Mari à tout prix…

Mathilde se remarie !                                 Épisode 5  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Depuis deux semaines, Mathilde et Sandrine ne se sont pas parlé. Mais au bureau, ce mardi matin, une drôle de nouvelle tombe.

— C’est celle-là que je veux ! 

Lætitia fixe Cathy d’un air dubitatif :

— Tu vas te marier ?
— Ouiiiiii ! … Ça y est, il a dit oui !
— Comment ça, il a dit oui ?
— Ben, il a dit oui, quoi.
— Tu veux dire que c’est toi qui l’as demandé en mariage ?

Mathilde, juste à côté, un œil sur son dossier et une oreille qui traîne, passe une tête au dessus de son écran pour se mêler à la conversation.

— Tu vas vraiment te marier, Cathy ?
— Ouiiiiii ! s’exclame celle-ci, toute excitée. Dimanche, il a dit oui.
— Ton informaticien à lunettes, là ? vérifie Lætitia, histoire de ne pas faire de gaffe.
— Oui ! Mon Régis !
— Celui qui nous a installé la dernière version d’Office, il y a trois mois, confirme Mathilde. — Et ben, tu ne traînes pas, ma fille !
— Ça y est, c’est le bon. Je le sais.
— Je suis très heureuse pour toi, ma Cathy, la congratule Mathilde, en l’embrassant.
— Mais de là, à lui faire toi-même la demande, on peut dire que tu sais ce que tu veux, relance Lætitia, stupéfaite.
— C’est que l’heure m’est comptée, répond l’intéressée. Je veux fonder une famille, moi.

Si j’avais dû attendre qu’il se manifeste,
il se serait fait griller par ma ménopause.

— Tu ne penses pas que c’est un peu tôt tout de même, la met en garde Mathilde. Ça ne fait même pas deux mois que tu le connais.
— Et après, ça m’avancerait à quoi ? Toi tu t’es bien mariée après deux ans de vie commune et apparemment tu n’avais pas tout cerné chez Paul…
— Hein ? Qu’est-ce que tu racontes ? Ça n’a rien à voir !
— Pardon, Mathilde, je ne voulais pas dire ça. Mais comprends-moi, je ne peux pas attendre indéfiniment. S’engager, c’est toujours prendre un risque de toute façon. Non ?

Lætitia, pour une fois, ne peut lui donner tort.

— Tu as raison, Cathy, on ne connaîtra jamais assez les hommes. Ils ont plusieurs masques qu’ils ôtent au fil du temps, après s’être assurés que nous sommes bien attachées à eux, la marmaille dans les jupons et trop lâches pour reprendre une vie solitaire.

Mathilde, vexée depuis la remarque de Cathy, sort de ses gonds.

— Mais ça irait très bien avec Paul si vous ne m’aviez pas embrouillé l’esprit avec cette idée de remariage !
— M’enfin, Mathilde, rétorque Lætitia, on essayait juste de pimenter ta vie après dix ans de mariage. Excuse-nous de nous intéresser à toi !
— Vous intéresser à moi ? Mais vous utilisez mon mariage pour régler vos comptes avec vos… vos échecs personnels. Je ne suis pas comme vous et…
— Et quoi ? la provoque la femme divorcée.
— Oh ! Et puis vous me faites dire n’importe quoi ! On est trop différentes Sandrine et moi. Voilà tout. Elle voudrait que je sois comme elle…
— Comme elle ? insiste Lætitia. Je ne comprends pas ce que tu veux dire.
— Elle aimerait que je vive sans avoir besoin d’un homme, d’un mari… Tout ça parce qu’elle ne les aime pas !
— Ah ? Qu’est-ce qui te faire dire ça ?
— Je crois que…
— Que ?
— Qu’elle aime les femmes, voilà !

— Haha ! Sandrine… Lesbienne ? … … Elle est bien bonne celle-là !

Tous les claviers et les bourdonnements à travers les téléphones s’étaient tus dans l’open space de telle sorte que l’on n’entendait plus que la chef s’exclamer. Cathy s’approche de Mathilde interloquée.

— Pourquoi tu dis ça ? Elle te l’a dit ?
— Non, pas exactement. Elle est très proche de moi…
— Ah bon, elle t’a fait des avances ?
— Oui… enfin, pas exactement. Mais elle m’a tout de même proposé de vivre avec elle.
— Non ! s’exclame, offusquée, la future femme de Régis.

Lætitia retrouve son calme et tente de relativiser les propos de Mathilde.

— Sérieusement, Mathilde, tu ne vois pas qu’elle cherche à te sortir de la morosité de ton couple, comme nous toutes avec cette petite fête ?
— Mais mon couple va très bien. Le week-end à Venise avec Paul a été formidable. On s’est vraiment retrouvés. J’en avais besoin. J’avais tort dans mon ressentiment. C’est lui qui a raison. Cette idée de remariage est complètement farfelue.
— Mais ouvres les yeux, ma fille, tu ne vois pas qu’il te mène en bateau ?

Cathy qui rêvassait à Venise s’amuse de l’image qui lui vient soudain.

— Venise… en bateau… hihi ! Voyant que personne ne rit, elle se ravise. Oh, pardon !

Lætitia est dépitée par tant de naïveté chez Mathilde. Mais celle-ci contre-attaque et se veut même blessante.

— Écoute Lætitia, je suis désolée de te le dire mais tous les mariages n’aboutissent pas à un échec comme le tien. Moi je crois en le nôtre avec Paul, que ça vous plaise ou non.

Lætitia, sur le point de s’étrangler, reste sans voix. Mathilde hausse le ton, poursuivant ses revendications.

— Je n’ai pas les mêmes valeurs que vous. Je crois en la famille, au rôle d’une épouse. J’en ai marre de subir toutes ces idées qui ne sont pas les miennes. Et tu veux que je te dise ?

Personne n’ose l’interrompre. Le pire est à venir. Elle lève le doigt menaçant.

— Je compte accompagner ma belle-sœur à la manifestation contre le mariage pour tous. Voilà un point par exemple qui nous différencie.

Lætitia est sur le cul. Il ne manquait plus que ça.

— Je rêve ! T’es allée à Venise ou au Vatican ? Mais regarde autour de toi, ma pauvre fille, même le pape François a abdiqué !

Cathy tente de donner un avis, en vain.

— Moi j’sais pas trop quoi en penser. D’un côté j’me dis…
— Tu ne vas pas t’y mettre toi aussi ! la coupe sa chef.

Cathy ne se laisse pas démonter pour autant. Elle va se marier, elle. Les yeux sur son écran, elle n’a pas perdu son enthousiasme.

— C’est celle-là que je veux. Comment vous la trouvez ?

Mathilde quitte le bureau sans rien dire. Lætitia la regarde partir en rongeant son frein. Puis, sans même jeter un œil sur l’écran de Cathy, elle feint l’extase.

— Géniale !


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Ne nous fâchons pas !

Les brèves d’Ovalie

Angleterre – France      23 – 13

« N’empêche, de là à marquer de sang-froid, sans parler d’assassinat, y aurait quand même comme un cousinage ! »

On les avait aimés dans « Les caves se ros’biffent ! »… Un quart de finale de coupe du monde en Nouvelle-Zélande où les bleus se rebiffaient déjà contre nos meilleurs ennemis d’outre-Manche. Souvenez-vous !

Quatre matches que nos bleus s’étaient lancé dans la fabrication de fausses valeurs du rugby jusqu’à se faire prendre par la brigade des fraudes contre les Tonga… lire la suite >>

On les a retrouvé nos barbouzes, aussi imprévisibles que fabuleux ce samedi après-midi à Twickenham dans un remake de comédie à la française comme on les aime, surtout quand à la fin les rosbifs sont saignés à blanc de leurs tuniques.

Oui mais voilà, les bleus ne nous ont régalé que la moitié du film que l’on se faisait déjà en admirant Fofana, époustouflant, sensationnel, génial, détaler, enfumer et humilier tout un bataillon de la défense anglaise sur soixante mètres pour aller marquer le premier essai de la partie… et français s’il vous plaît !

« Le dernier né après Saint-André. Quand il perce, tu prends du gaz plein la poire ! »

Et puis plus rien. A l’heure de jeu, on n’avait plus envie de s’exhalter ni de rire à regarder le XV de la Rose réécrire le scénario à l’anglaise où les mangeurs de grenouilles allaient être réduits à manger l’herbe de la pelouse de Twickenham.

Mais ne nous fâchons pas !

Parce qu’au fond, il nous raconte quoi ce film des bleus en mission en Angleterre ?

Si vous aimez le rugby ou le ton de ces brèves, lire la suite ici >>

Retrouvez la rubrique Brèves d’Ovalie chaque semaine (ou presque) pour revivre les grands moments de rugby  autrement, sous ma plume désinvolte et partisane.

Vous pouvez suivre les articles directement sur le blog dédié : mondialrugby2011.canalblog.com/

Tu déconnes, Mathilde…

Mathilde se remarie !                                 Épisode 4  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Deux mois ont passé.

Ce soir on sort entre filles. Sandrine est sur les nerfs. Elle attend ses copines devant le théâtre, rue de la Gaité, quand la pauvre Cathy débarque un sourire jusqu’à ses nouvelles boucles d’oreilles.

— T’as vu ?
— Quoi ?

Cathy porte les mains sur ses boucles.

— Ben !!!
— T’as trouvé ça où… aux Puces ?
— T’aimes pas ? C’est Régis qui me les a offertes hier pour la Saint-Valentin !
— Le même Régis que le mois dernier ?
— Ouiiiii ! Il est trop ‘gnon ! Ça fait vingt-sept jours exactement. Et c’est ma première Saint-Valentin depuis cinq ans, tu te rends compte ?
— Non.
— On a dîné aux chandelles au Buffalo Grill. J’ai pris des profiteroles, t’aurais vu…
— Oh hé ! Cath’, l’interrompt Sandrine, visiblement à cran, tu ne vas pas me raconter à moi ce qu’est une de ces soirées. Le grand jeu, du resto jusqu’au pieu, en passant par l’option ciné, pitié ! Cette fête commerciale avec ses fleurs et son cadeau de fête foraine, très peu pour moi, tu me connais. Dis-moi plutôt pourquoi Mathilde ne vient pas ce soir, elle ne répond à aucun de mes messages.
— Ah bon, elle ne t’a pas dit ?
— Bah non, elle ne m’a pas dit… Sinon je ne te demanderais pas !
— Ils sont partis à Venise pour le week-end. Mathilde a posé son vendredi, pas plus tard que mercredi. Ils y sont depuis jeudi soir.

— Venise ? J’en reviens pas, la conne ! Avec Paulo ?

— Ben euh… Oui, avec qui d’autre ? Ça doit être génial, les gondoles. T’imagines, une Saint-Valentin là-bas ?
— Non.
— Mais qu’est-ce t’as, ce soir ? Toi, t’as passé une mauvaise soirée, hier !

Lætitia et Joëlle arrivent juste au bon moment pour sauver la pauvre Cathy qui ramait à contre courant sur la vague de mauvaise humeur de Sandrine.

— Salut les filles. On est pile à l’heure !

Lætitia s’interrompt voyant la tête de Sandrine.

— On avait dit sept heures moins quart, non ?
— Ouais ouais, pas de problème, répond la mal lunée. Bon, je fais quoi avec le billet de Mathilde ? ajoute-t-elle avant de s’emporter. Elle aurait pu me dire, merde !
— T’en fais pas, la rassure Lætitia qui a solution à tout. On va brader la place à un beau mec. Laisse-moi faire, j’ai été VRP à mon jeune âge.

Elle lui prend un billet des mains et le brandit en clamant :

— Oyez, oyez ! Jeunes gens et jeunes hommes, une place à douze euros, moitié prix, imbattable ! À côté de quatre charmantes jeu…euh ! femmes !

Apercevant le décolleté de Cathy, elle ajoute : « Avec vue imprenable sur balcon ! »

Baissant son bras, elle lui souffle en aparté :

— Dis donc, tu comptes faire diversion dans la salle avec ce décolleté ?
— Tu crois que ça fait trop ? demande Cathy, gênée.
— Je dirais plutôt que ça ne fait pas assez. Tiens ! tu n’as qu’à tester. Essaye de vendre cette place.
— Mais euh…
— Laisse tomber, Lætitia, intervient Sandrine, c’est pas tant pour la place que je suis « vénère ». Mais qu’est-ce qu’on peut être connes, nous les femmes. Ça doit être dans nos gênes, c’est pas possible !

Il suffit qu’on nous agite un peu de délicatesse à la Saint-Valentin et voilà qu’on court derrière. À moins qu’elle ait voulu lui faire signer les papiers du divorce place Saint-Ras-l’bol !

— À qui le dis-tu, acquiesce l’expérimentée en mariage et divorce.
— Oh, non ! j’ai mieux, reprend Sandrine. Elle a sans doute prévu de lui filer un coup de rame sur une gondole pour qu’il se noie dans le Grand Canal.  Tu parles d’un carnaval, ce Paulo, enrage-t-elle de plus belle, c’est clair qu’au milieu des ritals il est dans son élément… agir masqué.
— Hé hé ! c’est un vrai festival, ma parole, Sandrine, conclut Lætitia. Tu m’as l’air bien remontée.
— Ma chérie, s’en mêle Joëlle, tu la connais notre Mathilde. Elle a son idéal. Je crois qu’elle n’a pas encore accepté d’y renoncer.
— Ça m’écœure de la voir s’attacher à ce gros con. Parce que c’est un gros con, tout en gonflette en dehors et plutôt gonflé en dedans si tu vois ce que je veux dire, Joëlle.
— Non, pas vraiment. Je crois que tu exagères un peu, là… non ?
— J’exagère ? Mais, Joëlle, ce mec-là, il est plus intéressé par ce qui se passe en dehors de chez lui que dedans. Il a quand même osé draguer la meilleure copine de sa femme le jour de son mariage. Et je peux te dire que je l’ai testé jusqu’au bout ce soir-là.

Cathy est stupéfaite par ce qu’elle entend.

— Comment ça, jusqu’au bout ?
— Tu veux que je te fasse un dessin ? Disons que je l’ai un peu aidé pour voir jusqu’où il était prêt à aller.
— T’as fait ça à Mathilde ? s’insurge Cathy.
— Voilà que ça va être moi la fautive ! T’inquiète, je l’ai sèchement remis à sa place quand il s’est mis à chercher la jarretière le long de ma cuisse dans le vestiaire.
— Quelle jarretière ?
— C’est bien ça le problème. C’est pas moi qu’il épousait. Et ça risquait pas !
— Mais… Euh… Tu l’as dit à Mathilde ? insiste Cathy.

— Je savais qu’il lui gâcherait son idéal, j’allais pas en plus lui gâcher le plus beau jour de sa vie !

Joëlle semble à peine surprise. Quand Lætitia est complètement blasée.

— Tous les mêmes. Plus rien ne m’étonne, moi. Oh! et puis c’est beau Venise, elle n’aura pas tout perdu au change.
— Ils y sont déjà allés deux fois, peste Sandrine. Pour leur lune de miel et leur premier anniversaire de mariage,
— Et bien, on peut dire qu’il a beaucoup d’imagination ce garçon, plaisante Lætitia. Bon, les filles, ça ne me dit pas ce qu’on va voir. J’espère que c’est une comédie assez drôle pour dérider notre Sandrine !

Cathy lit le synopsis de la pièce sur une affiche.

Les grands moyens, ça s’appelle. Laura a quitté Léo il y a trois mois parce qu’elle cherche l’homme parfait. Léo va lui faire rencontrer le pire de tous. Elle devrait revenir. Normalement, elle devrait.

Sandrine hausse les épaules, en se dirigeant vers l’entrée.

— Sans aucun doute… Toutes des connes ! Allez, on entre, ça sonne.

Cathy la suit de près, intriguée encore par ses révélations.

— Non mais, il t’a vraiment mis la main sur la cuisse ?


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Buller dans le Marais…

Mais que peuvent-elles bien combiner ces deux là ?

Place des Vosges

Ah, vivement les beaux jours !

Ces jours plus longs et plus chauds où les rayons de soleil nous mitraillent par une de ces après-midi buissonnières et crapuleuses, tuant le temps au passage sans vergogne et sans que l’on puisse y faire quelque chose tant l’astre nous tient en joue par son feu redoutable, allongés sur l’herbe les mains derrière la tête.
Ah, je m’y revois déjà, bullant au cœur du Marais, dévalant la rue Saint-Antoine et me faufilant par le jardin du Petit Hôtel Sully jusqu’à la place des Vosges où trône en son beau milieu le square dédié à Louis XIII.
Ah, je m’y revois déjà, assis, un livre à la main que très vite je laisse tomber sur ma cuisse, laissant alors mon ouïe lire la musique des fontaines et mon regard se poser sur ce tableau orné de façades en briques rouges et de toits d’ardoise et qui m’encadre, moi, mon ombre et celles des marronniers.

C’est juste… carrément royal !

Oh mais qui sont ces créatures qui m’épient au loin, sous les arcades ?

Surgissent-elles du passé, filles de fer forgé qui entouraient jadis ce lieu en vogue et de festivités au XVIIème, les princesses de Rohan ou de Guéménée, les duchesses de Duras ou de Boufflers ou quelques autres Précieuses, que sais-je ? … A moins que ce ne soit deux œuvres vosgiennes qui cherchent à se faire une place dans la capitale ?
Que peuvent-elles bien combiner ces deux là ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez ces bulles avec ce qui vous vient à l’esprit.

Et ne me dîtes pas qu’il n’y a pas de quoi faire !

France 1, Allemagne 2

A deux jours d’un sommet européen attendu, François et Angela se sont offert ce soir un petit moment de détente au Stade de France.

En effet, le président de la république française a invité en toute amitié affichée la chancelière allemande à assister au match de football amical entre leurs deux nations dans le cadre du cinquantième anniversaire du traité de l’Elysée signé entre De Gaulle et Adenauer, marquant alors la réconciliation et le rapprochement entre les deux peuples.

Comment, parce qu’Angela et François étaient fâchés ?

Pas encore. Ils ont deux jours pour faire semblant et j’imagine qu’ils s’en sont donné à cœur joie ce soir dans la tribune présidentielle.

21h. Première mi-temps.

« Excuse-moi Angela, j’ai pas pu passer te prendre, je reviens de Bamako, là. J’ai eu une semaine très chargée !
– Ze n’est pas graveu Franzois. Ze comprends.
– T’as vu le Mali ?
– Oui, Franzois… et ze te féliziteu encore pour ton intervenzion rapideu et efficazeu. Toute l’union eur…

– Ah, non, Angela ! … Je te parle de la CAN. T’as vu comme ils se sont qualifiés en demi-finale les maliens ?

– Ah, euh… oui, Franzois.  Z’est une bonne chozeu pour le moral de ze peupleu !
– Oui, n’est-ce pas ? … Et tu sais que le sélectionneur est français ?
– Ah !
– On fait ce que qu‘on peut sur le terrain, tu sais. On est sur tous les fronts et un peu tout seul. Mais en même temps que l’on formait les soldats on a réussi à leur inculquer deux ou trois trucs en football… Ooooh ! … Quelle action de Ribery !
– Oh, il z’en est fallu de peu !
– Vous en êtes content ?
– Pardon, Franzois ?
– De Ribery ? … Je crois savoir qu’il est très actif au Bayern de Munich notre français.
– Oui, bien zûr, z’est un élément important de l’équipeu.

– C’est clair ! … Ooooh ! … quel but de Valbuena ! Tu as vu ? Quelle audace ! … C’est tout nous, ça ! Là, au bon moment !

– Oui, Franzois, ze crois que vous marquez un point ! »

22h. Deuxième mi-temps.

« Dis-moi Franzois, ton équipe est de belle factureu !
– Euh… Que veux tu dire par là, Angela?
– Oh rien, juste que z’est tout à fait normal que za finisse par payer ! On ne peut pas être toujours en défiziteu… de trophées.
– Oui, on n’en fait jamais assez. Mais là on a trouvé l’équilibre je crois en première mi-temps et on a été récompensé. J’espère que l’on va confirmer… oh !

– Ze crois que l’on vient de vous retirer votre avance d’un but.

– Euh, oui… un partout. Mais on va se refaire. Je crois que notre secrétaire d’état à la sélection a son plan de relance.
– Z’il vous rezte des munizions !
– Pardon ?
– Ha ha ! Z’est une petiteu blagueu. Mais le zampionnat franzais est bien armé il me zembleu. Z’ai entendu dire que le Qatar vous z’alimenterait, est-ze vrai ?
– A peine ! … un Zlatan, un Beckam tout au plus.
– Z’est pas mal ! …. Oh!  … comme zette zplendide aczion de Ôzil !
– Hein, quoi ?

– Mais zuivez un peu le match mon ami, vous perdez d’un buteu ! »

A suivre dans deux jours…

Moralité : La politique en Europe c’est comme au foot, c’est toujours l’Allemagne qui gagne à la fin.

 

Django Unchained

Ce que j’aime chez Tarantino… c’est que dès la première minute tu sais que t’es devant un grand film. 

Django unchained

Les premiers plans, les premières notes de musique te collent à ton siège jusqu’au décollage de la première scène, tu n’échangerais ta place pour rien au monde…

On est parti, on y va, on ne sait pas où mais on y va, tous assis dans la carlingue de ce cinéma, tu jubiles déjà, une minute à peine…

Tu t’entends même dire « c’est génial ! » et pourtant tu n’as encore rien vu.

Si j’ai aimé les suivantes ?

Autant demander à un expatrié qui rentre après deux ans de fried chicken s’il aime le pot au feu que lui a concocté sa petite mère.

Parce qu’il y va plein pot Quentin, il met le feu aux poudres des clichés, il nous l’a concocté aux petits légumes ce conte invraisemblable de sang et de vengeance laissant transparaître sa vérité de l’histoire… avec une grande hache.

Tarantino plante son décor tout en couleurs, du noir sur fond blanc de champs de cotons parsemés d’éclats rouges hémoglobine. Il raconte, il règle son conte germanique sur fond de règlements de comptes de chasseurs de primes et sur fond d’histoire surtout, celle de l’Amérique avec ce qu’elle a de plus noir…

Siegfried veut sauver la belle Brunhild encerclée par les flammes de l’enfer au pays de Candy.

Plutôt que de s’attaquer à la gravité d’un film historique, à la Spielberg comme dans « la liste de Schindler » ou encore son « Lincoln » à venir, Tarantino, lui,  choisit l’ironie de l’histoire.

Et l’on rit autant qu’il se moque, de l’absurdité, de la monstruosité et de la bêtise des personnages à l’image de cette scène burlesque, à la Monty Python, où les membres du Ku Klux Klan débattent sur l’intérêt de porter ces masques mal conçus et à travers lesquels ils ne voient rien. J’adore !

On retrouve dans ce Django l’esthétique d’un Kill Bill, dans les couleurs et la chorégraphie des combats, la truculence des dialogues d’un Pulp Fiction, les mots fusent autant que les balles, le verbe est l’arme la plus maniée avec verve par les excellents Christoph Waltz et Leonardo Di Caprio, sans oublier l’incroyable Samuel L. Jackson dans un rôle sur mesure.

Quand Jamie Foxx, lui, dégaine son revolver aussi vite qu’il tourne la langue dans sa bouche pour ne pas avoir besoin de parler.

Mais quelle dégaine… surtout dans son habit de valet !

Et que dire de la bande originale du film qui nous plonge tantôt avec brio dans l’univers du western spaghetti de Sergio Leone au son de l’incontournable Ennio Morricone, génial ! … tantôt avec culot dans des envolées hip-hop et ryhtm and blues qui nous font trépider sur nos sièges.

Ca déménage dans ce nouveau Tarantino grand cru…

un des meilleurs sans doute, qui mérite bien des égards et bien vos regards si vous n’êtes pas encore allé le voir, mais il n’est pas dit que l’Amérique voit ce regard sur son histoire d’un bon oeil au point de lui laisser le dernier mot… aux Oscars.

A suivre le 24 février prochain !

Vous aussi, laissez parler vos émotions dans une de ces rubriques :
avis d’expo, de spectacle ou avis de théâtre ou encore avis de ciné !

Les brèves du Café…

Pauvre Zorg !

« Il est sorti quand de l’hôpital ?
– Z’matin !
– Et t’es pas allée le chercher ?
– Ben non, z’travaille moi ! Et puis il avait qu’à pas faire le con avec zon vélo ! Zon pote Zohn il a un quat’ quat’, z’est plus facile pour zes béquilles et za zambe. En plus il zait conduire lui !

– Comment c’est arrivé ? »

Alors que Zozotte commence à raconter à Françoise la mésaventure de Zorg tout en essuyant les verres derrière le comptoir voilà que débarque le Pierrot tout fringuant, sautillant même, se frottant les mains gelées à l’idée d’un petit remontant qui réchaufferait l’intérieur.

« Salut les filles !
– Salut Pierrot !
– Bonzour Pierrot ! … Z’te sers un demi ?

– T’aurais pas un p’tit vin chaud plutôt ? Ses yeux pétillaient et son corps frétillait à l’avance du réconfort à venir après avoir bravé le froid glacial de son chantier.

– On n’a plus de cannelle, intervient Françoise. On en refera demain sûrement. Tu veux un chocolat chaud, un thé, une tisane à la place, s’amuse-t-elle à le provoquer ?
– Pouah ! … j’suis pas encore malade. Quoiqu’un grog… oh, non, j’aime pas le rhum ! Mets-moi une poire, tiens, pour commencer !

– Il a du se faire mal, reprend Françoise s’adressant à Zozotte.

– Ben il z’est pété l’oz de la cuizze, comment qu’il z’appelle dézà ?
– Ah, me demande pas à moi, j’ai toujours été nulle en anatomie.
– Bon ben, comme le tibia là, mais zur la cuizze.
– Le fémur, les filles ! On l’appelle le fémur, les dépanne alors Pierrot. Qui s’est cassé la binette si c’est pas trop indiscret ?
– Haan !
– Zorg ! Il y a trois zours, en vélo, sur une plaque de verglas. Y a pas idée à faire du vélo par un temps pareil… Mais Zorg il n’en fait qu’à za tête !
– Ah, ça me rappelle l’hiver 66 au col du Soulor, se lance Pierrot. Avec Robert on se préparait pour le championnat inter régional des Hautes-Pyrénées, j’avais une forme du tonnerre…
– Ca va Higgins, tu vas pas nous tenir la jambe avec tes souvenirs de guerre, l’arrête tout de suite Françoise.

– Tiens voilà de quoi t’aider à remonter le col du Soulor… On a du boulot avec Zozotte ! »

Elle lui pose sa poire sur le comptoir et entraîne sa collègue dans la salle. Pierrot hausse les épaules, bougonne brièvement avant de porter sa potion chauffante à la bouche.

« Il en a pour combien de temps à être immobiliséreprend Françoise ?
– Au moins deux mois. Après ils disent qu’il y a la rééducazion. Il est pas prêt de remonter zur zon enzin. Il peut faire une croix zur zon tour du Danemark !
– Le tour du Danemark ?
– Oui, z’est zon idée depuis trois mois. Il z’entraîne tous les zours pour partir un mois zet été avec Zohn et faire le tour de zon pays.
– Ah bon ? tu ne m’avais jamais dit !
– Tu parles. Za me rend dingue ! … Il parle que vélo depuis qu’il a eu zon diplôme d’inzénieur.

Au lieu de bozzer il veut déza prendre une année zympathique pour faire le tour du monde.

– Sabbatique, Zozotte !
– Z’est pareil, z’est la vie cool pendant que les z’autres bozzent ! Mais là, il va rezter à la maizon zans bouzer, za va lui faire les pieds !
– T’es dure avec lui dis-donc !
– Et lui alors ? Tu vas pas prendre za défenze tout de même ? Le zoir il parle que des zouzis de vélo. La nuit il dort pour être en forme le matin. Il z’lève à ziz heure pour faire zent kilomètres. Z’est pas une vie za pour moi. Z’avait pas tilté sur Meetic dans la rubrique des activités.

Faut faire vassement gaffe quand z’est écrit « pazzionné de zyclisme ».

Françoise sourit.
– Tu rigoles, poursuit Zozotte, mais moi z’ai plus de vie de femme. La dernière fois, z’était pour mon anniverzaire. Tu te zouviens de mes boucles d’oreilles ?
– Oui, elles t’allaient super bien.

– Et t’as pas tilté toi non plus. Mais z’est des roues de vélo ! 

Là, Françoise éclate de rire.
– Arrête, z’est pas drôle.
– Pardon, mais là j’ai eu une vision !
– Hein ?
– Non rien. Des roues de vélo ! … Elle rit à nouveau. Et… ha ha ! … il a un bon coup de pédale quand il monte sur toi ?
– Mais t’es bête ! s’offusque presque Zozotte.

Françoise rit de bon cœur, ce qui étonne toute l’assistance tellement c’est rare, et Tonio le premier, lui qui vient de rentrer dans le café les bras chargés de cartons de vins.

– Et ben, lâche-t-il depuis l’entrée, Françoise est de bonne humeur, ça nous promet une bonne journée ! 

– Haaaan ! »

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

La parodie d’une chanson

Parodier une chanson, c’est un jeu d’enfant !

En savoir + sur la parodie… ici >> !

Qui ne s’y est pas essayé pour un anniversaire, un pot de départ, jubilant du message détourné de la chanson originale ?

Même Patrick Sébastien y est allé de son célèbre « Je l’aime à courir » parodiant Cabrel et son amour jusqu’à la mort.

Oui mais respecter le rythme et la sonorité de la chanson originale pour un effet garanti  n’est pas toujours un exercice facile. Ecoutez !

[l’originale] Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui
Je suis le gardien du sommeil de ses nuits,
Je l’aime à mourir
[P. Sébastien] Moi je l’aimais bien et voilà qu’aujourd’hui
Elle est tellement bidon quand elle est là je fuis
Je l’aime à courir
(en soulignés, les mots qui changent)

Entendez comme la sonorité de la seconde phrase est moins fluide, on n’a plus les accents sur le son ‘s’ qui donne un souffle, une respiration au texte, non ?

C’est pourquoi plus on colle au texte d’origine, à sa trame, plus c’est facile !

Je vous rassure tout de suite. Il est très difficile de coller à ce point à un texte original, t’es excusé Patrick, surtout quand on veut lui donner un autre sens et que le but ici est d’abord de faire rire.

Mais on peut toujours essayer !

Par exemple, si on voulait parler de l’euthanasie (désolé, ce n’est pas gai !), on pourrait coller encore plus à l’original :

Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui
Je suis le gardien du sommeil de sa vie
Je l’aide à mourir

Là, je ne change pratiquement rien, je conserve la forme poétique originale.

Mais amusons-nous plutôt comme Patrick avec une autre idée, plus drôle, du genre :

  • « Je l’aide à sourire » en parlant de la caissière du supermarché
  • ou « Je l’aide à vieillir, grandir, dormir, courir… »

Parodiez le début (comme moi) ou un couplet ou toute la chanson si vous êtes carrément inspiré… sans vous prendre la tête sur la forme ! … là, on joue !

Moi je n’étais rien et voilà qu’aujourd’hui
Je suis le gardien du sommeil de ses nuits,
Je l’aime à mourir
Vous pouvez détruire tout ce qui vous plaira
Elle n’a qu’à ouvrir l’espace de ses bras
Pour tout reconstruire pour tout reconstruire,
Je l’aime à mourir
Elle a gommé les chiffres des horloges du quartier
Elle a fait de ma vie des cocottes en papier
Des éclats de rire
Elle a bâti des ponts entre nous et le ciel
Et nous les traversons à chaque fois qu’elle
Ne veut pas dormir ne veut pas dormir
Je l’aime à mourir
Elle a dû faire toutes les guerres
Pour être si forte aujourd’hui
Elle a dû faire toutes les guerres
De la vie, et l’amour aussi
Elle vit de son mieux son rêve d’opaline
Elle danse au milieu des forêts qu’elle dessine
Je l’aime à mourir
Elle porte des rubans  qu’elle laisse s’envoler

Elle me chante souvent que j’ai tort d’essayer
De les retenir de les retenir
Je l’aime à mourir
Pour monter dans sa grotte cachée sous les toits
Je dois clouer des notes à mes sabots de bois
Je l’aime à mourir
Je dois juste m’asseoir je ne dois pas parler
Je ne dois rien vouloir je dois juste essayer
De lui appartenir de lui appartenir
Je l’aime à mourir

Laissez aller votre imagination… Amusez-vous !

En savoir + sur la parodie… ici >> !

Mathilde se dérobe…

Mathilde se remarie !                                 Épisode 3  / 15

Revenir à l’épisode précédent >>
Robe sur cintreMathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

 Deux jours plus tard, appel d’urgence : « SOS meilleure copine ».

Sandrine retrouve Mathilde chez sa mère, dans la chambre de son enfance. Elle est allongée sur son lit, en pleurs.

— Qu’est-ce qui t’arrive, mon Poussin ?

Mathilde ne réagit même pas au petit nom qui l’insupporte. Sandrine comprend que l’heure est grave.

— Hou là ! qu’est-ce qu’il t’a encore dit ton mec pour que tu te mettes dans un tel état ?
— Hanc ! je ne veux plus le voir ! dit-elle enfin en se retournant vers son amie… Tout ce qui l’intéresse, c’est son boulot et sa collection de voitures miniatures.
— Il n’a toujours pas passé l’âge ?
— Si tu savais, il a deux cartons  de souvenirs hanc ! d’enfance à la cave. J’ai même trouvé hanc ! une trousse avec des billes… Je ne peux pas comprendre. C’est sa réponse à tout d’habitude, sauf que là, hanc ! depuis l’idée de célébrer les dix hanc ! de mariage, il a mis la face B du disque. Je ne te comprends pas, Math… hanc !

— Dis, tu ne veux pas te moucher ? C’est agaçant ces coupures. On se croirait dans une vidéo en streaming avec le débit d’une box Free.

Mathilde se relève et s’assied au bord du lit avant de s’exécuter bruyamment.

— Il t’a dit quoi ? poursuit Sandrine dans son interrogatoire.
— Heinc ?
— Il t’a dit quoi ton Paulo pour te mettre dans un tel état ?
— Les mêmes choses ! Que cette idée de mariage c’est du grand n’importe quoi, un fantasme de filles, que vous êtes des…
—  Des quoi ? se braque Sandrine, prête à lui en coller une à la première occasion.
— Des folles. Et que toi, la première, tu n’avais qu’à te marier si ça te faisait kiffer au lieu d’embarquer les autres. Tout le monde en a pris pour son grade, je te rassure. Même ma mère qui n’y est pour rien, il l’accuse de chercher à m’accaparer pour ne pas être seule.
— Quel con !
— Il a même ajouté que l’on ne devait pas dénigrer le mariage, que c’était un sacrement.
— Ben voyons ! Lui qui ne met jamais les pieds dans une église. Il est sacrément con !
— À la rigueur, on pourra aller au resto, il a dit. Juste tous les deux. Comme si ce n’était que pour me faire plaisir. Il s’en moque de cet anniversaire !
— C’est le moins qu’on puisse dire.
— Comme du reste. Il ne m’aime plus, Sandrine, il ne me regarde plus, il rentre tard, on ne fait… on n’a pratiquement plus de vie intime ou alors… Oh, j’en peux plus ! … Il ne veut jamais qu’on parle d’enfants, c’est…

Mathilde refond en larmes de plus belle. Sandrine la prend dans ses bras.

— Oh, non ! Mon poussin…
— Haan ! Arrêteu !
— Mon bébé… Tu sais quoi ? on devrait arrêter de les supporter ces mecs, tous les mêmes !

On devrait vivre ensemble toutes les deux…

Mathilde s’arrête net de pleurer, repoussant Sandrine un peu trop affectueuse.

— Heinc ? Mais ça va pas ? Je ne suis pas…
— Oh, mais moi non plus, qu’est-ce tu crois ! Je parle juste de vivre ensemble, en couple, on baise avec qui on veut, de vrais amants qu’on jette quand ils ne sont plus bons à rien et on s’épanouit à la maison comme autrefois quand on était ados, tu te souviens, quand je dormais chez toi, dans cette chambre ?
— Arrête ! On n’est plus des ados, Sandrine. Je veux avoir une vraie vie de famille, moi ! … Un mari, des enfants…
— Le bonheur sur terre, quoi. Regarde où ça te mène. Dommage, Poussin, on aurait pu être heureuse toi et moi.
— Je ne suis pas comme ça. Désolée d’être conventionnelle mais…

Tout à coup, on frappe à la porte. C’est Joëlle qui entre avec Lætitia.

— Bonsoir, ma chérie, je n’ai eu ton SMS qu’après la séance. Si j’avais su que tu dormais là, je ne serai pas allée au cinéma. Oh! mais tu as pleuré ?
— Ce n’est rien. Vous êtes allées voir quoi ?
Tabou, un film portugais.
— Ah ? Et c’était bien ?
— L’histoire de cette femme m’a transporté du début à la fin. Pas toi Lætitia ?
— Un peu long, mais très beau.

— Ça m’a rappelé toute une époque, l’Afrique avec ton père.

Voyant le visage de sa fille se décomposer, elle s’assied à ses côtés et la serre dans ses bras pour la réconforter. Seulement rien ne semble pouvoir arrêter les nouvelles échappées lacrymales de la future remariée, en plein doute.

— Mais qu’est-ce qui se passe mon trésor ?
— C’est encore Paulo, intervient Sandrine, il ne veut pas jouer le jeu, pas plus qu’il ne veut lui faire un gosse, ce bouffon !
— Ah mais si ce n’est que ça, je te refile les miens, Mathilde, plaisante Lætitia pour tenter de détendre l’atmosphère. Je sais, ça ne se dit pas, mais là, ils me mènent la vie dure. Ça y est, le petit remange avec nous à table.
— Comment ça ? demande Sandrine éberluée.
— Je ne supportais plus ses caprices pour avaler trois brocolis le soir. Alors, je le collais avec son assiette dans sa chambre pour ne plus l’entendre chouiner.
— T’as pas fait ça ?
— Quoi ? C’est pas comme si je l’avais mis à la cave. Et Dieu sait si j’y ai pensé !

Tandis que Sandrine découvrait comment Lætitia pouvait être pire qu’elle avec un gosse, Joëlle portait son attention sur la grande armoire.

— Dis donc, ma chérie, tu as ressorti ta robe. Elle est magnifique ! Une ou deux retouches et tu serais superbe ! Pourquoi en choisir une autre ? 

— Y a plus de fête, mam’hanc ! je crois que je vais demander le divorce. 

Derrière, deux voix tintent à l’unisson : « Alléluia ! »


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Buller au Grand Palais…

Quelle impression on vous fait, là haut ?

Hopper au Grand Palais...L’autre jour, je bullais au Grand Palais, plus précisément à son pied, dans la file d’attente qui nous menait, ma sœur et moi, à l’exposition très courue de Hopper. « Joyeux Noël frangin ! Merci Sister ! »
Mais rien ne servait de courir pour qui n’arrivait billet en poing, merveilleux sésame que nous détenions en menottes et qui allait nous libérer de l’insoutenable attente promise dans l’interminable file d’à côté où on pouvait lire sur un écriteau l’inscription flippante :

« A partir de ce point, il y a 4h d’attente ».

Certes, notre file avançait un peu plus vite que sa voisine, clouée dans son lit d’inhospitalité avec de l’espoir en perfusion, cependant il nous faudra près de trente minutes pour passer le pas de la grande porte d’entrée.
Trente minutes durant lesquelles tous les regards étaient rivés au perron, immobiles, silencieux, attendant qu’il se passe quelque chose, un signe, un mouvement, une bonne nouvelle. Le tableau était frappant. Des lignes droites de files, des lignes perpendiculaires d’une pluie fine, un sac bleu turquoise, un parapluie vert bouteille, un rond rouge au pied d’un clarinettiste qui agrémentait l’attente d’une agréable musique.

Comme la sensation étrange de faire partie… de l’expo.

Quand deux regards curieux ou avisés nous scrutaient d’en haut, allant chacun de son commentaire sur l’étrange tableau que nous leur présentions.
Mais quelle impression on peut bien vous faire ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez ces bulles avec ce qui vous vient à l’esprit.

Rassurez-vous, vous avez tout votre temps !