Je suis écrivain…

Ce n’est pas facile à dire.

Je suis écrivain, au fond qu’est-ce que ça veut dire ?

Jouons un peu, si vous le voulez bien…

L’écrivain, c’est celui qui écrit et qui est publié (ou juste lu). Point.

A ne pas confondre avec*…

L’écriveur, c’est celui qui écrit, c’est tout.
Il écrit sur tout mais surtout il écrit.

L’écrivant, c’est celui qui écrit et qui s’inscrit dans son récit.
Il écrit par chemins de traverse.

L’écriviste, c’est celui qui écrit et le revendique.
Il pratique l’écrivisme, écrire la bonne parole.

L’écrivier, c’est celui qui écrit pour sa culture.
Il sème l’inspiration et récolte un récit par saison.

L’écrivole, c’est celui qui écrit par distraction.
Il écrit pour le plaisir puis jette à la poubelle.

L’écrivaire, c’est celui qui écrit par décret
dans le but d’assigner autrui, de régir le monde.

L’écrivasse, (subst. féminin, péjoratif), c’est celle qui écrit vulgairement.
Peut être associé à toute forme de « langue de pute ».

L’écrivure (son homologue masculin) ne vaut pas mieux,
inutile que je vous fasse un dessin.

L’écrivette, c’est celui qui écrit pour… pour quoi déjà ?

 

Amusez-vous à inventer le type d’écrivain-veur-vier que vous êtes ou que vous imaginez…

(*) bien entendu tous ces mots et définitions sont issus de mon imagination.
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Des Bleus à la belle étoile

D’écrits vains à écrivain, il n’y a qu’un pas…

et je viens de le franchir !

Une aubaine, la Coupe du monde de rugby, une rencontre, et nous voilà partis les Editions Salto et moi pour un coup, notre première fois, pour une belle aventure de publication, tels des bleus cherchant à décrocher nous aussi une belle étoile…

Le livre sort le 19 septembre…

Et le bébé ressemble à ça :

CouvertureJuillet 2015, les Bleus se préparent pour la huitième Coupe du monde de rugby. L’impensable se produit. Les joueurs de l’équipe de France, les entraîneurs et le chauffeur du bus disparaissent. Sans laisser de traces.
Mais où est passée la huitième sélection ? Qui a fait le coup ? Y aura-t-il une équipe pour représenter la France lors de cette compétition ? L’aventure des Bleus, en marche pour la Coupe du monde de rugby, comme vous ne l’auriez jamais imaginée.
Des chèvres les Coqs de Saint-André ? Vous ne pensiez pas si bien dire. Un thriller jubilatoire, une évasion littéraire pleine de rebondissements et d’humour…

Pour l’acheter, c’est par là >> 

 Suivez sa sortie sur la page Facebook dédiée ici >>
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Allô Papa Hebdo Charlie…

Ne nous abandonnez pas comme on vous a laissé bien seul trop longtemps,

Mercredi je serai-là, et le suivant… et le suivant !

Comme cet air qui me vient …
une parodie en clin d’oeil à un journal qui doit retrouver les kiosques.

Allô Papa Hebdo Charlie
Allô Papa Hebdo Charlie
Répondez, nous vous cherchons
Allô Papa Hebdo Charlie
Allô Papa Hebdo Charlie
Vous nous publierez bien sûr
Encore vos caricatures !

Je soutiens Charlie Hebdo, le journal.
Et pour que l’on n’oublie jamais, chaque semaine après l’avoir lu, je le laisserai sur un banc ou un siège de métro, bien en évidence au dessus des gratuits « vingt-minutes » ou « Métro ».
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Live Unblogged !

Débranchez le jack de votre écriture

et laissez exprimer le son acoustique de sa gratte sur le papier !

On n’est pas bien là, face à la mer, en haut de cette montagne, à la fraîche, déconnecté du net, le crayon à la main, on grattera quand on aura envie de gratter… ou encore au bord de ce ruisseau qui chante et que mon écriture accompagne ?

Ecoutez ce son roots de l’écriture !

Le Café de la page blanche ferme ses posts momentanément, le temps d’un projet d’écriture. Il reviendra dans quelques temps, autrement… (j’y réfléchis) mais toujours avec la même idée de partager ce plaisir d’écrire.
Vous pouvez continuer à surfer sur les pages du blog et laisser des commentaires si l’envie vous prend.

Mais n’oubliez pas de débrancher de temps en temps ! 😉

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Le nouveau est arrivé !

Dans un petit bistrot du 14ème, il fait sensation !

Dans les jupes de la DRH qui ne le lâche pas d’une semaine, cruciale pour gonfler les ventes, il se présente à toutes les tables, ravissant tous les verres vides du Marketing qui n’attendaient que lui, sous les yeux de ses collègues résignés à l’étage.

« Bonjour, je m’appelle Beaujolais Villages, je suis nouveau. »

400 salariés qui triment toute l’année pour servir leur entreprise l’ont très mauvaise, laissés pour compte sur leurs étagères, ils n’hésitent pas à cracher du goulot sur le nouveau dès qu’ils ont l’occasion de l’ouvrir »

« C’est chaque année pareil, il n’y en a que pour le stagiaire ! » se lamente JB, rangé au placard.

« T’as vu son fut’ … c’est pas du chêne ! dit le vieux du Haut-Médoc.
– Il n’a même pas de robe, pouffe la fillette de Julienas.
– Normal, c’est pas une nouvelle ! rétorque le petit Morgon toujours le vin pour rire.
Arrêtez un peu, attendez de voir s’il est bon ! tempère le Chiroubles qui connaît bien le nouveau, puisque c’est son neveu.
– Encore du piston ! s’agace le Brouilly en froid avec tout le monde depuis qu’il a été mis au frais par la direction, trop jeune. »

« Moi, dit le père Ricard, je vous parie que dès demain on me demande à genoux de relever le niveau »

A vous d’imaginer une réplique, un dialogue, un récit, typique du milieu de l’entreprise, avec ses sujets fétiches, la machine à café, le harcèlement, les plans sociaux, les syndicats…

Amusez-vous !

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Vous aimez jouer avec les mots, c’est aussi là- haut dans la barre de thèmes, à Jeu d’écriture !

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Um dia a Lisboà (4)

Parce qu’on me l’a demandé plusieurs fois cet été, je le partage ici avec vous au Café.
Un jour à Lisbonne, en 4 parties… très subjectives, voire intimes !   << Retour au 1er volet <<

 Au coeur de la movida lisboète !

Lisboà plan2
Ce soir, je sors dans le Bairo Alto !

Itinéraire d’un enfant gâté par les trésors d’un quartier noctambule.

18hvous êtes au niveau de la place du Rossio (ou place Dom Pedro IV) où trône l’édifice du théâtre national. A deux pas, en quittant la place par le parvis do largo de Sao Domingos, vous passez devant l’incontournable A Ginjinha ! …

Très prisé par les locaux autant que les touristes, ce bistrot de passage a su rester authentique. Pour 1,20€ vous avez droit à la boisson locale (avec ou sans cerises, « com o sem fruta »), à boire sur place, le temps de prendre le bus ou le métro ou juste avant de rentrer à la casa.
Mais pour vous, c’est un avant-goût de l’apéro … liquoreux !
.
Remontez de l’autre côté du théâtre vers la place Restauradores, en passant devant la somptueuse devanture de la gare du Rossio, souvenez-vous. Juste après la place, sur la gauche et juste avant les majestueuses contre allées de l’avenida da Liberdade, se trouve le funiculaire da calçada da Gloria qui vous emmène au niveau du Bairo Alto.

19hvous profitez du superbe panorama de Sao Pedro de Alcantara (cliquez sur la photo pour agrandir) et juste face à l’arrivée du funiculaire dans la rue du même nom que le miradouro, se trouve L’institut du Porto (2) derrière une grande porte qui donne sur un grand hall d’hôtel.

N’hésitez pas à entrer (pas d’enseigne) !
Ici vous pouvez déguster les meilleurs portos proposés sur une carte difficile à appréhender tellement il y en a. Les prix vont de 2 à 20€ le verre. Intéressant si vous aimez le porto, sinon un peu huppé comme ambiance.

Vous préférez un endroit plus atypique, déjanté, qu’à cela ne tienne… suivez-moi !

19h30 – Poursuivez sur la droite du miradouro, par la rue Sao Pedro de Alcantara jusqu’à arriver à la rue Dom Pedro V, au numéro 89 se trouve O Pavilhao Chines (pavillon chinois). Là, je ne vous dis rien, pas même une photo… entrez et ouvrez grands les yeux … de nombreuses salles … la dernière est réservée aux fumeurs, avec deux billards … « C’est … c’est … hou ! … il est fou le proprio ! » … Là, c’est cocktails et tout alcool de pub, pints of stout and other ales… y a même des Mojitos !!

20h30Une fois l’apéro enfilé, vous pouvez arpenter la zone du Bairo Alto (astérisque sur le plan) pour manger et passer le reste de la soirée dans le quartier comme proposé dans le volet précédent, selon le flair et l’envie.

Tard dans la nuitPour redescendre, je vous suggère d’emprunter mes escaliers préférés, A Calçada do Duque, qui se trouvent juste à côté du parvis de l’église Sao Roque.

Chaque palier de ces escaliers donne lieu à un point de vue différent sur le contre-bas de la ville ou du château, illuminé. J’adore ! …

Arrivé en bas, derrière la gare du Rossio, encore elle, toute resplendissante, il n’est pas rare que l’on marque un dernier arrêt dans ce quartier rénové pour déguster en terrasse un petit Maciera (genre de calva), histoire de digérer cette belle journée, « esto dia a Lisboà », que je vous souhaite mémorable !

Et si vers 4h du matin vous traineriez encore du côté de la rua da Rosa, les plus malins pourront dénicher une porte sans enseigne qui fleure bon le pain chaud. Entrez donc ! … Il s’agit d’une padaria (boulangerie), on vous y vendra volontiers les premiers « pao com salsicha » (pain avec saucisse) du jour qui s’apprête à enfiler son aube pour la messe du dimanche et absoudre au possible les péchés de la nuit écoulée.
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Deuxième Démarque

C’est le nom d’un groupe composé de deux jeunes musiciens que je connais bien et qui, du haut de leurs 35 ans amassés sur un compte épargne-temps commun depuis leurs naissances… ou presque, écrivent et composent avec talent.
Des chansons abouties, force de travail et d’oreilles musicales, à l’envi, comme des portes qu’ils voudraient voir s’ouvrir sur une grande scène quand derrière eux d’autres doucement se ferment sur une adolescence encore incertaine.

L’idée m’est venue de comprendre à travers leur expérience comment naît une chanson.

Des mots sur une musique, un rythme ou bien…
des accords sur des paroles, une émotion ?

J’avais un titre !     (première partie)

Antoine a bien voulu répondre le premier à ma question.

« Le pont des artistes », c’est lui.

Lui qui a écrit le texte. Sam, son compère, a contribué à finaliser la musique.

« A la base j’avais un titre ». 

Ne lui demandez pas d’où ça lui vient !

.

Oubliez le Pont des Arts au dessus de la Seine…
ou les quais imaginaires d’une autre scène, place Delille à Clermont-Ferrand, où guitare sur le dos les mots se seraient exilés pour fuir la rive trop droite d’un lycée, là où le bac n’accoste pas.

Une émission peut-être ou il l’a lu. « Je ne sais pas » qu’il vous dit, n’insistez pas !

Le titre, il s’est levé avec un jour, il lui plaisait, l’inspirait, et il s’est dit, j’ai envie d’écrire une chanson dessus. Point.

Alors comment sont venues les paroles, la musique ?

« Je ne l’ai pas écrite d’un coup. Il y a eu plusieurs jets. Tout d’abord elle a pris une forme différente. Après j’ai commencé à écrire le texte comme ça et en même temps je posais les accords dessus. Et j’ai trouvé la mélodie en écrivant, en fait. C’est un peu bizarre… »

Rien de bizarre… L’inspiration ne souffre d’aucune règle, si ce n’est l’évidence.

Je résume. Un titre, des premiers mots, des accords qui se posent dessus, une mélodie qui se dessine, des paroles qui se réécrivent dessus et un rythme qui les cale. C’est ça ?

« Ouais, si tu veux »

En tout cas le résultat sonne comme une belle promesse d’avenir… Moi j’aime !

A écouter… à plus d’un titre ! … ici ! >>

Et si vous aimez, partagez… dîtes-leur ! 

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Comme un air de campagne…

On y entre par la porte des Lilas ou celle du Pré Saint Gervais, entre le parc de La Villette, celui des Buttes Chaumont, la rue de Belleville et le périphérique, une enclave bucolique, un hameau pittoresque, un petit air de province qui vous prend là.

La campagne à Paris, ça n’est pas que le square de Montsouris ou le petit îlot pavillonnaire historique de la porte de Bagnolet, c’est aussi le 19ème arrondissement, son quartier du Danube jusqu’aux abords chantants de la rue de Mouzaïa.

Liberté, Egalité et Fraternité…

plus qu’une devise de notre république, triptyque de rues publiques indivisibles, un tableau qui enchante par ses chemins de traverses, villas pavées et fleuries, des réverbères éclairant la scène à chaque passage des artistes en costumes de briques colorées, de céramique et de meulières.

Trois rues que l’on emprunte dans un sens ou un autre, peu importe, tant que l’on n’oublie pas de faire une halte dans ce lieu atypique qu’est le café Aux petits joueurs, rue de Mouzaïa.

Entrée de garage ou bar de routiers, on ne sait trop quoi penser devant cette façade jaune aux allures de province. On entre, c’est grand, des tables alignées comme dans une cantine, au milieu une scène, il ne manquerait plus qu’un feu au milieu de ce campement tzigane pour jazz manouche.

Parce que ce soir, on joue du jazz manouche avec un quartet qui promet autour du guitariste aux doigts affûtés, Michael Gimenez, un violoniste, un contrebassiste et un batteur, tous des pointures, bien chaussés dans leurs instruments.

« Ici on déguste de la bonne musique
et on écoute de bons petits plats ! »

Parce qu’on mange aussi, à la bonne franquette et à la bonne charcutaille, sélectionnée avec soins par le patron, dit Bobosse, un astérisque sur le menu vous raconte pourquoi. Je vous laisse le plaisir de la découverte.

La formule plaît, l’ambiance est conviviale. Tout pour passer une bonne soirée.

Des plats et des prix corrects quand la musique ce soir là était, elle, excellente… de Django à Oscar Peterson en passant par Petrucciani ou encore Duke Ellington… une version de Caravan endiablée !

Aux petits joueurs, vous l’aurez compris, à l’extérieur comme à l’intérieur, le « déparisement » est assuré !

Vous aussi, offrez-nous vos coups de coeur dans une de ces rubriques : avis d’expo, de spectacle,  avis de ciné, avis de lecture ou encore avis de théâtre !

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La parodie de la RATP

Le message de la RATP à l’intérieur des vieux RER A, toujours en circulation, (vous savez les rouge et bleu, crades et bondés), est aussi clair qu’il se veut poétique.

Gardez les rames propres en usant des poubelles mises à votre disposition.

L’idée est originale, la poésie a un côté scolaire et le résultat fait plus sourire qu’il n’est vraiment efficace.

C’est déjà ça !

Oh ! Je vous entends déjà vous moquer, détourner le message tant la RATP et son RER fétiche suscitent bien des réactions quant aux nombreux dysfonctionnements dont ils font l’objet chaque jour.

C’est pourquoi je me disais que l’on pourrait parodier ces poèmes pour leur faire passer nos messages, à notre tour !

Même les provinciaux, jouez avec nous, n’êtes-vous jamais monté dans ce train fantôme pour quitter la Gare de Lyon ou vous rendre à Euro Disney, déjà bien secoués ou morts de trouille à rester aussi longtemps dans un tunnel sans la moindre information ?

Moi j’ai bien une idée sur l’un d’entre eux… Et vous ?

Deux autres poèmes du vieux réseau ferré :
Les chewing gum sont de grands romantiques
Ces coeurs d’artichauts s’attachent très vite
Mais les pauvres, rarement, sont aimés en retour
Ils cherchent désespérément le grand amour
Alors que la promesse d’un amour fusionnel
Est dans tous les couloirs: c’est la poubelle !
**********
 Elle va et vient la canette de bière
Négligemment laissée sous un strapontin
Elle donne aux voyageurs le mal de mer
C’est pas banal en souterrain
Pour ne plus avoir mal au coeur
Jetez la à la poubelle, ce sera le bonheur.

Laissez aller votre imagination… Amusez-vous !

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Un peu court…

Mathilde se remarie !                                 Épisode 15  / 15

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Mariée 23Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

— Mais je vous jure, je ne suis pas folle… C’est moi qui l’ai tué !

Le commissaire vénitien se lisse la moustache entre le pouce et l’index, dubitatif. Il observe attentivement Mathilde, dans un état d’hystérie évident de la femme trompée, prête à tout pour nier la réalité. Elle est dans un état vestimentaire aussi lamentable, ce qui augure une nuit de déchéance poussée à l’extrême. Elle a sans doute tenté de mettre fin à cette humiliation en se jetant dans le canal. En vain, elle cherche désormais à tuer le mari en s’inventant cette histoire sordide. Classique.

— Vous avez des origines italiennes ? demande soudain le commissaire à Mathilde, dans un français assez clair malgré un fort accent.
— Oui, s’empresse de répondre Joëlle. Du côté de son père… Je suis sa mère.

Le jeune officier, d’une quarantaine d’années, sourit à la maman, arguant sa perspicacité. Il n’a pas étudié la psychologie féminine mais il connaît bien les femmes de son pays. Et cette Mathilde lui semble en avoir tous les traits de caractère. Sandrine et Joëlle lui sourient à leur tour, elle n’en mènent pas large. Pourvu qu’il croie en leur version !

— Reprenons calmement, recommence le commissaire à interroger l’auto-accusatrice. Vous avez tué votre mari, à Paris. Vous l’avez enterré en Suisse puis vous êtes venue à Venezia  voir si des fois il y était avec sa maîtresse, c’est ça ?
— Mais la Suisse et Venise, c’était une idée de Lætitia !
— Oui, Lætitia… Celle qui est rentrée à Paris avec l’autre femme qui jouait la maîtresse.  Ingénieux ! lâche l’agent, l’air moqueur, avant de contre-attaquer. Sauf que le brigadier Bolotelli, ici présent, et qui revient de l’Hôtel Barbarigo, vient de confirmer que Monsieur Teixier, votre mari, a été identifié, photo à l’appui, en compagnie d’une dame, et c’est regrettable, malheureusement non enregistrée. Le réceptionniste est formel, ils sont repartis bras dessus bras dessous hier matin, avant de disparaître. Et de plus, sa carte Visa vient d’être authentifiée à l’instant par votre banque.
— Mais c’était pas lui à l’hôtel !
— Alors qui ? Un sosie ?

Mathilde se tourne vers Sandrine, sans oser la dénoncer. Le regard de son amie semble lui demander : « Tu veux m’envoyer en prison ? »

— Je ne sais pas, je ne sais plus ! s’exclame l’interrogée, prête à pleurer.
— Madame Teixier, s’il vous plaît, reprend le commissaire, soyez raisonnable. J’aime beaucoup la France, et vous êtes la preuve vivante des beautés qu’elle cultive, dit-il, lissant à nouveau sa moustache, agrémentée d’une petite moue. Oh, bellissima ! J’y ai moi-même vécu avec mon père durant mon enfance, dans le sud, à Toulon, continue-t-il sur un ton théâtral. Ah, la culture ! Votre patrimoine n’a rien à envier au nôtre et, croyez-moi, la Roma se sent toute petite à côté de la grandiosa Parisis. Mais, excusez ma franchise un peu crue, conclut-il, en reprenant une diction normale…

Ici, in Italia, les histoires de cul sont légions.

Comprenez-moi… Une femme qui suit son mari et qui découvre sa liaison dans un hôtel, c’est le sport national féminin chez nous. Quand elles ne jurent pas qu’elles vont le tuer, elles croient, comme vous, l’avoir déjà fait tellement la nuit elles sont dévastées par un sentiment de colère et de vengeance.

— Mais… Mais moi je l’ai tué, dit Mathilde à voix basse, prête à abdiquer.
— Et combien même, Madame Teixier ! poursuit le commissaire qui l’a bien entendue. Admettons que vous l’ayez tué en France et enterré en Suisse, ce n’est pas mon affaire. C’est celle des autorités françaises et suisses. Allez donc les voir et dites-leur où se trouve le corps. Basta !
— Mais… je ne sais pas… je dormais, répond Mathilde, se tournant vers Joëlle et Sandrine. Elles savent, elles !

Sandrine prend un air sincère d’étonnement autant que de désolation devant l’état de détresse de son amie. Quand Joëlle regarde droit devant, masquant toute expression et renforçant l’idée que sa fille ne sait plus ce qu’elle dit.

— Écoutez, c’est un peu court, jeune femme !

L’officier de police se dirige vers la porte invitant gentiment ces dames à la prendre.

— Il est deux heures de l’après midi, et le week-end a été mouvementé avec le clan Siccelli. J’ai de véritables affaires à élucider, avec de vrais cadavres qui remontent du Grand Canal. Alors, je vous promets, si votre mari refait surface, d’une manière ou d’une autre, je vous appelle en personne. Mais en attendant, retournez chez vous, il est sans doute déjà sur le chemin du retour, des alibis plein les poches. Ciao, au revoir mesdames !

Mathilde fond en larmes sur le trottoir. Sandrine n’a qu’une envie : lui en coller une. Comment elle a pu leur faire ça ? Mais Joëlle la devance et prend sa fille dans ses bras.

— C’est fini, ma chérie, c’est fini. On va rentrer.

Mathilde écarte brusquement sa mère et la menace.

— Oh, non, c’est pas fini ! Oh, non ! Vous ne vous en sortirez pas cette fois, Lætitia et toi. On va rentrer, oui ! mais une fois là-bas, j’irai…

Un bruit sourd. Sandrine s’est intercalée entre Joëlle et sa fille qui n’ont rien vu venir. Mathilde est parterre, complètement sonnée. Sa mère, debout, est choquée.

— Sandrine ! Qu’est-ce que tu as fait ?

— Ça s’appelle un coup de boule. J’ai appris ça avec Enzo au lycée.
Ça fait deux jours que ça me démangeait. Putain, ça fait du bien !
Tu ne l’as pas volé, Poussin !

Mathilde passe sa main sur le front, un petit œuf se forme soudain. La douleur est vive. Elle regarde Sandrine avec stupeur. Elle a envie de hurler mais se retient, comme une appréhension.

— Tu vas nous emmerder encore longtemps ou tu comptes redevenir une adulte responsable ? lui lance son agresseur, avec un air et les mots de Lætitia.
— Pardon, murmure Mathilde, consciente du risque encouru pour sa mère et ses amies. Pardon !

Joëlle aide sa fille à se relever, constatant l’énorme hématome derrière sa frange.

— Aïe ! se plaint la victime. S’il te plaît, ne le touche pas. Ça pique !
— C’est moche. Viens, on va trouver une pharmacie. Un coup de boule, mon dieu… Sandrine, t’y es allée un peu fort !
— C’est pas moi qui ai commencé, hein, Poussin ?
— Arrê… teu ! réplique Mathilde, du tac au tac.
— Ah! ça y est. On l’a retrouvée, notre Mathilde ! se réjouit Sandrine en se jetant dans ses bras.
— Aï…euuuuh !
— Pardon, Poussin ! … Han ! j’ai la dalle. On se fait des vrais pastas ce soir avant de prendre le train de nuit ? … Allez quoi !

Mathilde hausse les épaules, Joëlle ne dit pas non.

— J’en connais un génial, enchaîne aussitôt Sandrine. Oh, putain j’ai la dalle  !

Puis en deux temps trois mouvements, elle expire un ultime soulagement.

— Allo, Lætitia ? …

Tu peux défaire ta valise, on ne va plus en prison !


FIN

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