras ton homme…
Et tu auras l’occasion d’être comme tu m’enviais tout à l’heure.
– Et toi ?
– Je resterai là, après que tu auras envoyé un sms à Mathias, comme quoi tu l’attends, tu voudrais lui parler, t’excuser même, pourquoi pas ?
Je m’occupe du reste.
– Tu es folle, Marie… génialement folle !
– Tu te souviens du petit Quentin en quatrième B ?
– Oui…
– Ça a marché ou ça n’a pas marché ?
– Oh oui ! »

Quentin, son premier baiser, si elle s’en souvenait !

Marie avait toujours été le fil conducteur de la vie amoureuse de Sarah, depuis l’enfance, comme la grande sœur qu’elle était, avec ses quelques minutes d’avance.
N’était-ce pas elle qui l’avait présentée à Simon ?
Ce soir-là, Sarah admirait plus encore sa sœur.
Elle lui sauta au cou et l’étreignit si fort que Marie crut étouffer.

« Je t’aime je t’aime je t’aime !
– Hé ho ! doucement sœurette ! … gardes-en pour ton homme ! »

La vie reprit son cours,
le plus extra-conjugalement du monde.
Les enfants en gardes alternées,
les amants en rendez-vous planifiés.
Chez Simon, chaque mardi soir, pour la fausse Marie ;
À l’hôtel des Coquelicots, pour le sosie de Sarah,
le mercredi après-midi ;
Mais plus jamais l’hôtel Émile !
Quelques week-ends aussi, parfois prolongés,
à Florence, Barcelone,
Amsterdam, New York et Lisbonne.

Elles éprouvaient leurs amours autant que leurs amants, attentionnés, sensuels, experts en la matière, dans les chambres d’hôtels, les wagons couchettes, les plages désertes, les cabines d’essayage ou de téléphérique.

Deux ans de bonheur durant lesquels leurs maris leur étaient dévoués corps et âme.
À chaque fois, de retour à Jouy-en-Josas, elles se racontaient leurs voyages et leurs ébats. Elles en riaient, se testaient, se lançaient même des défis. Tout aurait pu continuer aussi parfaitement que la ressemblance de leurs traits, aussi implacablement que deux et deux font quatre. Seulement un jour…

***

Depuis leur sortie de l’hôtel des Coquelicots, Marie et Mathias ne parvenaient plus à se séparer, se bécotant sans cesse. Ils marchaient, enlacés sur le parvis de Notre-Dame, tels des amants de Doisneau. Le ciel de Paris était d’un bleu pur magnifique. Rien n’aurait pu gâcher cet instant, à part peut-être une météorite.

« Mamaaaan ! Papaaa ! »

Un fragment de voix claire et stridente venait d’embraser l’air.
En une fraction de seconde le monde sembla s’écrouler sous leurs pieds.
Comment Marie aurait-elle pu deviner que la sortie scolaire de leur fille Lana passerait par ce parvis, à cet instant-ci ? Mathias lâcha aussitôt la taille de Sarah, voyant Lana courir dans leur direction. Comme trois ans auparavant, le père s’apprêtait à expliquer la situation à sa fille, mais celle-ci le devança, se jetant dans les bras de Marie.

« Mamaaan ! C’est vrai alors, vous allez vous remettre ensemble ? »

Elle avait dit « maman ».


FIN

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Marie et femme (suite)

Petite fable de moeurs contemporaine… en six épisodes


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.

Au bout de quelques mois, Marie parvint à dissocier les deux hommes en Mathias.

Physiquement. Comme un troisième jumeau des frères Gaspard. Et comme il la prenait pour sa sœur, elle n’avait plus aucune honte, plus aucun tabou sur le plan sexuel. C’était l’extase totale. Suffisamment pour rendre fou un homme.

Et ce qui devait arriver arriva.

« Je veux quitter Marie pour vivre avec toi ! »

Marie était sur le cul. C’était le cas de le dire, la tête posée sur le postérieur de son amant de mari, renfilant la culotte de dentelle qu’elle venait de s’offrir pour l’occasion tandis que Mathias, allongé sur le côté et lui tournant le dos, se rongeait les sangs des pensées qui le submergeaient. Marie bondit hors du lit, finissant de remonter le bas de ses dessous.

« Tu n’es pas sérieux, Mathias ! Passe-moi mon soutien-gorge sur la table ! »

Cette voix, ce ton sec, c’était incroyable.
Comme si Marie venait de se glisser dans le corps de Sarah.
Elles se ressemblaient comme deux gouttes d’eau, certes… Mais là !
Il aurait juré que c’était elle. Marie s’en rendit compte et se ressaisit aussitôt.
Elle changea de ton et de petit nom pour son Roméo.

« Mon amour, c’est si soudain…
Oh, comme j’aimerais aussi pouvoir être avec toi chaque jour,
jusqu’au petit matin. Ce n’est pas si simple ! »

Puis elle l’embrassa dans le cou tout en étendant son bras pour attraper son haut de dessous pendu sur la lampe de chevet. Mathias fut rassuré. Il prit Sarah, qui n’était pas Sarah, dans ses bras, pensant à Marie à qui il croyait faire du mal alors que celle-ci, dans les bras de son amant, tentait d’oublier que cet homme qui lui faisait tant de bien n’était autre que son mari.

Les jours suivants, Mathias avait du mal à regarder Marie en face. Si elle n’avait pas été complice de son secret, elle l’aurait aussitôt soupçonné de la tromper avec une autre.
Ils ne faisaient plus l’amour en dehors de leur liaison adultère.
Mathias n’était pas tranquille, il ne supportait plus d’être à la maison.
Il appelait Sarah sur son portable, lui envoyait des sms et des mails alors qu’elle le lui avait formellement interdit à l’hôtel. Il ne supportait pas qu’elle ne lui réponde pas.
Marie voyait bien que la situation ne pouvait plus durer ainsi, son mari allait péter les plombs et lui annoncer l’absurde. Mais que faire ?

Elle risquait peut-être bien de perdre les deux.

Arrivèrent alors les grandes vacances.
Une semaine dans la maison de campagne des Gaspard, un manoir du dix-neuvième à Veules-les-Roses en Haute-Normandie. Tous ensemble.
Mathias avait insisté pour maintenir cette semaine commune avec sa belle-sœur.
Marie ne put faire autrement, les enfants réclamant à cœur et à cris leurs cousins.
Les premiers jours, Sarah fuyait Mathias qui continuait de la harceler.

« Pourquoi m’évites-tu ?
– Je te l’ai déjà dit, Mathias !
– Je ne te comprends pas. Tu es si différente à l’hôtel.
– C’est moi qui ne te comprends pas.
Cesse s’il te plaît avec ce délire d’hôtel, une bonne fois pour toutes !
Ou je dis tout à Simon… et à Marie !
– On dirait que tu joues avec moi, là…
Ou je ne sais pas, peut-être tu n’assumes pas.
– Stop, Mathias ! … Je regrette de t’avoir émoustillé. Je n’aurais pas dû.
Mais j’ai toujours été claire. J’aime Simon et je n’ai pas l’intention de le tromper. Alors, laisse-moi tranquille s’il te plait !
– Tu appelles ça, m’émoustiller ??? Mais…
– STOP ! »

La situation se compliquait. Marie tentait de l’ignorer. Elle s’occupait des enfants, des courses et des repas, attendant patiemment que la semaine et les vacances arrivent à leurs termes, qu’elle retrouve enfin une vie extra-conjugale normale.

Quand le jeudi matin, des circonstances inattendues allaient chambouler leur train-train quotidien. Marie avait prévu d’aller au marché. Lorsque Mathias se leva, il la vit par la fenêtre discuter avec Simon qui revenait de son footing. Il les observa et comprit que son frère se proposait de l’accompagner. Ce dernier affectionnait ces lieux de brassage de braves gens et de bons verbes d’où il puisait ses brèves de marché qu’il notait dans un carnet. Ils empruntèrent à pied le chemin qui menait au village et disparurent au loin. Mathias sauta aussitôt de son lit, une idée en tête. Il passa devant la chambre de Sarah en foutoir, mais vide. Elle était donc levée. En passant devant la salle de bains, il s’aperçut que la porte était entrouverte. Après un moment d’hésitation il la poussa et reconnut le dos parfait de sa maîtresse. Il avança. Sarah blêmit sans oser bouger. Il l’enlaça par-derrière et l’embrassa dans le cou. Elle frémit avec un léger soupir qui invita l’amant à poursuivre son élan, à sa grande surprise. Elle ne le repoussait plus. Il ne la comprenait décidément pas.

« Ah, les femmes ! » pensa-t-il.

Elle se retourna, elle était nue, plus belle et désirable encore qu’à l’hôtel.

Il la connaissait par cœur.

La suite fut une répétition supplémentaire de leur récital amoureux. Vingt minutes d’ébats torrides qui les laissèrent en sueur sur le tapis de la salle de bains. Quand ils reprirent leurs esprits, enchevêtrés l’un sur l’autre, quelle ne fut pas leur surprise de voir la petite Lana, du haut de ses cinq ans, les yeux écarquillés, tenant son doudou dans une main et suçant son pouce de l’autre. Mathias, le premier gêné devant sa fille, prit une grande serviette et couvrit ce qu’il put des parties impudiques des deux adultes.

« Lana, sors de cette salle de bain, s’il te plaît !
Je … Ce n’est pas… Retourne dans ta chambre !
Je ne t’ai pas autorisée à te lever… »

Mathias afficha son autorité à défaut d’une explication.
Lana baissa la tête et s’approcha de Sarah en se dodelinant avec malice.

« Maman, je peux m’lever, chi’te-plaît ?…
Tu m’as dit que tu m’amèn’ras au ma’ché. »

La mère se leva, embrassa sa fille, enfila un peignoir et conduit la fillette hors du lieu du crime. Elle ferma la porte laissant Mathias seul face à sa stupéfaction.

Elle avait dit « maman ».


4ème épisode…

Toujours leurs enfants les avaient reconnus au premier coup d’œil, sans se tromper.

Sarah ne pouvait donc pas être Sarah.

Mathias venait de réaliser l’énormité de ce qui lui arrivait.
Les deux jours suivants, il n’adressa plus la parole à Marie tandis que Sarah et Simon roucoulaient tels des inséparables (les oiseaux), perchés sur leur fidélité.
Quand le dernier soir, dans la chambre du couple libertin, l’orage finit par éclater :

« Tu m’as trompé ! »

Le réquisitoire était absurde, en effet.
Mais Mathias n’en démordait pas. Si sa femme était devenue sa maîtresse c’était parce qu’au départ elle pensait retrouver son frère. La réciprocité de cet argument irréfutable ne le préoccupa guère. Une hypocrisie typiquement masculine. Tout comme le constat d’une réalité qui disculpait tout le monde ne lui suffisait pas.

« Mais puisque c’était moi ! »

C’était là le vrai problème de Mathias. C’était elle et pas Sarah.
Elle incarnait son propre échec amoureux, une usurpation sentimentale. Il la haïssait plus que tout, alors que jusque-là il lui reconnaissait avec compassion les rôles d’épouse et de mère parfaites. Il préférait vivre seul qu’à côté de cette double traîtresse.

« Je veux divorcer. Et le plus tôt sera le mieux. »

Il était décidé, Marie défaite.
Elle n’avait pas d’autre choix que de répondre favorablement à sa requête.
Quand ils rentrèrent à Jouy-en-Josas, elle demanda quelques jours de réflexion.
Deux semaines plus tard, elle posa ses conditions.

« C’est moi qui en fait la demande… Pour adultère, sinon je ne signe pas !
– Pourquoi ? s’étonna Mathias.
– Pour mon honneur de mère et d’épouse. Après tout, je ne t’ai pas trompé.
– Mais moi non plus !
– Alors ne divorçons pas.
– Je ne peux plus vivre à côté de toi, après ça !
– C’est à prendre ou à laisser. Tu acceptes ou je ne signe pas ! »

Mathias accepta et les papiers administratifs furent remplis en quelques heures.
Marie décida d’annoncer elle-même la nouvelle à sa sœur.

« Mais avec qui ?
– Je ne sais pas et je ne veux pas le savoir !
répondit la fausse femme trompée, en pleurs.
– Je le trouvais bizarre aussi ces derniers temps.
– Comment ça ?
– Enfin… Je ne sais pas si je devrais te le dire, mais…
– Quoi ? insista Marie, feignant de ne pas savoir.
– Il m’a fait des avances… Il était plutôt lourd même !
– Ah bon ? … Quelle ordure !
– Mais j’ai refusé, je t’assure.
Il m’a donné rendez-vous une fois à l’hôtel Émile.
Je n’y suis pas allée… Tu me crois, j’espère ?
– L’hôtel Émile ? C’était donc là qu’il l’emmenait… »

Marie pleurait sans forcer car elle était réellement affectée par sa situation.
Sarah était navrée pour sa sœur. Elle en parla aussitôt à Simon.
Celui-ci restait embarrassé. Sans donner raison à son frère, il trouvait l’affliction de sa belle-sœur un peu exagérée après les avances qu’elle lui avait faites.
Seulement il ne pouvait en parler à Sarah sans lui-même se compromettre.
Et ne l’avait-il pas embrassée le premier ?

Un jour qu’il déjeunait avec Mathias, dans son restaurant, il tenta de comprendre ce qui avait poussé son frère à tromper Marie. Mais ce dernier ne pouvait lui avouer la vérité.

« Je ne veux pas en parler, Simon. C’est terminé.
Ce n’était qu’une aventure sans lendemain.
– Je la connais, au moins ?
– …
– …
– Excuse-moi, j’ai ma compta à terminer. »

Mathias laissa son frère sans réponse seul devant son café.
Le silence qui avait suivi sa question intrigua l’écrivain. Et s’il la connaissait ?
Simon se souvenait de l’hôtel Émile, au temps où les deux frères y rabattaient leurs conquêtes de boîtes de nuit qu’ils se partageaient à leur insu. Mathias n’avait alors jamais eu de secret pour lui sur sa vie sentimentale. Il s’y rendit le lendemain par curiosité.
L’hôtel avait bien changé, totalement refait.
Lorsqu’il entra, le réceptionniste le reconnut d’emblée.

« Cela faisait longtemps, monsieur Gaspard !

– Je suis désolé, répondit Simon,
je pense que vous me prenez pour mon frère jumeau.
– Ah ! … Et vous désirez une chambre ?
– En fait, heu… Non… Je… Disons que… Enfin voilà. Mon frère est mourant…
Il est dans le coma !
– Oh !
– Oui, c’est effroyable. Un accident de la route…
– Et… que puis je faire pour vous ?
– Voilà, c’est assez délicat. Je sais qu’il voyait une personne ici en cachette.
Malheureusement je ne la connais pas. Je sais qu’il tenait beaucoup à elle.
Alors si vous aviez quelque information, son nom ou quelque chose…
Hum… Cela… Heu, lui ferait plaisir je crois.
– Je vois. Je ne suis pas du genre à moucharder, mais comme vous êtes son frère tout craché… et dans ces circonstances, je veux bien vous aider.
Malheureusement, je ne connais pas le nom de cette dame.
– Peut-être, pouvez-vous me la décrire ?
– Ah ça oui ! … Mais j’ai mieux.
– Comment ça ?
– Notre caméra de vidéo-surveillance a dû les prendre à l’entrée.
Si vous revenez demain, je me charge de vous passer un extrait.
Avec les dates sur le registre, je devrais vous retrouver ça facilement.
– Je vous remercie infiniment ! »

Simon posa un billet de vingt euros sur le bureau du vieil homme et promit de repasser le lendemain à la même heure. Lorsqu’il s’y présenta à nouveau, il fut estomaqué de voir son frère accompagné d’une femme qui ne pouvait être que Sarah.

C’était donc ça que son frère lui cachait.

« Merci, j’en ai assez vu. »

En rentrant, à pied, Simon se remémorait ce jour où Marie était passée chez lui.
Peut-être se doutait-elle déjà de quelque chose.
C’était pourquoi elle cherchait une consolation. Mais oui !

« Pauvre Marie ! Pauvre con que je suis ! »

Simon avait jugé sa belle-sœur un peu trop vite. Une colère noire le submergea.
Il appela aussitôt un taxi et se rendit au restaurant de son frère, place des Vosges.
Il était onze heures, le premier service se mettait en place.

« Qu’est-ce qui t’amène ? … je croyais que… ».

Mathias n’eut pas le temps de finir sa phrase.
Simon y mit un poing final, en pleine figure.

« T’es qu’un salaud… Une ordure ! »

Mathias bascula en arrière sur le poids de son frère accroché à son col.
Il comprit vite de quoi il en retournait. Il n’eut pas le temps de lui expliquer.
Un second coup l’atteignit derrière l’oreille droite.

« Je ne veux plus te revoir. Tu as brisé mon couple et ma famille ! »

Simon quitta les lieux sans un autre mot, sous les yeux médusés du personnel.
Il était prêt maintenant à affronter les mensonges de son épouse, présumée coupable.

« Je sais tout !

Je suis allé à l’hôtel Émile.
Oui, je t’y ai vue sur la vidéo surveillance…
avec Mathias, bras dessus bras dessous !
Comment as-tu pu me faire ça ?
Tous ces mensonges, cette hypocrisie, à la maison, en Normandie !
Tais-toi ! Je ne veux pas t’entendre, j’en ai assez vu.
Tu n’as pas honte ? Sous mes yeux, ceux des enfants… Devant Dieu !
Et ta sœur ? As-tu si peu de considération pour elle ?
As-tu seulement de la dignité pour toi-même ?
Vous me dégoûtez, toi et mon frère ! »

Chaque phrase était comme un uppercut dans l’estomac de Sarah qui lui remontait en sanglots au fond de la gorge, étouffant chaque syllabe qu’elle tentait de prononcer.

« Comment pouvais-tu te regarder dans la glace chaque matin ?
Comment pouvais-tu m’embrasser chaque soir et me laisser te faire l’amour après vos ignominies à l’hôtel ?
– Je te juuure ! … »

Ces trois mots s’extirpèrent du cœur de Sarah comme des éclats de cristaux de leur amour qu’il venait de briser en petits morceaux. Trois mots qui hurlaient à l’injustice et clamaient une innocence évidente que Simon ne voulait pas voir. Elle aurait voulu qu’il voie, justement, dans ses yeux sa sincérité, qu’il la prenne dans ses bras et la rassure, qu’il comprenne son erreur et cherche à recoller les morceaux.

Seulement un homme jaloux se nourrit d’images qu’ils s’inventent,
dans un mauvais film qui tourne en boucle dans sa tête.

« Demain, nous irons à l’hôtel, et tu verras par toi-même ! » dit-il, claquant la porte d’entrée derrière lui avant de disparaître dans les rues de Paris le reste de la journée.


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Premières pages…

Je suis né sans nom, sans lieu, sans date… sans papiers quoi.

Une idée de mon père avec la complicité de ma mère bien entendu, aussi marginale que lui. On ne naît pas marginal. Moi oui.
Mes parents le sont devenus par la force des évènements. Il faut dire qu’ils vivaient une drôle d’époque. Je suis incapable de vous dire quel âge j’ai, qui sont mes parents que j’ai bien connus, de quelle nationalité je suis… qui je suis dans cette société.

Mes parents, avant de partir, dès que j’ai eu atteint la maturité pour qu’ils puissent le faire, avaient pris les précautions nécessaires pour que je ne les retrouve pas.
Ils ne m’ont pas abandonné. Ils m’ont juste, comme ils disent, déposé sur le chemin de ma condition humaine, de l’universalité de mon être, avec les valeurs qu’ils auront bien voulu m’inculquer pour appréhender le monde dans l’état qu’il est, avec l’espoir sans doute d’être plus heureux qu’eux n’ont pu l’être.

« Respire, sens, vis ! »

Ces trois mots revenaient sans cesse dans mon enfance comme la réponse systématique à toutes les questions que je leur posais.
Mes parents, instituteurs de formation, renvoyés par l’académie de Créteil pour des positions politico-sociales à tendance anarchiques ostentatoires, se sont occupés eux même de mon éducation et de ma scolarité.
Retirés de la société dans une petite commune du Lot et Garonne, ils vivotaient dans une ferme retapée avec quelques illuminés de leur espèce, tous musiciens de surcroît et de survie surtout. Ils étaient bons, en particulier un dont le jeu de guitare enflammait les soirées autour du feu. Son jazz manouche n’avait plus grand-chose à envier à Django tellement Manu lui avait tout piqué.

Et c’est là que je suis arrivé, la boule au ventre de ma mère et les boules dans la gorge de mon père qui en voulait au monde entier, à tous ces gens qui avançaient tels des moutons sans broncher, au gré des gouvernements qui se succédaient en uppercuts gauche, droite qui mettaient chaos une France déjà à terre. Cette terre que mon père se plaisait à ramasser par poignées dans les champs lorsque nous nous promenions et de me dire… Je l’entends encore :

« Tu vois, ça c’est universel. Ca n’appartient à personne »

Et là, inéluctablement, les yeux mouillés de rage, il levait la tête vers le ciel, le soleil, respirait un grand bol d’air. J’avais compris très vite. Dès que j’eus maîtrisé l’expression de notre langue et les mathématiques, pour un petit garçon sans nom, sans identité, l’universalité prenait corps en moi comme le caractère et la personnalité s’affirmaient chez les autres enfants, à une maturité similaire.

Tout le monde au village respectait le choix de vie de mes parents d’autant plus facilement qu’ils ne cherchaient pas à comprendre. Pour autant, il leur semblait impossible de ne pas nous associer à des noms pour la vie en communauté. Mon père avait beau leur expliquer l’universalité dans des discussions interminables, le soir,  autour d’une bouteille de Takin, rien n’y faisait.
Ils s’étaient pourtant mis d’accord à ce que chacun nous appelle comme il voulait. On répondrait ou pas, précisait mon père. Ca amusait la bande qui s’en donnait à cœur joie. Pour Manu, je suis resté Django. C’est le prénom qui m’aura le plus marqué et que je garderai au fond de moi comme la marque de reconnaissance de tout ce qu’il m’aura appris, à la guitare, les petits détails qui font aujourd’hui mon talent, celui-là même qui fait que j’ai la liberté sauve.
Pour d’autres, je suis passé par Chico, Nino, Bello, « mon amour » même, par Mam’ Charlotte comme je l’appelais et dont le visage semblait bien attaqué par les lames d’un temps au fond mauvais.
Entre nous, mon père et ma mère m’appelait par des petits noms comme des titres. Maman c’était « mon bébé » puis « mon petit », papa lui se contentait de « fiston », « gamin », « fainéant » parfois. Entre eux, je les ai surpris à s’appeler par des petits noms affectueux. « ma chérie », « mon cœur » pour mon père alors que maman a lâché une fois un « mon loup » alors que j’étais sensé dormir. Le reste du temps, ils se regardaient et se comprenaient, s’interpellaient tantôt par un « chéri(e) ! », jusqu’au jour où je surpris mon père appeler maman « Didi ». Un diminutif d’un prénom, de l’identité de ma mère sans doute. Jamais je ne saurai et mon père ne s’y est jamais repris.

Mon père s’appelait « Monsieur l’instituteur » ou « maître » pour beaucoup parce qu’il faisait office d’instituteur pour les enfants de la tribu et régulièrement pour les enfants du voyage qui aimaient à passer et repasser par là. Même maman s’amusait à l’appeler par ce titre en classe ou au village.
Parfois ils l’appelaient « le bourru » entre eux ou César, Tito, Salazar pour son côté dominateur dans les discussions, « Le Ché » pour ceux qui adhéraient à ses paroles. Impossible de dire si un prénom lui seyait plus qu’un autre et cela n’était pas pour lui déplaire tant il ne voulait pas s’attacher à l’un ou à l’autre.

Ma mère, elle, parlait peu et on le lui rendait bien. Je ne sais pas si elle avait de petits noms. J’ai le souvenir de n’avoir entendu que « Madame » comme si personne n’osait la froisser. Elle impressionnait, Maman, par son calme sidérant, un sourire mesuré, ni trop, ni pas assez. Elle aidait les femmes aux tâches ménagères qu’on voulait bien lui laisser et aussi mon père dans ses cours.
Ma mère semblait blasée, meurtrie en dedans, sans la moindre envie qui vous tient debout. Et pourtant elle tenait debout. Sans doute était-ce ce voyage qu’elle attendait et auquel elle me préparait depuis toujours.

Le voyage. Le mot me faisait peur, je ne pouvais savoir ce qu’il y avait derrière. Je savais que je n’en ferai pas partie, qu’il fallait que je construise le mien, me disait-elle. Lorsqu’elle mentionnait son nom, elle souriait, les yeux brillants, et me rassurait.

« Mais tu sais, c’est encore très loin. Tu vas encore en voir des pleines lunes avec ta maman »

Jusqu’au jour où le voyage est devenu demain, puis hier, puis il y a bien longtemps.

(ébauche d’une idée originale par Antonio… à suivre… ou pas)
 

Les premières pages sont pour moi les plus belles, les plus excitantes parce qu’elles me surprennent… Les suivantes sont déjà plus déconcertantes, souvent décevantes !

Le plaisir de la page blanche c’est comme la sensation de sauter dans le vide ou de descendre une piste noire. Une fois la peur dépassée, on a envie de voler, de crier, de faire des figures de style…
Une fois en bas de la page, on est tout excité et on n’a envie que d’une chose :

remonter pour sauter ou descendre en haut de la suivante !

Ne laissez pas ce plaisir à d’autres. Tout n’est pas génial dans ce que l’on écrit.

Peu importe, seule la sensation compte !

Matière à écrire…

Tout n’est que matière. La matière est le tout.

« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme » disait Tonio, le chimiste. C’est devenu un leitmotiv au Café de la Page blanche, le big bang de son univers en expansion.

Ah, l’univers ! … Il anime la matière dans son mouvement perpétuel depuis sa création. Dieu ?

Non, nous compliquerions. Pourquoi chercher une explication ?
Toujours la raison, quand il n’y a de place ici que pour le cœur.
L’univers a sans doute ses raisons que la raison humaine ignore.
L’amour, au cœur du mouvement… Mais oui, évidemment !

Pour quoi ?

Pour la matière, ça va de soi ! Sans amour, elle ne peut se mouvoir.
La matière se propulse en aimant, attirée par le mouvement, portée par son élan, elle se gonfle d’énergie, elle fond sous la lumière qui luit, elle se transforme, elle avance, elle danse, elle aime, elle est… elle meut !

Mais elle reste toujours égale à elle-même, à ce tout que l’homme appelle l’univers et dont il ne supporte pas l’idée qu’il puisse lui échapper, ne pas contenir dans ses instruments de mesure. Alors des nanomètres aux années lumières, il se perd dans la démesure.

Un jour, je le mesurerai et je saurai enfin où, quand, qui, quoi, comment et pourquoi.

Déjà, il se passionne dans ses recherches, dans sa quête du savoir, du sacré Graal. Il aime, il avance, poussé par son élan, il transforme le monde sous ses pieds, il se fond en poussière, de siècle en siècle. Il est, il meut, dans ce tout, insignifiant, il est, il meurt, la matière le balaye, grain de poussière qui reprend sa place dans la ronde de l’univers, au milieu des étoiles.

Tout est matière, même les mots que l’on écrit sur une feuille blanche.

Un mot naît de notre imagination et prend forme sous notre plume. Transformation de l’encre sous l’impulsion d’une mine affûtée dans le mouvement précis de nos doigts. Un mot, puis un autre, une phrase, puis une autre, une rature peut-être, une page agite enfin ses petites formes, son style sur le ventre de sa feuille-mère. On pourra bien la déchirer, la faire partir en fumée, chaque mot que l’on aura posé et lu aura existé, il poursuivra sa transformation dans l’air du temps, il aura participé à la ronde de l’univers, dans ce tout de la matière où tout un chacun se meut à jamais.

Je sais désormais que je n’écris pas pour rien. 

Et vous ?

… si vous laissiez exploser vos mots et s’épandre sur une page blanche de votre univers ?

Redevenir un nom propre…

ou presque !

François Hollande vient d’être élu président de la république française à près de 52% du suffrage universel !

Une aubaine pour le nom Sarkozy qui va pouvoir enfin reprendre sa place parmi le dictionnaire des noms propres… ou presque !

Car la justice devra encore le laver de tout soupçon ! 

Mais n’empêche, pour tous les canards enchaînés à ce nom, devenu commun depuis cinq ans, c’est l’heure de leur libération et surtout… l‘occasion pour eux d’enrichir leur vocabulaire !

De ce point de vue là, c’est déjà une bonne nouvelle, non ?

Les brèves de campagne !

Les candidats à l’élection présidentielle se jouent des mots comme jamais. L’écriture est au centre des ébats à défaut de programmes au centre des débats.

A croire que l’élection présidentielle est devenue une aubaine d’écriture de sketches pour les prétendants à l’Elysée (ou leurs nègres) dont les discours proférés dans les meetings de campagne sont de véritables one-man-show. Et ils s’en donnent à cœur joie nos candidats devant des assemblées conquises.

Les chiens aboient, car la vanne passe !

Arrêtons-nous un instant sur les deux ténors de cette campagne dont les tribunes peuvent aller faire se rhabiller Guidoni et Roucas dans les loges du Théâtre des 2 Anes !

Car l’éloge revient ici aux plumes brillantes et acérées de ce duo de choc, promis sans doute à un rappel en deuxième semaine, qui se sont sentis poussés des ailes d’humoristes.

Le président-candidat, spécialement conseillé, dégaine haut et fort le premier. Et le public en rit !

« Comme elle est curieuse, cette campagne : d’abord j’ai regardé en spectateur, j’étais aux premières loges, mais le spectacle valait le coup. J’ai vu un petit club d’agités, le club des socialistes. Ils sont heureux d’abord quand ils sont entre eux. Jusque-là, on ne les a pas gênés, c’était formidable. On a vu l’amitié intense entre eux, la camaraderie comme ils disent. » lol !

Un autre jour, tantôt dans le Loiret…

« Ah, on me dit, il y a eu Fukushima. Certes !  Fukushima c’est un tsunami. Je n’avais pas conscience avant de venir ici, (pause) cher Eric, (pause) cher Maurice, (pause) que la Loire était en risque de tsunami immédiat sur la centrale nucléaire de Saint-Laurent-des-Eaux. A moins que Fessenheim en Alsace soit sous un risque de tsunami venant du Rhin. » mdr !

… tantôt dans le Var.

« Je me dis : ‘j’ai un trou dans ma géographie’, alors je me précipite sur une carte … Fessenheim, Alsace, elle est où la plage ? Et ça veut gouverner la France… » mdr !

Aquilino Morelle, plume et directeur adjoint de campagne de François Hollande n’est pas en reste et répond à Henri Gainot dans la même verve.

« Mon problème c’est que je n’ai pas de candidat de droite en France. J’ai parcouru toute la France ! J’ai été dans la Loire. J’ai demandé : ‘vous avez de la droite, vous ?’. Ils m’ont répondu : ‘Non, nous avons un groupe qui s’appelle Union pour la Loire’ ». lol !
Puis j’ai été dans le Puy de Dôme. J’ai demandé : ‘Et vous, vous avez de la droite ?’. Ils m’ont répondu : ‘Ah, nous, non, nous avons des républicains pour le Puy De Dôme’ . lol !
Et puis je suis allé au cœur du système dans la Seine et Marne, à Meaux, chez le président de l’UMP, maire de la ville : ‘ – Et vous, vous devez en avoir des candidats UMP. – Pas davantage ! ‘. Quel malheur !  Et puis je vais dans les hauts de Seine. Je dis : « Vous connaissez les Sarkozy ? … si ce n’est le père, le fils, à défaut le sain d’esprit ! » mdr !

Et dire que le candidat socialiste retient son humour par charité pour le candidat sortant !

Si à cela on ajoute le brin de répondant autant que d’humour des autres candidats, comme Eva Joly par exemple, plus cabossée que jamais dans sa campagne, derrière des lunettes noires :

« J’ai la gueule de travers mais depuis le temps qu’on me demande ce qu’elle a ma gueule, enfin elle a quelque chose ! » mdr
« Une des raisons pour lesquelles je tiens le choc dans cette campagne, c’est aussi que j’ai envie de dire aux femmes : « la vie ne s’arrête pas avec la ménopause » » lol

Sans oublier Jean-Luc Mélenchon, bien entendu, qui écrit lui-même ses sketches ou plutôt ses pièces de théâtre aux décors prestigieux, il fait autant recette et affiche places combles à la Bastille comme au Capitole. Chapeau l’artiste !

On en arrive, du coup, au point de s’interroger si les Guillon, Canteloup et tous les guignols de la satire professionnelle ne devraient pas mettre la clef sous la porte ou trouver eux-mêmes la clé des problèmes qui préoccupent les français !

En attendant, la France se marre… en partis. Le reste se désole à l’avance d’aller voter pour des marionnettes qui caricaturent ses humoristes,

sans savoir s’il faut twitter un lol ou un mdr dans l’urne !

Ah, si seulement Coluche était encore là !

Postez ici les vannes de nos candidats, et contribuez à la nouvelle constitution… d’un premier tome des brèves de campagne !

Ce condiment… le sel dit vrai !

J’ai réuni tous mes mots autour d’une table comme un coach son équipe avant le match de sa vie. Je les ai tous regardé, un après l’autre (rassurez-vous nous sommes une petite équipe), et j’ai cherché dans leur regard au plus profond d’eux, le sens que chacun pouvait donner à cette belle histoire que l’on écrivait depuis le début.

Je n’ai rien dit. J’ai juste posé le sel sur la table.

J’ai lu (et relu) dans leurs regards qu’ils m’avaient compris. Ils sont rentrés sur ma page remontés comme jamais. Il fallait les voir comment ils se sont placés, et livrés à eux même pour sublimer leur sujet. Quel match, quel panache, quel style, quel plaisir à les voir jouer !

Et puis je me suis réveillé avec comme un goût salé dans la bouche.

En écho à un article de Pascal Perrat sur son blog : Quand un texte manque de sel…

Et vous ?

… et si vous laissiez vos mots se déverser sur une page blanche telle une vague de votre imagination… à fleur de sel ?