Bonne journée !

En cette période de crise, de récession, annoncée pour 2013, notre président nous l’a encore rappelé lors de ses vœux, il va falloir se serrer la ceinture, on ne peut plus se permettre de souhaiter toute une bonne année.

« Bon semestre ! », à la rigueur pour les classes moyennes.

« Bon trimestre ! », se contenteront les moins fortunés.

« J’espère que vous passerez l’hiver ! »,  se risqueront des ménages surendettés.

« Bon mois ! », s’étranglera sans doute le smicard.

« Bonne semaine ! », se désoleront encore les CDD.

« Bonne journée ! » …

I_got_the_blues

sourira malgré tout ce SDF, dans le couloir de la station Opéra, jouant un blues sur sa guitare et que j’accompagnerai… promis ! à l’harmonica.

.

« Hé Rémi ! … Joue-nous un GimSmick … ça a l’air de rien, mais ça fait du bien ! »

.

Tandis qu’en bons damnés, derrière leurs frontières, fiscalement chauffés, les riches, eux, se tairont.

Et vous voulez que je vous dise ? … A la bonne heure !

Bonne journée à tous ! 
qu’elle vous apporte l’envie,
la force de la suivre et
le coeur pour la sublimer !

Noël m’a tuer…

Elle est passée où la magie de Noël ?

Noël grands boulevards

Je ne vois qu’une machine, en route depuis un mois, qui avale tout sur son passage, engloutissant les idées, les cadeaux avec leurs rubans et papiers d’emballage, ne laissant aucun répit à l’envie, au plaisir, celui d’avoir, celui d’offrir, balbutiés dans des commandes, des listes, jamais assez longues pour satisfaire des enfants insatiables et des adultes plus au garde à vous qu’au prend garde à eux, dépassés, en manque d’idées.

Parce que le problème, au fond, ce n’est pas tant qu’il y a trop de cadeaux, c’est surtout qu’il y a trop de sapins !

Un chez maman, un chez papa, un chez mamie, un chez mamou. Et sous chaque sapin, deux, trois, quatre cadeaux par enfant car ce serait oublier tatie Line et tonton Paul ou encore tata Jeanne et tonton Richard.

Il est loin le temps où il n’y avait qu’un seul sapin, qu’un seul cadeau.

C’était le temps où on prenait le temps d’avoir envie, de sentir, de décorer. L’avant Noël était déjà une fête, un premier cadeau que l’on partageait dans la joie, l’excitation, l’espoir, d’avoir peut-être, ce cadeau-ci, ce cadeau-là. C’était le temps où le matin de Noël, en pyjama, on s’extasiait d’avance, scrutant chaque paquet, cherchant le sien… le mien, mon cadeau, se réjouissant de sa couleur, sa forme, il a l’air lourd comme un camion, il est gros comme un nounours, il est plat comme le tableau de la maîtresse, il fait du bruit comme des pièces de Légo. On ne l’a pas encore ouvert que déjà on s’émerveille, on s’invente d’autres cadeaux. Les rubans feront une attache pour les cheveux de ma Barbie, celle que j’ai eue l’année dernière. Je veux le même papier dans ma chambre avec les voitures. Pourvu que ce soit le jouet que j’ai découpé dans le catalogue, j’espère, j’espère… le cœur bat. J’ouvre. J’y crois. Ouiiiiiiii ! Je suis le plus heureux, la plus heureuse du monde ! Père Noël ou mère veillant sur moi, merci, ô merci !

Me voilà tonton Tonio, sur la ligne de départ de cette course folle, cette chasse aux trésors qui se déroule le long de grands boulevards éclairant des vitrines aux figurines chargées de l’animation. Je suis là, au milieu d’un million d’illuminés qui prennent d’assaut l’entrée des galeries creusées par un certain Lafayette au printemps, je lis.

Qu’est-ce qui pourrait bien leur faire encore plaisir à ces sales gosses ?

Parce qu’ils ont déjà tout ! … Et l’autre, là, qui m’a doublé sur mon idée, sans compter les papis et les mamies qui se sentent obligé d’en faire deux, c’est plus fort qu’eux, c’est dans leurs gènes, que voulez-vous ? Quand moi je reste las, avec une gêne grandissante tant je ne pense qu’à une chose… déguerpir.

Ca sent le sapin.

La magie de Noël n’agit plus, j’ai plus envie de jouer, plus envie de courir pour un cadeau de plus, un cadeau de moins, la belle affaire… T’as eu quoi à Noël ? … Voilà une question bien embarrassante pour ce malheureux plus gâté que sa jeune mémoire ne peut contenir.

Je dépose les armes, mon Général, j’abdique, je me rends… atterré par cette déferlante humaine à la caisse, des gens marteaux, par milliers, alignés comme dans The wall des Floyd, me tapant dessus pour que j’avance, me plantant là entre ces quatre murs sur les planches de ce grand magasin. Je me couche, je suis mort.

La machine de Noël a tué l’enfant que j’étais.

Tire une carte !

Billets Euro

Je vais te faire un tour de magie, vas-y tire une carte !
Remets-la dans le paquet !
Hé !!! … Hééé !!! … Reviens !!!

Alors… dans la famille 500, je demande la petite sœur !
Poche !

Qui a réglé son compte au Docteur Lenoir ?
Moi je dis que c’est le Colonel Moutarde à coup de deux cents dans son cabinet.

Tiens ma chérie, je t’offre ce joli bouquet d’Euros en fleur !
Vite, mets-le dans une poche avant qu’il ne se fane aux Galeries Lafayette !

Et vous, il vous inspire quoi ce bouquet d’argent, cette main à l’atout trèfle ?

L’argent ce n’est pas sale, regardez comme ils sont beaux et clinquants ces billets !
L’argent ne fait pas le bonheur, voyez comme on dénigre les malheureux qui en ont.
Mais l’argent peut-il être drôle, poétique, créatif… ?

Et si comme moi vous leur donniez une autre destinée à ces feuilles imprimées ?

Allez-y… Tirez une carte dans le paquet de votre imagination !

Faites-vous plaisir, c’est bientôt Noël !

Les brèves du Café…

Table 7

Fernand n’a pas touché à son assiette.

« Z’est pas bon ?  s’étonne Zozotte qui a trouvé plutôt réussi ce pot au feu du chef.
Pardon Zozotte, s’excuse Fernand, je n’ai pas faim, je n’aurais pas du le commander.
– Z’est pas grave,
le rassure-t-elle en ramassant l’assiette et les couverts.
– Tu ne vas pas le jeter ? Sinon tu me le mets dans un Tupperware. Je l’emporterai chez moi. Je n’aime pas gaspiller.
– Z’est comme tu veux. Qu’ezz qui y a, za va pas ?
– Si, si ! …  … En fait non, je n’arrive à rien depuis trois jours. Pas une once d’inspiration.

– Z’est la panne quoi ! Z’est pas grave, za arrive tu zais, za va revenir ! »

– Ha, hahaha ! … T’entends ça, Tonio, l’inspiration de l’écrivain, elle bande plus… hahaha ! … hahaha ! »

Claude qui n’en manque pas une, un coude sur le comptoir et l’autre en levier pour déverser son calva dans le gosier déjà bien ardent, saute sur l’occasion.

« Ah za z’est fin ! »

Alors qu’elle file en cuisine avec le plat du jour à peine entamé, Tonio, à quelques mètres, derrière son comptoir y met son grain de sel. Il interpelle son client de la table 7 :

« T’as essayé de changer de place ?  lance-t-il d’une voix très audible.

– Pardon ?

Le patron s’approche de Fernand surpris.

– Ben ouais, la table 7, t’en as peut-être fait le tour.
– Je ne comprends pas, Tonio. Tu sais bien que j’affectionne cette place depuis toujours.
– Ouais je sais. Comme je sais que t’aimes la poêlée d’encornets et ici on ne t’en fait pas tous les jours, je me trompe ?
– Euh, non, mais…

Fernand ne voit pas où Tonio veut en venir avec son analogie. Quel est le rapport ? Tonio passe derrière lui, face au comptoir.

« Si tu te places à la une, à l’intérieur, qu’est-ce tu vois ?
– Je ne sais pas. C’est quelle table la une ?

– Moi, je vais te le dire.

– Tu vois le bar dans toute sa longueur, tu vois le profil des clients, côté gauche, peut-être le meilleur, peut-être le pire. De la table 4 tu devines le droit. Mais de la une tu peux voir le déhanché de Marie-Elisabeth quand elle passe avec les plats chauds, tu vois sa petite moue contrariée quand elle revient avec les assiettes vides. Et avec un peu de chance, tu peux la voir en direct se taper le lustre que je me refuse à retirer, salaud de patron que je suis, au lieu de te retourner, toujours après l’accident, alerté par le rire général.
– Heiiiin, z’est malin !
l’interrompt Zozotte en haussant les épaules, revenant sur la terrasse.

– Dis donc, t’es inspiré toi aujourd’hui, s’étonne Fernand qui retrouve soudain le sourire.

– Mais je le suis chaque jour, reprend Tonio comme un comédien son texte, avec aplomb et sa fierté d’auvergnat, derrière le comptoir, devant, à la terrasse ou même à la cave. Parce qu’un café c’est une scène de théâtre où on joue des pièces en continue dans tous ses recoins.
– Haha !
s’esclaffe le Claude. Et ici on est aux premières loges !
– Tiens par exemple, à la table 5, t’es face au tableau noir où Françoise s’amuse à noter ses citations, des phrases des clients, triées sur le volet, SES phrases, attention ! … c’est le tableau de madame et pas question d’y inscrire mes jeux de mots à deux balles et encore moins tes répliques salaces, Claude.

– Argh ! On est des incompris, lâche par dépit ce dernier.

– Alors le mec de la 5, chaque fois qu’il lève la tête, il lit ces phrases, entre chaque bouchée ou chaque gorgée, il les connaît par cœur, à force, elles lui rentrent dans la tête et ressortent avec d’autres mots qu’il ne soupçonnait même pas exister dans son imagination et qu’il ne prend même pas la peine de relever, trop fainéant pour demander une page blanche et un stylo. Il se fait son film sans rien dire, en avalant, une bouchée, une gorgée, puis une autre, en silence. Parfois, s’il est désinhibé, il m’appelle et me fait l’honneur de sa trouvaille. Parfois seulement. Parce qu’il est pudique souvent, le client de la 5. Et je ne te parle même pas de la 13, pile en face des toilettes. Faut les voir y entrer et en sortir soulagés de leurs petites contrariétés. Ils ne payent pas de mines, pour tes portraits justement ! »

Personne ne semblait pouvoir arrêter Tonio dans sa fougue verbale. Fernand était impressionné de le voir aussi volubile. C’était bien la première fois.

« Et ben mon vieux, je crois que la leçon a fait son effet.

Demain, je change de table ! »

Zozotte ne semble pas du même avis.

« Z’est n’importe quoi, Fernand. Tu vas pas croire zes zottizes ?
– Tu sais quoi, Zozotte ? Je crois que j’ai faim.
– Zans déc ? …

– Je veux bien que tu me réchauffes ce pot au feu. » 

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Comme ça, sans raison…

Comme ça, sans raison… une impulsion.

Je vous demande si ça vous arrive parfois d’avoir envie de tuer quelqu’un ?

Est-ce que vous allez finir par me foutre la paix ?
Je meurs, barrez-vous !
Quel effet ça fait ?
Un peu comme un… lavabo qui s’vide !

Alors bon voyage !

Déconner, toujours déconner, y’en a marre de déconner.
T’as qu’à proposer autre chose, toi !
Donne-moi du blé… j’aurais des idées.

On n’est pas bien, là ? Hein ? Tu les sens les coussins d’huile, sous ton cul ?

Ca sent la fraude fiscale.
A quoi tu sens ça ?
A l’épaisseur de la moquette !

Tu l’trouves pas un peu bizarre toi c’mec ?
A quel point de vue ?
T’as pas l’impression qu’il aurait derrière la tête comme l’idée de m’enculer ?

La vie est une prison.
La plus terrible de toutes parce que pour s’en évader il faut passer l’arme à gauche.

T’es tout seul avec ta honte. Et moi ta honte je la transforme en bonheur…

Après ça, on dira que la vie est belle !

Comme ça, sans raison… une impulsion.
Je vous demande si ça vous arrive parfois d’avoir envie de descendre quelqu’un ?
Est-ce que vous allez finir par nous foutre la paix ? … On meurt, barrez-vous !
Quel effet ça fait ?

Un peu comme un… salaud qui s’tire !

Alors bon voyage, monsieur Depardieu !

Des valseuses à Tenue de soirée en passant par Buffet froid, quelques répliques le raccompagnent, en garde du cœur, à la frontière du supportable, une manière à moi de ne garder que le meilleur de l’acteur, sans en ajouter en diatribes.

Quelques répliques cultes parmi d’autres qui, elles, restent bien sûr parmi nous parce qu’elles font partie de notre patrimoine.

Buller dans Paris…

Mais de qui se moque-t-on, là haut ?

Palais de la découverte
L’autre jour je bullais dans Paris, dans un jardin sauvage, pas piqué du vert, en plein coeur du quartier mondain et luxueux des grands palais de la capitale. J’étais assis sur un banc, seul, face à une mare dans ce lieu magique et paisible, enfoui sous une place au pied du majestueux Palais de la Découverte.
Je lisais discrètement un chapitre de l’inavouable (aux yeux de mes collègues et ceux de mes fidèles compagnons de métro) « 50 nuances de Grey », quand Anastasia s’apprêtait à recevoir une fessée. Je retenais ma respiration autant que ma pudeur, inutile dans ce lieu quasi désert, quand j’entendis des gloussements au dessus de moi. Je levais la tête.
Deux enfants jouaient, l’un pointant son doigt vers le bas. Non loin, deux femmes échangeaient en ricanant sans que je pus  distinguer un seul de leurs mots. L’une semblait scruter également le square.
Mais de qui se moque-t-on, là-haut ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez ces bulles avec ce qui vous vient à l’esprit.

J’avais comme le sentiment d’être pris de haut,
mais peut-être n’étais-je pas le seul !

Palais de la découverte - squareJardin Anne-Sauvage, place du Canada

Ancien Jardin de la Vallée Suisse, vestige du pavillon suisse de l’exposition universelle de 1900.

Sur-SAU-t de filles…

Mathilde se remarie !                                 Épisode 2  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Lundi, au bureau.

Dans le grand open space du Service d’Aide aux Utilisateurs du département Financements Immobiliers Locatifs et Leasing pour Entreprises, le S.A.U. de FILLEs comme tout le monde l’appelle ici, ça jacasse.

Et pour cause, il n’y a que des filles au téléphone dans ce service dirigé par Lætitia.

— Catherine, bonjour ! … Oui… Tout à fait ! …  Non… Mais bien sûr, Monsieur Régnard ! C’est gentil… Votre problème de PBA est résolu alors ? … Ah, je vois… Oh ! vous savez parler aux femmes, vous… Non, pas demain midi … J’ai peur que… Oui, promis, monsieur Régnard … Ah! mais si vous aviez dix ans de moins, je ne dis pas… Oh ! … C’est gentil ! … Oh ! … Monsieur Régnard, on pourrait vous entendre !

C’est Lætitia qui l’entend surtout, s’agaçant de la teneur de la conversation.

— C’est Régnard ?

Cathy, la main sur le combiné, grimaçant : « oui ! »

Lætitia lui subtilise l’appareil et d’un ton sec sermonne son interlocuteur.

— Bonjour Stéphane. C’est Lætitia. Tu as un souci ? … Oui … Oui … Oui … Tout va bien, donc ! … Alors pourquoi tu embêtes encore les filles ? Tu ne crois pas que l’on a assez de boulot comme ça ? … Elle t’ensorcèle, ben voyons ! Ça va être de sa faute … … Écoute, avant qu’elle songe à tromper son mari, laisse-lui déjà le temps d’en trouver un, faire un gosse avec, peut-être deux, et vivre heureuse deux ou trois ans, hein ? … C’est ça … Bonne journée. Au revoir !

Elle raccroche et se tourne aussitôt vers Cathy :

— Régnard, mais comment tu fais pour rentrer dans son jeu ? Quel lourdingue celui-là !
— Mais, il est gentil. Ça fait du bien d’entendre des compliments des fois.
— Je rêve ! Il récite les mêmes boniments depuis dix ans que je le connais. T’es jamais fatiguée, toi. Le Dick Rivers de la dernière soirée, ça ne t’a pas arrêtée !

Mathilde, un bureau à côté, sort la tête du dossier qu’elle est en train d’éplucher et éclate de rire.

— C’est vrai ! Où t’es allée le chercher celui-là ? C’est ma mère qui était contente !
— La pauvre Joëlle, renchérit la chef, il ne l’a pas lâchée de toute la soirée et toi t’as rien fait pour l’en débarrasser. T’es soûlante parfois, tu sais ?
— Mais c’est pas moi, c’est Sandrine. Et puis je croyais que…
— Que quoi ?
— Ben que… Tu vois… Joëlle pouvait être intéressée… Il était plus de son âge, non ?
— Mais enfin, ma mère ne cherche pas un mec. Et puis même ! Elle n’est pas désespérée à ce point ! T’as vu sa dégaine au type, c’était… Hoho !

Elle éclate de rire à nouveau. Lætitia coupe court à la conversation.

— Passons, les filles, je ne suis pas venue pour ça. (S’adressant à Mathilde) À nous, ma grande ! Tu l’as consulté ?
— Oui mais je n’ai pas fini de l’étudier. Le paragraphe…
— Mais je ne te parle pas du dossier Romberg, idiote. Je te parle du site avec les robes de mariées.
— Hein ?
— Vas-y, connecte-toi !

Cathy se lève et suit Lætitia vers le poste de Mathilde, toute excitée.

— Oh ! j’peux voir, j’peux voir ?

Le téléphone de Mathilde sonne. Lætitia appuie sur une touche pour le faire taire et fait danser la souris sur son tapis jusqu’à obtenir ce qu’elle veut voir.

— Regarde celle-là, elle n’est pas craquante ? … J’adore son style années 20 !

— Bof, ça ne fait pas mariage, je trouve, grimace Cathy.
— Et toi, Mathilde, qu’est-ce que tu en penses ?
— Elle n’est pas un peu courte ?
— Avec les jambes que tu as, tu seras irrésistible … Regarde ces dentelles !

Mathilde ne dit rien. Elle affiche un air grave tout d’un coup, puis s’écarte de l’écran.

— Tu parles ! Irrésistible pour qui ? Paul ne veut pas entendre parler de ce « délire de nanas », comme il dit.
— Tu ne te remaries plus ?
— Qui parle de mariage, Cathy ? la recadre la chef. Il s’agit d’une preuve d’amour. Montrer à celle qu’on aime que l’on pourrait se réengager tous les jours s’il le fallait. Car rien n’est acquis.
— Hein ? Quoi qui est à qui ?
— Bon, Cathy, soit tu regardes les photos, soit tu suis la conversation. Mais là, ça ne va pas le faire d’une seule oreille.
— Oui oui, j’écoute, j’écoute.
— Ce mec-là, il est à l’ouest total, ma pauvre Mathilde.
— Quel mec ?
— Paul ! De qui crois-tu qu’on parle, là ? Il pense qu’en se mariant il a oblitéré un ticket pour la vie et qu’il n’a plus qu’à rester sagement assis dans son train train quotidien entre le wagon restaurant et celui couchette.
— Paul a pris le train ? Mais pour aller où ?
— Oh ! tu es exaspérante !

Mathilde est au bord des larmes.

— Il ne me regarde plus. Il n’a même pas vu que je suis allée chez le coiffeur.
— Ah bah, là, quand même ! T’as coupé au moins dix centimètres !
— Il faut les faire descendre du train ces hommes-là. Mon Louis, ça a été pareil. Et crois-moi, une fois à quai, il a fait des pieds et des mains pour refaire partie du voyage. Sauf que le prix du billet augmentait au fur et à mesure que j’ouvrais les yeux.
— C’était quel voyage ?
— Pitié, Cathy, suis un peu ! … Mathilde, il n’est pas question de céder, ma grande.
— Qu’est-ce que je peux faire ?
— On ne va pas le laisser nous gâcher la fête, quitte à la faire sans lui !

— Tu veux dire qu’elle va se remarier toute seule ?

— Et pourquoi pas ? Allez, au boulot, les filles ! Trouvons la plus belle robe qui soit !


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Ibra’cadabrantesque !

Le feuilleton tragi-comique de l’élection du président de l’UMP n’en finit pas d’alimenter la toile et de déchaîner les canards comme les émissions télé, chacun y allant de son analogie, tant le monde politique regorge de déchirements en tout genre pour accéder au pouvoir.

Le congrès de Reims qui a opposé Aubry et Royal en 2008 suscite l’analogie la plus évidente s’agissant de la quasi même élection, mais à gauche. D’autres sont allés chercher l’élection présidentielle américaine de 2000 qui opposait Al Gore à Busch et dont le dépouillement de Floride a duré également plusieurs jours. Il y en a même qui nous ont ramenés en 2010, en Côte-d’Ivoire où Gbagbo et Ouattara ne démordaient pas l’un et l’autre de leurs victoires retardant le dénouement après une guerre civile.

Bref, chacun détenait son analogie quand moi je cherchais en vain la mienne.

Et c’est en regardant le résumé du match du PSG le week-end dernier face à Rennes qu’elle a poussé comme une fleur dans mon esprit, empoté jusque là !

« Pas d’Ibra, pas d’chocolat », s’amusait-on a lire sur le net, tant l’équipe parisienne se retrouve handicapée moteur sans son meneur.

Mais oui, tout se tenait là !

Qui ne connaît pas Zlatan Ibrahimovic, une figure charismatique dans le monde du football, une attraction à lui tout seul au Paris Saint-Germain, autant pour les fans, les curieux ou les amateurs de ballon rond que les joueurs sur le terrain qui aspire implicitement à lui coller dans les pieds ce même ballon ?

1m95, 95kg, visez la bête, mesdames ! … un colosse suédois aux jambes affutées, au regard animal qui surgit et exécute des gestes incroyables, empruntés aux arts martiaux, qui tranchent dans le vif un pauvre ballon qui n’a plus qu’à filer droit en sifflant sa douleur… une douleur communicative qui arrive très vite aux oreilles du gardien adverse, condamné le plus souvent à ramasser l’objet dans ses propres filets, communiant ensemble la même détresse.

Qui n’a pas vu et revu, même contre son gré, bien sûr que si, mesdames ! … ce but abracadabrantesque en ciseau retourné, de plus de vingt mètres contre l’Angleterre, pour le compte de la Suède ?

Mais Ibra n’est pas connu que pour ses exploits sportifs mais aussi et surtout pour sa personnalité à l’égo surdimensionné.

Et c’est là que je tenais mon analogie. L’UMP comme le PSG, sans son mentor, son meneur de jeu hyper-égocentrique, est incapable d’insuffler élan, cohésion et ligne stratégique à son équipe, chacun resurgissant un égo démesuré trop longtemps enfoui, masqué par l’aura indiscutable du grand et unique chef.

L’adversaire n’en demandait pas temps.

L’équipe de Rennes, réduite à 9 pendant quarante minutes, a déclassé le PSG dans son parc des nouveaux princes du Qatar. Tout comme le parti socialiste, l’équipe aux rênes de la France, empêtrée dans l’impopularité et les couacs en tout genre, ressort gagnante de ce match ubuesque au sein de l’UMP.

Mercredi, Ibra est revenu, auteur d’une passe décisive, pour une victoire limpide à Kiev, qualifiant le PSG pour ses deuxièmes huitièmes de finale de son histoire dans la prestigieuse européenne Ligue des Champions.

Alors à quand le retour de Sarko pour retrouver le chemin du but… son but, qu’il fomente en coulisses, dans une réalisation hollywoodienne, un retourné de situation en pleine lucarne… de 2017 ?

Ce serait juste… Ibra’cadabrantesque, non ?

Tous rêves berbères allumés !

Fellag et ses petits chocs des civilisations.

J’étais au théâtre du Rond-Point pour l’avant dernière de son spectacle.

Quels chocs et quel plaisir !

Oh ! pas un électrochoc, non… mais plutôt une succession de petits chocs acoustiques, doux et drôles, qui bousculent, qui accrochent, qui éraflent les clichés, les tabous de nos civilisations franco-maghrébines si liées malgré nos différences… dans le tourbillon de l’histoire…

On s’est connus, on s’est reconnus, on s’est perdus de vue, on s’est reperdus de vue, on s’est retrouvés, on s’est réchauffés puis on s’est séparés.

Vous connaissez l’air, et même l’histoire, avec les maux qu’elle a engendrés entre nos peuples. Fellag, lui, délie les langues… tantôt française, tantôt arabe, avec ses mots à lui qui nous parlent de cet amour vache mais aussi de cet amour lâche qui nous appelle et dont il nous rappelle avec tendresse et ironie les ingrédients, en petites secousses, ces petits chocs… qu’il amortit toujours avec ce grand chic pour nous faire rire.

Quand on le voit entrer dans sa cuisine, les légumes sur la table, la s’couscoussière sur le feu, on n’est loin d’imaginer que son spectacle est une vraie petite bombe. Quoi que… en cette période sensible où le péril terroriste est permanent, certains aux premiers rangs pouvaient ne pas se sentir rassurés.

Et Fellag ne s’est pas gêné pour en abuser.

Car quand il entre dans sa cuisine, c’est bien pour se mettre à table après avoir cuisiné en grand chef nos petits défauts qu’il étale avec humour. Ecoutez plutôt !

(le sourire jusqu’aux oreilles) : Une étude internationale vous a décerné le titre de pire touriste du globe terrestre.
(semblant sérieux) : Le monde entier vous reproche d’être râleur radin arrogant impoli…
(puis moqueur) : ben alors qu’est-ce qui se passe ?
[…]
Heureusement que nous sommes là, hein ? …
Il ne vous reste plus que NOUS… on vous trouve bien, NOUS… on croit en vous, NOUS …
(les bouts des doigts de chaque main rassemblés, soudés, pointant vers le ciel) … Nous aussi on veut être français, avec le béret, la baguette et un passeport français pour aller partout dans le monde. Comme ça nous aussi on pourra être arrogant, impoli… (et de finir avec un) … Allez, casse-toi pauv’con ! (pan !)

Ah! … Il faut le voir pédaler comme un dératé sur le vélo du tour des mets favoris des français. Et pour cause le couscous est en tête. « Comme vous nous aimez, quelle plus belle déclaration d’amour ».

Et de finir par nous faire crier dans la salle « On vous aiiime ! »

Parce que les ingrédients de cet amour, ce couscous qu’il nous concocte, ses légumes sur la table et nous tous ensemble plongés dans sa marmite, dans ce théâtre, assis les uns à côtés des autres, riant aux éclats tel des poivrons qui crépitent au fond de leurs cœurs, des carottes, des navets et des courgettes qui bouillent de plaisir,  français, maghrébin, les deux peut-être, peu importe, tout nous parle, nous transporte à travers le fumet irrésistible d’un style, le bouquet parfumé d’une écriture.

Belle métaphore l’artiste !

Mais alors… quand on s’est connus, quand on s’est reconnus, pourquoi s’perdre de vue, se reperdre de vue, quand on s’est retrouvé, quand on s’est réchauffés, pourquoi se séparer ?

Tel semble être la petite flamme que ce fou de rêves berbères* a allumé en moi ce soir.

Je vous inviterais bien à courir voir son spectacle, mais aux dernières nouvelles, le directeur du théâtre lui aurait délivré un avis d’expulsion samedi dernier. Décidément !

La prochaine fois, ne le ratez pas !

* « L’allumeur de rêves berbères » est le titre d’un de ses romans que je n’ai pas lu mais dont j’aime beaucoup l’expression du titre, en nostalgique de ce beau métier cher au Petit Prince de Saint-Exupéry. 
 

Vous aussi, laissez parler vos émotions dans une de ces rubriques :
avis d’expo, de spectacle ou avis de théâtre ou encore avis de ciné !

La parodie des bonbons

Jacques en quête de douceurs pour sa belle se rend à nouveau chez son confiseur favori.

Mais là, quelle n’est pas sa surprise !

Le magasin affiche une pancarte où on peut lire : « Fermé du 5 au 12 novembre inclus »
Comment était-ce possible ? Acheter des fleurs ? Jamais de la vie, c’est trop périssable. Alors il remonte la rue du Commerce lorsqu’il tombe sur une vitrine qui l’invite à entrer.

Quand Jacques arrive chez sa douce, Germaine, il lui dit avec un air de grande satisfaction.

Je vous ai apporté des/du _______on(s)

Parce que les bonbons ___________able

Puis la/le(s) _____ons(s) c’est ______on

Bien que  les bonbons ____________able

Surtout quand ils _____________on

Mais je vous ai apporté des(du) _______on(s)

Remplissez les trous avec les mots qui vous viennent en essayant de respecter au possible le rythme de la chanson et les rimes qui peuvent être librement changées bien sûr.

Vous pouvez même poursuivre d’autres couplets si vous vous sentez inspirés.

Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Mais je vous ai apporté des bonbons
J’espère qu’on pourra se promener
Que Madame votre mère ne dira rien
On ira voir passer les trains
A huit heures moi je vous ramènerai
Quel beau dimanche allez pour la saison
Je vous ai apporté des bonbons
Si vous saviez ce que je suis fier
De vous voir pendue à mon bras
Les gens me regardent de travers
Y en a même qui rient derrière moi
Le monde est plein de polissons
Je vous ai apporté des bonbons
Oh! oui! Germaine est moins bien que vous
Oh oui! Germaine elle est moins belle
C’est vrai que Germaine a des cheveux roux
C’est vrai que Germaine elle est cruelle
Ça vous avez mille fois raison
Je vous ai apporté des bonbons
Et nous voilà sur la grande place
Sur le kiosque on joue Mozart
Mais dites-moi que c’est par hasard
Qu’il y a là votre ami Léon
Si vous voulez que je cède la place
J’avais apporté des bonbons…
Mais bonjour Mademoiselle Germaine
Je vous ai apporté des bonbons
Parce que les fleurs c’est périssable
Puis les bonbons c’est tellement bon
Bien que les fleurs soient plus présentables
Surtout quand elles sont en boutons
Allez je vous ai apporté des bonbons

Laissez aller votre imagination… Amusez-vous !