Les brèves du Café…

Trois briquets dans la nuit

« Salut Tonio !
– Salut Khalid ! Je te sers un demi ?
– Ouais, je vais le boire avec mon ami, en terrasse…
– Fernaaando Torres ! beugle-t-il en s’approchant de la table 7 où se tient Fernand, la tête dans ses écrits.

– Alors, on ne dit pas bonjour à son pote Khalid ? »

Se retournant, surpris, Fernand esquisse un sourire et serre la main tendue par son ami, ou plutôt son collègue de bureau, pour peu que l’on puisse considérer le café comme leur lieu de travail.

Depuis deux mois que Khalid cherche un boulot, il a élu domicile au Café de la Page blanche, comme pour se donner bonne conscience, penché sur une feuille blanche, un stylo dans une main, sa bière dans l’autre, tantôt planchant sur une lettre de motivation, tantôt sur son CV. Très vite en levant la tête, il avait repéré Fernand avec qui il ne tarda pas à se prendre d’amitié et dont la faculté à faire des belles phrases le ravit immédiatement.

Fernand l’appréciait aussi, pour son bagout, son aisance à se lier avec les gens. Il pensait déjà à lui pour un personnage dans ses essais qui n’en finissaient pas de s’essayer et de ne jamais voir le jour. Tout n’était que brouillon pour l’instant, rabâchait-il souvent à Zozotte qui s’impatientait que son livre soit édité pour trouver dans une librairie une part de gloire à travers son propre personnage.

« Bonjour Khalid ! Ca me fait plaisir de te voir.
– Alors t’avances bien ? … fais-voir ! … je peux ? …

Le milieu ambiant est l’âme des choses. Whahou ! … Chaque chose possède une expression propre, et cette expression lui vient du dehors.

– Et bé ! … C’est chiadé !
– Merci, c’est juste un brouillon pour l’instant…
– Hé ! Tu sais quoi, j’ai pécho l’autre jour grâce à ton livre.
– Lequel ?
– Prévert. Comment c’est le titre déjà ? … Ma parole !
– Ah, celui-là ! … Paroles. Tu as aimé ?

– Ouais, j’adore. On peut faire une pause à chaque page. Cool ! C’est court, c’est nickel pour moi. En plus  y a des passages, c’est trop de la balle !
– Ah oui ?

– Justement l’autre jour, j’sortais avec une bourgeoise du 8ème, je l’ai bluffée. Tu vas pas m’croire, écoute. Elle me sort texto au p’tit matin: « on est quel jour ? ». Z’y va que je lui réponds direct : « on est tous les jours mon amie, on est tous les jours mon amour ».

Et là, elle a kiffé grave, j’te jure. C’est trop fort Prévert ! »

Fernand sourit, loin de penser que la prose de Prévert puisse être un outil de drague efficace.

« Et tu utilises souvent les vers de Prévert pour… séduire ?
– Y en a un qui marche à tous les coups, c’est c’ui des briquets, là !
– Des briquets ?
– Ah, comment ça fait déjà ? … Ah, oui ! … j’allume trois briquets dans la nuit, le premier pour voir ton visage, le second pour voir tes yeux, le troisième pour voir ta bouche et là, et là… écoute, écoute… Et l’obscurité toute entière pour me rappeler tout ça en te serrant dans mes bras. Trop fort j’te dis !
– Il s’agit d’allumettes il me semble.

– Ouais mais ça marche aussi avec des briquets »

Fernand ne peut s’empêcher d’éclater de rire gentiment.

« Pourquoi tu ris ?
– Oh, rien… c’est ta façon de le raconter, on dirait une charade ! »

Et Fernand rit à nouveau plus généreusement.

« Oui, mais je m’applique t’inquiète ! … Merci en tout cas, c’est trop bien comme bouquin.
– T’en as d’autres des comme ça, de lui ?
– Tu veux que je t’en fasse une liste à la Prévert ? s’amuse à lui proposer Fernand.
– Ouais, ouais que de Prévert. L’autre jour tu m’as fait lire du Beaudelaire, c’est trop triste ! »

Tonio dépose alors le demi sur la table des amateurs de poésie et interpelle Khalid sur leur sujet fétiche.

« T’as vu le carton rouge de Zlatan samedi ? … On est mal, on est mal !
– Trop la classe son geste de kick boxing… Tout ce qu’il fait c’est la classe ! »

A ce moment-là, Françoise entre dans le café : « Pff … ça parle encore football ! »
Khalid s’offusque alors :
« Et z’y va, elle, on parle de Prévert depuis un quart d’heure !
– Laisse tomber, le reprend Tonio, ça fait une semaine qu’elle est de mauvaise humeur, tout ça parce qu’elle n’a personne à son atelier d’écriture pour retraités. Chut, la r’voilà !
– Vous connaissez Prévert, Madame Françoise ?
– Hein ?

– L’histoire des briquets. C’est un mec, il allume trois briquets dans la nuit.
Il s’arrête et se reprend :

– Ca marche aussi avec des allumettes ! » 

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Le Blue mot

Ecrire comme je joue,

Ecrire comme j’improvise,
Sur trois accords d’un blues
Et un art [des] mots que j’électrise.

Le blues c’est quoi ?

Trois accords, trois tonalités, trois couleurs,
Cinq notes, une pentatonique mineure,
Une même phrase qui se décline dans tous les sens, en pleurs, et…

la Blue note, cette inflexion de la quinte qui serre le cœur.

Ecrire comme je joue, pourquoi pas ?
Suivant une phrase pentatonique de mon blues, cinq mots pas plus,

  • Le sujet dans le rôle de la note tonique, ça va de soi,
  • Le verbe dans celui de la tierce, conjugué en mineur,
  • La quarte et la quinte laissant leurs places aux compléments d’objets directs ou indirects qui permettent de nous situer dans l’action,
  • Quant à la septième mineure, il faut l’imaginer comme une préposition, un petit plus, intrigante et toujours prête à abattre sa quarte.

Ecrire comme j’improvise,
avec le Blue mot qui vous prend là !

Ca donnerait quoi ?

  • Ma penta de mots, par exemple :  Je suis amoureux de toi
  • Mon Blue mot  : Fou
  • A cela, comme tout musicien qui joue du blues, j’ajoute des effets : Whaou ! … Oh ! … Hou ! … Yé !

C’est parti… en pure improvisation !

Je suis amoureux de toi.
Oh ! Je suis amoureux de toi.
Toi, toi, toi, toi !
Je suis amoureux, hou !
Je suis fou amoureux de toi.
Je suis toi, je suis deux, whaou !
Amour, eux, toi, hou !
Fou amoureux de toi,
Fou amoureux, fou amoureux, fou amoureux, fou amoureux,
Fou amoureux, fou amoureux, fou amoureux, fou amoureux de
Toi, toi, toi, toi !
Je suis âme a-mou-reux !
Jeu, amour, toi, Whaou !
Fou amoureux de toi…
Je suis, Oh !
Fou amoureux de toi…
Je suis amoureux de toi.

Ho yé !

Vous voulez essayer ?

Pour s’amuser à écrire avec du rythme et du son, il y a aussi « My name is Band,.. » !
.

Buller dans le parc (2)

Mais qu’est-ce qu’il a à ricaner, celui-là ?

Je ne vous ai pas tout dit, l’autre jour quand je bullais dans le parc, allongé sur le dos sur un banc de marbre au niveau de la fontaine de la Pyramide, dans les jardins de Versailles. Vous vous souvenez ?
Mais si ! … je travaillais mes abdos, comme toujours après mon footing et mes étirements :
« une minute vingt, une minute vingt et une, argh ! …vingt-deux, arrrgh ! … vingt… tr..ois … »
Quand à quelques mètres de moi des éclats de voix me firent me redresser d’un bloc sur le banc.
« Vingt quatre ! »
Et ben, il était là, juste derrière moi, appuyé sur son bâton, genre Gandalf le blanc bec, mais sans sa cape ou encore DSK sortant de sa salle de buis  !  … Il était là avec son air sarcastique à me regarder suer sur mon banc.
Qu’est-ce qu’il pouvait bien se dire celui-là ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez cette bulle avec ce qui vous vient à l’esprit.

Pour une fois que je vous offre un bâton pour me faire battre, profitez-en !

À l’heure de (se) défiler…

Mathilde se remarie !                                  Épisode 1  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

— Qu’est-ce qu’on fout ici ?

Lætitia, de sa belle voix grave et suave, interroge les filles qui attendent, comme elle, devant l’entrée des Caves de la Mignonne, à Sancerre, où se tient un salon du mariage. Cathy, toujours aussi intimidée par sa responsable, se sent obligée de répondre.

— Il paraît qu’il va y avoir un défilé… Heu, enfin… Je crois.
— J’avais compris, Cathy. Il n’empêche, je me demande bien ce qu’on fout ici. Elle n’est pas destinée aux futures mariées, cette soirée ?
— Bah ! …

Cathy baisse les yeux, n’osant avouer qu’elle espère bien, un jour, être concernée.

— Tu as raison, Lætitia, intervient Joëlle, l’air désabusé. Je ne comprends pas non plus notre présence ici. Tu ne comptes pas te remarier tout de même, ma Choupette ! dit-elle, en se tournant vers sa fille.

Mathilde soupire, levant les yeux au ciel. Si seulement elle pouvait revenir en arrière. Ce merveilleux jour lui semble si loin.

— J’ai eu les invitations dans Elle et Marie-Claire. Autant en profiter ! J’adore voir les défilés. Alors, en plus, avec des robes de mariées, ça va être trop chou !
— J’espère surtout qu’ils seront à la crème, les choux, Poussin ! lui souffle Sandrine en l’attrapant par la taille. Moi, je n’suis ici que pour la picole et les p’tits fours. Ce serait un comble qu’il n’y ait pas de pinard dans une cave !
— Ne commence pas à m’appeler Poussin ou je déchire ton invitation sur le champ. On n’a plus dix ans !
— Je rigole, Mathiiilde, détends-toi !
— Comment tu fais pour boire et manger tout le temps sans prendre un gramme ? se désole Cathy devant la minceur de l’effrontée. Moi, dès que j’mange un bout de chocolat il vient se carrer là ! ajoute-t-elle en montrant son ventre.
— Le secret tient en cinq lettres, ma p’tite Cath’, lui répond Sandrine : le sport ! Viens courir le dimanche matin, tu verras comme ça décrasse des toxines de la semaine.
— J’sais pas courir… Han !

Le téléphone portable de Cathy sonne. Elle semble en panique.

— Excusez-moi… Oui, allo ? … ALLO ! … J’entends rien… Allo ? … T’es où ?

Tandis qu’elle s’éloigne, Lætitia en profite pour se renseigner.

— Mais on attend qui au juste ?
Une amie de Cathy qui devait nous rejoindre, répond Mathilde.
Depuis quand elle a des amies en dehors de nous ? lâche Sandrine avec son ironie habituelle.
Sauf qu’elle est en retard et qu’on risque de rater le défilé, poursuit Mathilde, l’air stressé comme si elle allait se marier.
— On pourrait bien rater le buffet aussi, ajoute Sandrine. Quand tu vois ce qu’il y a au menu. Rien qu’à le lire, j’ai la dalle.
— Cathy a raison, tu ne penses qu’à manger et boire.
— Et toi qu’à te remarier, Poussin ! Oups! Pardon… Je ne recommencerai pas, juré, craché.
— T’es fatigante ! Et puis, qu’est-ce que tu racontes ?
— Il ne faudrait pas grand chose pour que tu ressortes ta robe du placard, hein ?
— Pff !
— Tu n’rêves que d’ça… Tu kifferais de repasser une de ces robes, j’me trompe ?
— Et combien même ! Je suis déjà mariée, je te rappelle. Parle plutôt pour toi !
— Pitié ! Épargne-moi ce grotesque. Le mariage et moi ça fait deux, tu sais bien.
— Mais pour tout le monde, rétorque poliment Joëlle, provoquant un rire général.
— Pas faux, rit de bon cœur Sandrine. Moi je veux bien qu’on kiffe la robe, qu’on s’éclate dans une méga teuf, mais la mairie, l’Église et tout le tralala, très peu pour moi. Rien que le discours du maire fait flipper.

Qu’il dirait « je vous marie au nom de la loi, vous avez le droit de garder le silence, si vous ne vous soumettez pas à tous vos devoirs, tout ce que vous direz pourra être utilisé contre vous », ce serait du pareil au même. Moi, je ne me laisserai jamais mettre derrière des barreaux.

— Comme tu exagères, Sandrine, tempère Joëlle.
— Oh ! à peine, partage Lætitia. Heureusement qu’il nous reste le droit à un avocat pour le divorce.
— Que vous êtes tristes, les interrompt Mathilde. Et l’amour dans tout ça ?
— C’est bien là le mystère, répond Lætitia. J’ai beau regarder en arrière, je ne sais pas à quel moment il s’est fait la malle, celui-là. En tout cas, c’était bien longtemps avant que je ne lui emboîte le pas.
— Mais qui parle de se marier ici, d’abord ? relance Joëlle. Ma fille l’est déjà. Elle est juste venue voir un défilé par nostalgie. Hein, ma Choupette ?
— C’est exactement ça, maman, dit Mathilde en l’étreignant. Elles sont en train de gâcher mon plaisir.
— Mais personne ne te dit le contraire, revient à la charge Sandrine. Je dis juste qu’on ne devrait pas être obligé de se passer la corde au cou si le trip c’est une belle cérémonie dans une belle robe.

Et si on organisait justement une belle bringue, comme ça, pour le plaisir de porter une de ces robes ?

Sandrine montre les tenues sur les affiches collées à l’entrée.

— Ça ne te ferait pas kiffer, Pouss… Mathilde ?
C’est vrai qu’elles sont magnifiques. Mais bon… Je… enfin, ça ne se fait pas.
Et pourquoi pas, juste comme ça… Pour les dix ans, tiens !
T’es folle !

Joëlle et Lætitia se regardent interloquées.

— Encore une idée loufoque de Miss Sandrine, dit la deuxième. Où tu vas les chercher ?
Oublions les conventions et faisons-nous plaisir, merde ! Mathilde rêve de porter une de ces robes, de revivre ce grand moment. Elle n’est pas condamnée à rester brimée le reste de sa vie !
Mais enfin, s’éberlue Joëlle, tu ne veux pas qu’elle se remarie, tout de même !
— Et pourquoi pas ? insiste l’effrontée. On devrait renégocier le contrat tous les dix ans, moi j’dis.
— C’est pas con, souligne Lætitia. Au moins ce sera l’occasion de mettre les points sur les i et de voir si ton homme est toujours aussi motivé. J’aurais sans doute économisé quelques bonnes années de ma vie.
— Alors, Mathilde, qu’est-ce que t’en dis ? Il est temps de renouveler le bail avec Paulo !
— Mais t’es complètement folle !
— Moi j’adore l’idée, se réjouit Lætitia.
— Ma pauvre fille, où est-ce qu’elles t’emmènent ?
— N’inverse pas les rôles, Joëlle, dit Sandrine, c’est elle qui nous a emmenées ici. Moi je ne fais qu’interpréter ce que disent ses yeux. Regarde comme ils brillent !
— Pff ! …
— Et si on allait les voir, ces robes ? lance Lætitia. Je suis sûre que notre future mariée va craquer sur l’une d’elles.
— Mais, arrêtez ! Je ne vous suis pas dans votre délire.
— Allez ! on entre, moi j’ai la dalle. CAAATH’ ! hurle Sandrine, sifflant ensuite avec ses doigts pour être certaine d’attirer son attention. ON ENTRE !
— Il se gare. J’arrive ! lui répond Cathy.
— Il ? Je croyais que c’était une copine à elle, s’étonne Lætitia.
— Moi aussi, confirme Mathilde.

Cathy regagne alors la troupe.

— On peut y aller, il nous rejoindra à l’intérieur… Qu’est-ce que vous avez à me regarder comme ça ?
— Je croyais que c’était une amie à toi qui devait nous retrouver, dit Mathilde.
— Je ne t’ai jamais dit une amie, rétorque Cathy, je t’ai dit une connaissance.
— Attends Cath’, ne me dis pas… Non! … T’as pas fait ça ? s’inquiète Sandrine.
— Mais quoi ! s’agace l’intéressée. Il habite Nevers, ça aurait été dommage de…
— Elle l’a fait, j’y crois pas.
— Elle a fait quoi ? demande naïvement Joëlle.
— Elle nous ressort un plan Meetic, lui traduit Lætitia. Un gars d’internet, quoi.
— Attendez, c’est une soirée jeunes mariés, non ? Je ne vois pas ce qui cloche de venir accompagnée !

— Ce qui cloche ? T’es relou, putain ! C’était une sortie entre filles, qu’est-ce que tu nous ramènes un mec que tu n’connais même pas.

— Mais Sandrine, il habite…
Nevers, on a compris !
Si je ne le fais pas là, je ne le fais jamais.
Des fois jamais, ça a du bon, crois-moi, rétorque Lætitia, du fond du cœur.
Hein ? …
Bon, nous on entre, conclut Sandrine, on a assez attendu.
Je viens avec vous, il nous retrouvera à l’intérieur.

Cathy enfile des lunettes de soleil discrètement et sourit à Mathilde qui est la seule avec sa mère à ne pas lui crier dessus.

— Il me reconnaîtra avec ça.

Sandrine n’en croit pas ses yeux.

— Des lunettes de soleil ! On va dans une cave, Cath’.
T’inquiète, je vous suis de près.

En aparté, à Mathilde, elle montre sa boutonnière, toute excitée.

— J’ai aussi la petite fleur, là.
J’espère sincèrement pour toi que ce sera le bon, ma Cathy.

Mathilde embrasse affectueusement sa collègue de travail et entre avec la petite bande dans la cave. Un premier défilé est sur le point de démarrer. Pendant que Sandrine dévore des yeux le buffet, les autres se frayent un chemin au plus près de la scène.

— Hé, les filles ! Vous avez vu les p’tits fours ? … Et là-bas, les macarons ! Wouah ! Toutes ces couleurs, c’est magnifique ! Y a aussi une pièce montée, ça me donne faim, putain !
— Ramène ta fraise, l’interpelle Lætitia. Le défilé va commencer.

Sandrine la rejoint et s’assied à côté de Cathy tandis que Mathilde, Joëlle et Lætitia sont installées juste la rangée devant. La petite salle commence à se remplir. Une première fille fait son entrée sur la scène sous des applaudissements.

— Elle est vraiment belle ! s’émerveille aussitôt Mathilde.
Un peu osée, non ? ose souffler Joëlle à sa fille.
Tu crois ? rétorque celle-ci. Moi j’aime bien le côté échancré dans le dos.
Voyons les autres, ce n’est que la première.

Sans s’en rendre compte, Joëlle se prend au jeu, émue comme si elle allait vraiment marier sa fille. Cathy, elle, ne regarde pas que les robes. Elle alerte Sandrine d’un coup de coude, tout en retirant ses lunettes.

— Eh ! t’as vu le mec, là ? … Pas mal, hein ?
Lui, tu peux être sûre qu’il recherche une petite aventure avant l’heure fatidique pendant que sa promise fait le tour des traiteurs.
Pourquoi tu dis ça ?
— Le sixième sens, ma chérie. Je ne sais pas pourquoi ton Dieu t’en a dépourvu.
— Oh, ça va ! C’est autant ton Dieu que le mien. C’est pas parce que…

« Chuuuut ! » entend-on des rangées derrière. Alors que Cathy allait remettre ses lunettes, elle est prise de panique et les retire aussitôt. Une main sur sa boutonnière, elle tente de dégrafer sa fleur. Sandrine s’inquiète de la voir s’agiter ainsi.

— Qu’est-ce que tu fais ?
Aide-moi, s’il te plaît… Vite !
Quoi ?
Zut ! j’arrive pas à enlever cette foutue fleur en plastique.

Sandrine ne fait pas dans la dentelle, elle arrache la fleur et le bouton avec.

— C’est quoi ce délire ?

« Chuuuut ! » entend-on encore des rangées derrière.

— Ne te retourne pas ! Derrière-toi, c’est lui, j’en suis sûre. Les lunettes noires !

Sandrine se retourne discrètement et ne peut éviter de pouffer de rire.

— Mais tu l’as déniché où c’ui-là ? … Tu t’es inscrite sur Meetic seventies… Hoho! Pfffou !  On dirait Dick Rivers.
— Le salaud, murmure Cathy, il m’avait dit qu’il n’avait pas la quarantaine.
— Il ne t’a pas menti. Il y a bien longtemps qu’il ne l’a plus… Ahahah !

« Chuuuut ! » insiste-on des rangées derrière. « Allez discuter dehors ! »

— Tiens, dit Cathy lui tendant ses lunettes, tu peux me ranger ça dans ton sac, je vais aux toilettes ?
Hein ?

Tandis que Cathy s’échappe discrètement par le couloir opposé d’où arrive l’heureux élu du site de rencontres, Sandrine se retrouve avec une pièce à conviction dans chaque main. Elle se fait aussitôt remarquée par un homme tout vêtu de cuir noir qui se dirige directement vers elle. Retirant ses lunettes, il lui chuchote à l’oreille d’une voix rock & roll.

— Alors, on se rencontre enfin, bébé ?
Oh putain, non… Caaath !


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Dans la maison

Allez savoir qui manipule qui dans ce thriller bien amené par François Ozon, très jubilatoire j’ai trouvé dans son approche et de par la prestation de ses acteurs bien choisis.

Luchini égal à lui-même, le jeune Ernst Umhauer, banal élève doué très crédible de normalité, Kristin Scott Thomas, presque aussi nature que sa galerie d’arts invraisemblables est naturiste et où Yolande Moreau, dédoublée en sœurs jumelles peinturlurées des pieds à la tête, complète parfaitement les objets et autres tableaux loufoques. Je mettrais un bémol pour la famille des Rapha, père et fils, d’une classe moyenne caricaturée à souhait et dont Emmanuelle Seigner force un peu trop le trait. Bref !

Qui manipule qui ?

Telle semble être la question à se poser à la sortie du film. Mais sans aucun doute le réalisateur le spectateur. Telle semble être la seule réponse que j’ai trouvée.

Car si cette question se pose en fil conducteur pour le spectateur tout le long du film, c’est pour répondre à une autre question que traduit sous la forme d’un schéma simple le professeur de français à son élève.

Quel est le désir, le but final de celui qui écrit… ou qui manipule ?

A cette question, je vous attendais au tournant de la chute, monsieur Ozon, avec autant de délectation que la déception a été grande à l’arrivée. Je suis entré dans le roman avec vous, avec le professeur, avec l’élève.

Et comme eux, je me suis pris au jeu, et comme eux, je ne voulais pas être déçu. Oh non, monsieur Ozon !

Car à trop manipuler, on finit par laisser des traces, un peu grossières parfois jusqu’à casser son jouet, mon jouet… à trop appuyer dessus.

Je ne détaillerai pas ici cette déception pour ne rien dévoiler de la chute, mais devenu co-scénariste forcé, la fin méritait à mes yeux plus de subtilité, de machiavélisme peut-être, de crédibilité surtout sur certaines scènes, enfin plus d’originalité qui aurait laissé ce spectateur-réalisateur en manipulé conquis.

Cet avis est purement subjectif et n’enlève rien à l’intérêt, la curiosité ou le plaisir du film que je vous conseille d’aller voir pour vous l’approprier. Vous qui écrivez ou avez écrit, c’est une vraie leçon d’écriture qui vous fera sourire. Et avec quel professeur !

Mais par pitié, à toutes les questions que le film pose déjà, ne vous rajoutez pas celle-ci, inutile : « Mais pourquoi il n’a pas aimé la fin ? ». Il n’y a pas d’explication rationnelle.

 

Vous aussi, partagez vos critiques et coups de coeur dans une de ces rubriques : avis de ciné,   de théâtre  ou d’expo, de spectacle !

Mes dix ans me reviennent…

« J’ai dix ans, je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans ! » chantait Alain Souchon.

Mes dix ans me reviennent parfois avec toutes ses questions aussi bêtes que naïves sur ce monde d’adultes qui est le mien désormais et auquel je ne me fais toujours pas.

Pourquoi faut-il que nous remboursions la dette, papa ?

Papa n’est plus là pour répondre, ou bien il est trop las pour s’y aventurer avec son grand âge, tout juste arriverait-il à marmonner : « Oh tu sais de mon temps…», je suis assez grand pour comprendre tout seul, me dirait ma sœur, déjà grand-mère.

Oui mais voilà, je ne comprends pas !

Qui c’est qui a dépensé l’argent que l’on n’avait pas, si ce n’est pas mon père, ma mère qui ont toujours fait attention, un peu trop à mon goût, le découvert à la banque leur faisant autant peur que la prison, ma sœur unique, qui travaillait à la Samaritaine et qui arrivait à vivre avec les trois-quarts de son smic, le reste engraissant un livret A, un PEL, un CEL et un livret développement durable pour faire face à son avenir que quand elle sera mariée et qu’elle aura des enfants.

Quant à moi, je suis rentré dans la banque qui a vendu à ma sœur son livret A, son PEL, son CEL et son livret développement durable lui assurant que quand elle sera mariée ce sera mieux pour la maison, les travaux et la voiture de Fred, mon beauf. J’ai travaillé honnêtement pour un salaire honnête, j’ai emprunté et remboursé honnêtement, j’ai consommé avec cet argent honnête des produits honnêtes que vendaient des magasins honnêtes.

Alors quoi… pourquoi je dois rembourser la dette, moi ? Qui a emprunté des milliards si ce n’est pas moi ?

Un homme d’affaires au comptoir, surgissant de son journal, m’a interloqué :

« On est tous dans le même bus mon vieux ! »

Puis, enfilant son verre cul-sec, il a commencé à vouloir m’expliquer. Je me souviens m’être bloqué à l’arrivée du mot compétitivité. Je n’entendais que Titi, et quelle ne fut pas ma surprise quand j’ouïs qu’il fallait fermer le ‘Rosminet. Et puis le mot croissance me rappela soudain que je devais grandir encore, manger de la soupe toujours, du haut de mes un mètre vingt. Bouh, c’est petit pour mon âge, pensais-je. Mes pensées se perdaient dans cette forêt de mots, si dense qu’elle masquait tout ciel possible, moi qui rêvais de lune et d’étoiles, de planète du Petit Prince, de rose, de renard apprivoisé et de plein de couchers de soleil. Mon esprit et mes yeux se brouillaient quand un autre monsieur plus rigolo avec des grosses bretelles et un nez rouge, sauf que c’était son vrai nez, se pencha sur moi, du haut de son tabouret de trois mètres, et me parla de notre planète, pas toujours rose, de ses grands princes et autres renards mal apprivoisés.

« Ecoute petit, imagine que l’on soit tous dans ce bus…
– Tous ?
– Oui, le monde entier, petit, dans un bus tellement grand que tu ne peux même pas voir le chauffeur.

– Whouah !

– Aux premiers rangs ils sont quelques privilégiés seulement à voir la route et à discuter avec le chauffeur. D’ailleurs, ce sont eux qui lui donnent les indications sur l’itinéraire à prendre. On les appelle les financiers. Ils sont plutôt agités et les politiques derrière, les commissions qui encadrent le voyage ont du mal à les faire taire, surtout quand ils scandent le même refrain à tue-tête. (il chante)

« Chauffeur si t’es champion, appuie-euh ! …appuie-euh ! … Chauffeur si t’es champion, appuie sur les millions ! »

– Pourquoi ils chantent ça ?
– Parce qu’ils sont euphoriques, comme toi quand tu vas en colonie de vacances, tu es pressé d’arriver à destination. Eux, c’est pareil, et encore plus quand tu sais que leur destination est un vrai paradis !
– Whouah ! … et ils nous emmènent tous là-bas ?
– C’est ce qu’ils nous font croire, sauf que, à quelques milliers de rangs derrière encore, certains analystes, plutôt sceptiques, voient arriver le danger.
– Quel danger ?
– Des fossés à chaque virage, le mur à l’arrivée. Alors ils demandent au chauffeur de ralentir, voire de s’arrêter. Seulement il ne les entend pas d’autant que les autres chantent plus fort et le bus va à deux cents à l’heure, projetant dans les ravins ceux qui se sont trop penchés à ses fenêtres.
– Ho !
– Forcément, ce qui devait arriver arriva !
– Le mur ?
– Oui, un crash terrible… tuant le chauffeur sur le coup et quelques uns des privilégiés aux premiers rangs. Les autres s’en sont sortis presque indemnes après un court séjour à l’hôpital public.
– Et nous ?
– Nous ? … Certains se sont fait éjectés de part et d’autres du bus, d’autres n’ont pas survécu. Et pour ceux qui restent, ils n’ont pas d’autres choix que de monter dans le nouveau bus, affrété par ces mêmes financiers qui indiquent la même route au nouveau chauffeur. Sauf que le ticket est devenu beaucoup plus cher pour que la compagnie du bus rembourse ses dettes à cause des réparations.

– Mais moi je ne veux plus être dans ce bus !

– Tu veux rester au bord de la route ? Regarde-les ceux-là, ils pensaient comme toi et une fois dehors, regarde comme ils essayent de s’accrocher, pieds nus, affamés, la tête dans le pot d’échappement … il n’y a rien dehors, une misère plus grande que celle de ceux qui sont au fond du bus…
– Mais qu’est-ce que je peux faire alors ?
– Tu payes ton ticket, tu te cales bien dans ta place et tu attends. Au mieux tu rouspètes avec la rangée de devant. Et peut-être que si on est nombreux à chanter fort, on nous entendra devant. Peut-être… »

Mes yeux s’ouvraient en grand, le tabouret rapetissait, les bretelles ne faisaient plus qu’une, en une jolie cravate et le rouge du nez avait désormais gagné les joues de l’homme d’affaires qui me tapa sur l’épaule.

« Et ben mon vieux, faut pas faire une tête pareille, on dirait un un gamin qui a perdu sa maman ! »

J’ai dix ans, laissez-moi rêver que j’ai dix ans !

Buller dans le parc…

Mais qu’est-ce qu’ils peuvent bien se dire, ces deux-là ?

L’autre jour je bullais dans le parc de Versailles, côté jardin précisément. Allongé sur le dos sur un banc de marbre au niveau de la fontaine de la Pyramide, je travaillais mes abdos, comme toujours après mon footing et mes étirements :
« une minute vingt, une minute vingt et une, argh ! …vingt-deux, arrrgh ! … vingt… tr..ois … »
Quand à quelques mètres de moi des éclats de voix me firent me redresser d’un bloc sur le banc.
« Vingt quatre ! »
Je me retournais en direction de  l’allée des Marmousets, ou l’allée d’Eau, comme vous voulez, vous savez cette allée qui descend jusqu’aux bassins du Dragon puis de Neptune avec ces espèces de chérubins potelés et joufflus qui dansent et jouent soutenant une énorme vasque au dessus de leurs têtes. Non ? … ce n’est pas grave !
Deux personnages, chacun sur son piédestal, l’un haranguait l’autre qui faisait tout pour l’énerver, dans une sorte de jeu à la « je t’aime, moi non plus ». Seulement d’où j’étais je ne distinguais pas leurs mots.
Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien se dire ces deux-là ?

Je suis sûr que vous avez une petite idée !

Remplissez ces deux bulles avec ce qui vous vient à l’esprit.

Vous n’allez tout de même pas rester de marbre !

Les brèves du Café…

Brève au comptoir

« C’est comme ça et puis c’est tout ! conclut Tonio. Et d’ajouter :
– C’est encore moi le patron que je sache !
– Rrrhan ! ».

Françoise rageait à l’intérieur. Elle trouvait l’idée ringarde et le faisait savoir à son patron… à sa façon. Le vieux n’aurait jamais laissé passer ça. Le Café de la Page blanche associé à la « beauferie » des idées de ce type.

« Pff … ».

Elle repassa derrière le comptoir sans regarder son interlocuteur.

« Oh, tu peux pouffer à défaut de faire des phrases. Elle est belle la discussion ! » reprit Tonio.
– Ben z’est vrai que z’a pas été trop le ztyle de la maizon… » crut bon d’intervenir Zozotte.
Toi, ressers donc un coup à Pierrot, tu vois bien qu’il est à marée basse au lieu de te mêler d’affaires qui ne te regardent pas ».

Tonio enchaîna, prenant Pierrot à témoin.

« C’est vrai quoi, j’vois pas où est le problème. Ce tableau noir, il est pratiquement vide depuis qu’on a rouvert il y a six mois. Qu’est-ce t’en penses toi ?
– Ah, moi j’trouve que c’est une idée géniale. Ça nous évitera d’aller chez les rosbifs samedi prochain !
acquiesça le plus fidèle des clients du patron.
– Haaaan, gros malins !  lâcha Françoise dans sa plus longue phrase de cette discussion qui durait depuis une heure déjà.

– C’est quoi ces han de… p… porteuses d’eau ? s’agaça Tonio, cherchant ses mots. T’es fatiguée ? .. Euh… mets moins d’eau dans le pichet si c’est trop lourd ! »

Il esquissa un sourire quand Françoise baissa la tête et attrapa deux assiettes qu’elle claqua brusquement dans l’évier. L’eau du robinet s’écrasait dessus à haute pression. Ainsi exprimait-elle sa colère dans une symphonie de fracas de vaisselle.

« Haha ! … Des han de porteuse d’eau, haha ! C’est bon, ça ! s’esclaffa Pierrot.
– Heiin ! … Z’est pas de vous, za ! » osa se mêler à nouveau Zozotte tout en servant sans regarder un deuxième whisky au client privilégié du patron.
– Stooop ! hurla Tonio qui voyait son alcool dix ans d’âge partir gratuitement. On voit que c’est pas toi qui le paye.
– Merci Zozotte ! Les yeux de Pierrot pétillaient devant une telle rasade.
– Et après ?
s’insurgea Tonio, c’est interdit de s’en servir pour faire un bon mot. Moi aussi j’ai lu Molière !
– C’est De Rostand,
le reprit Pierrot en aspirant du bout des lèvres le trop plein de son alcool à la limite de déborder du verre.
– De Roustand ? … heiin ? … Je l’ai jamais entendu dire ça et pourtant je le suis depuis Téléfoot, je suis fan de son blog dans l’Equipe.
– Mais non, j’te parle d’Edmond De Rostand, Cyrano de Bergerac. Et l’autre hé… Roustand haha !!
– Ah ben oui, c’est dans ce film même qu’il y a la fameuse réplique… euh.. c’est un pif, c’est un cap…
Il moulina ses gestes de sa main droite pour poursuivre avec un ton théâtral. Oh, que dis-je c’est un cap, c’est… euh… c’est une euh… insule ! »

Puis il se reprit, gêné :

« Euh, bon.. je sais plus trop mais… mort de rire ! » Et il rit.

Voilà que Fernand fit son apparition. Onze heures deux minutes. Une vraie horloge ce Fernand.

« Bonjour !
– Bonjour !
– Salut !
– Oh ! Bonzour m’zieur Fernand !
– Ah, je vois que Françoise n’est pas dans un bon jour,
lâcha le poète tout en lui adressant un sourire.
– Bonjour Fernand. Je suis juste un peu énervée, là !
– Ben oui, le bozz veut nous mettre un écran zéant devant le tableau pour zuivre les matss de rugby,
intervint spontanément Zozotte.
– Ouais et alors, poursuivit Tonio, j’vois pas où est le problème. Faut qu’il y en ait pour tout le monde ici.
– Pourquoi pas ? C’est une bonne idée, dit Fernand en se tournant vers Françoise.
– Pff !

– Madame trouve que ça fait pas assez littéraire pour l’endroit.

– Ben oui, z’est pas l’ztyle de la maizon…
– Moi j’aime bien le rugby même si je ne comprends pas tout,
ajouta Fernand. Et puis, c’est une matière à écrire comme une autre. Ca peut donner l’occasion de s’initier à une chronique sur les résultats des matchs, non ?
– Voilà, Fernand nous fait la chronique et on l’affiche en vitrine le lundi,
conclut Tonio, fier d’avoir gagné son bras de fer avec Françoise. Il a horreur quand ils se font la tête, ça peut durer très longtemps.
– Ah, mais je n’ai pas dit que ce serait moi le chroniqueur sportif. J’en suis bien incapable, alerta tout de suite Fernand.
– Mais qui alors ? demanda Tonio
– Toi ! Je suis sûr que tu as la verve pour nous concocter des petites brèves hebdo sur le sujet.
– Moi ? Tonio rougissait sans s’en rendre compte.
– Lui ?
s’étouffa Zozotte incrédule.
– Pff !
– Mais oui ! confirma
Pierrot déjà à sec depuis cinq minutes qu’il écoutait ses amis débattre. Ca s’arrose, non ?
– C’est la tournée du patron »
le rassura Tonio.

Une phrase qui sonnait comme un Alléluia dans les oreilles des quelques acolytes accoudés au comptoir.

Ainsi naquirent les brèves d’Ovalie ce matin-là, au comptoir du Café de la Page blanche.

Vous voulez la suite ? … cela ne dépend que de nous  !

Le décor est planté ! La rubrique Brèves du Café nous attend pour animer ce petit monde selon notre imagination et notre culture sitcom, série télé ou scène de théâtre !

Et n’oubliez pas, les Brèves d’Ovalie se mettent à jour chaque week-end… ou presque !

Vous pouvez suivre les articles directement en vous ABONNANT au blog : mondialrugby2011.canalblog.com/

A toi, à mots !

« Il n’y a plus d’eau ! » s’exclama Mimi en revenant du puits.

Le chef du village décida de réunir les sages aux premières lueurs de l’aube. Mais elle tardait à venir, la pauvre nuit refusait de partir.  De plus, ce qu’il ne savait pas, c’est qu’ils étaient partis chasser le perdreau.
« Hein, la nuit ? … tu es sûre, Mimi ? … me v’là beau !
– Je m’en vais quérir le grand sage auprès de l’arbre à palabres ! »

Et il s’en alla au petit matin sur le chemin de sa quête avec sa canne et un chapeau.

Nous sommes quelques-uns à l’avoir suivi plein d’enthousiasme.

Vous êtes quelques-uns aussi à vous être perdus, comme lui, dans le désert des mots sans cette foutue lettre ‘o’, interdite, et avec au moins une fois le son ‘o’, phonétique.

Et pourtant, les quelques que nous restons encore puisons des mots nouveaux chaque tour pour relever le défi et surtout se défier entre nous avec l’esprit joueur.

Petit clin d’oeil à Gwenaëlle qui tient bon la barre de cette aventure. Bravo !

Rejoignez-nous et étonnez-vous…

dans ce jeu où les univers de chacun ne font plus qu’un, où votre famille de mots s’agrandit, où une histoire invraisemblable se tisse au fil de votre imagination !

A toi, à mots, c’est ici... où là haut dans l’onglet Jeu d’écriture… juste en dessous !

Essayez ou revenez-y ! …  Anaïs, Pascal, Smoreau, Véronique, vous séchez ou quoi ?

Tant que je vous tiens, vous qui passez par là, ce blog, ses sollicitations, ses jeux d’écritures, l’ami Caouette, le Jazz Band virtuel, vous en pensez quoi ?

Réagissez !

My name is Band, Jazz Band !

Imaginez…

Le meilleur du Jazz réuni dans un groupe de rêve, créé de toutes pièces pour vous par le Café de la Page blanche.

Sa mission ? … vous faire écrire autrement … avec du rythme et du son !

Composé principalement de son trio aux cuivres retentissants, Miles Trumpet, Charlie Sax et Bennie Trombone, ainsi que des intarissables rythmeurs fous, Marcus Bass et Billy Drums, tantôt accompagnant la voix éclatante et sublime d’Ella Voice, tantôt accompagnés par les diaboliques frères Jimi Gibson et Stevie Ray Fender, sans oublier le soliste génial Herbie Keyboard, ce groupe de jazz insolite anime sur ce blog un jazz littéralement déjanté, empreint de vos propres élucubrations.

Je m’explique.

Comme cela vous chante et quand cela vous chante, ces musiciens virtuoses et virtuels improvisent vos dialogues avec leurs instruments.

Comment ?

C’est simple. Sur n’importe quel sujet qui vous passe par la tête, comme en musique on part sur un thème, il s’agit pour vous d’improviser une réplique (simple) ou des dialogues entre eux en respectant la contrainte de leurs caractères et du son de chacun de leurs instruments tels que je les ai imaginés pour vous.

Par exemple :
Miles trumpet emploie beaucoup le son ‘t’, laissant traîner certaines voyelles : « Taratata, tu te tais ! ». Il est leader de la section cuivres et cherche toujours à imposer son avis dans les discussions.
Charlie Sax allie au maximum les sons ‘s’ et ‘x’ « C’est qu’c’est sexy ça ! ». C’est un sensuel autant que vicieux, il ramène tout aux filles et au sexe.
Bennie Trombone emploie surtout le son ‘ou’ derrière une consonne : « Bouh, ça me dégoute ! », un côté nounours,  il bougonne toujours, pouffe, n’est jamais content.
Marcus Bass emploie des sons qui résonnent, du genre ‘ding’, ‘deng’, ‘dong’. « Dis donc, tu joues comme un dingue ! ». Il sait tout, recadre tout, c’est le sérieux du groupe, celui qui raisonne.
Billy Drums ne parle qu’en mesures, avec un nombre de pieds réguliers (souvent en alexandrins) dont chaque premier temps commence par le son ‘t’ : « Tu dis n’importe quoi, t’es tombé sur la tête ! ».
Ella Voice utilise surtout des mots commençant par une voyelle ou un ‘h’ aspiré avec des sons qu’elle aime laisser traîner : « Hooo ! il est a-doraaable ! ». Elle est un peu hystérique, extravertie… avec un accent américain pourquoi pas. C’est une staaaar quoi !
Les frères Gibson et Fender adorent monter le son et parler tous seuls, avec des riffs courts comme des phrases jamais terminées, répétées, bégayées, avec des interjections en guise d’effets, ils s’exclament plus qu’ils ne s’expriment : « Whaou, c’est … c’est, whaou ! »
Herbie Keyboard parle tout à fait normalement et clairement, sans contrainte quoi ! …

L’idée  première…

C’est de créer une situation autour de dialogues qui fassent interagir ces musiciens comme s’ils étaient sur scène, les mots devenant les notes qui sortent de leurs instruments… avec du rythme et du son !

L’idée seconde…

C’est que l’on arrive à reconnaître qui parle, grâce aux consonances des phrases qui caractérisent les instruments, sans avoir à préciser leurs noms devant chaque dialogue.

  • Pour commencer, reprenez systématiquement le premier mot en gras de chaque phrase des exemples ci-dessus (Miles Trumpet : « taratata ! »).
  • Vous n’êtes pas obligé de tous les faire participer, tout comme vous pouvez personnaliser chaque musicien à votre sauce. Ce qui est écrit ci-dessus est à titre d’exemple.
  • N’hésitez pas à intégrer Herbie Keyboard qui lui n’a pas de contrainte.

On essaye ? … suivez-moi comme bon vous semble !

Si vous avez aimé cet article, vous aimerez « Des mots sur un air de jazz… » !
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