Seules

Mathilde se remarie !                                 Épisode 14  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

— Catherine, bonjour ! … Ah ! Monsieur Régnard…

Oui… Oui, j’ai passé un bon week-end (elle bâille bruyamment) … Excusez-moi, il était aussi très fatigant… Non, Monsieur Régnard, ce n’était pas un week-end en amoureux. Oui, d’accord… Qu’est-ce qui vous arrive ? … Désolée, je n’étais pas là ce matin et Lætitia ne devrait pas tarder…  Heu, Mathilde ? Elle ne sera pas là cette semaine… Des soucis personnels, rien de grave. Enfin, si ! … Enfin, non ! Je vais regarder votre problème d’…

Un téléphone portable entonne la musique de l’Harlem Shake. Cathy plonge sa main libre, dans son sac à mains, posé à ses pieds.

— Heu, excusez-moi, monsieur Régnard, dit-elle tout en fouillant à l’aveugle, mais… rho ! T’es où toi ? … Non, il n’y a pas de danse, je vous rassure, c’est juste mon tél… Ah! le voilà ! Allo ? … Régis ? … Attends deux secondes ! … Monsieur Régnard, j’ai une urgence sur une autre ligne, je vous rappelle tout de suite sans faute.

Elle raccroche aussitôt.

— Ah ! Régis, il faut que je t’explique… Allo ? … Allo, tu m’entends ? … T’es où ? … Hein ? … T’es dans les toilettes ? … Ah bon ? … Ça capte mal ? … Tu n’veux pas parler plus fort ? Parce que là je t’entends à peine. Je te rappelle sur ton fixe. Hein ? … OK OK, reste là ! … Hein, quoi ? … … Mais faut pas mal le prendre, Chouchou ! C’est un malentendu pour ce week-end, je t’assure. Bon, d’accord, j’étais à Venise mais c’est pas du tout ce que tu crois. Oui, je sais qu’on devait aller chez Ikea, mais là, c’était une question de vie ou de… Enfin, je ne peux rien te dire… … Mais non je ne te cache rien. Enfin, si. Mais ça n’a rien à voir avec toi… Mais ni avec un autre ! Pourquoi faut que tu compliques tout ? … Je ne peux rien te dire… Je te jure sur la tête de Kiwi qu’il n’y a pas d’autre homme… On n’était qu’entre filles. Oh ! et va pas… oh !  Des fois y en a qui en sont, j’en connais… mais pas moi ! Hein ? … Ben, je disais ça comme ça… On a juste simulé avec Sandrine, j’te jure… Je ne peux pas te dire… J’te jure ! … Sur la tête de Kiwi… S’il te plaît, crois-moi, ne gâche pas… Allo ? Régis ! … Han ! … Jésus Marie… J’ai juré sur… Allo ? … Régis ? … Allo ? … la tête de Kiwi…

Lætitia débarque dans l’open space, elle voit son amie abattue sur sa chaise, quand les autres filles de l’équipe baissent la tête, comme si de rien.

— Qu’est-ce qui se passe ?

— Régis n’veut plus se marier… Bouh !

… Il dit que pour ne pas être allée chez Ikea c’est qu’il y avait forcément un autre homme. Et moi comme une conne j’ai rien trouvé de mieux que de lui parler de vos trucs-là.
—  Quels trucs ? commence à craindre le pire la chef.
— Maintenant il croit que je suis comme vouuus ! Bouuuh !
— Qu’est-ce que t’es allée lui raconter encore ? chuchote-t-elle pour ne pas attirer l’attention de leurs collègues, une oreille au téléphone et sans doute l’autre qui traîne. Allons dans mon bureau, ajoute-t-elle, prenant les devant.
— J’en ai marre des hommes ! Ils ont tous quelque chose qui ne colle pas, se plaint Cathy en la suivant.
— Ce n’est pas faute de t’avoir prévenue, lâche Lætitia après avoir fermé sa porte.
— Un coup, c’est le dentiste qui veut plus quitter sa femme, un coup c’est l’étudiant qui ne revient pas d’Australie, un coup c’est le skipper qui préfère la mer, quand c’est pas la mère qui préfère qu’on se quitte. J’en peux plus !

Cathy s’écroule littéralement sur la première chaise qu’elle trouve.

— Ça en fait des coups dis-moi ! plaisante Lætitia. Y en a qui restent sur le même coup toute une vie avant de se rendre compte que ce n’était pas le bon. Toi, au moins, tu n’as pas ce problème… Haha !
— Bouh ! Mais moi je veux fonder une famille ! continue de s’apitoyer sur son sort l’éternelle célibataire. Je suis fatiguée !
— Je comprends, rétorque sa responsable. Moi aussi. Je viens de dormir huit heures d’affilée et je n’arrête pas de bâiller.

Les deux filles sont sur les nerfs de n’avoir pratiquement pas dormi du week-end, surtout Lætitia qui a assuré seule le retour cette nuit au volant de son 4×4.

Tandis que Sandrine et Joëlle sont restées à Venise pour retrouver Mathilde.

— C’est trop compliqué les mecs, confie Cathy à sa responsable dans un élan de désespoir. Finalement c’est vous qui avez raison.
— Mais de quoi tu parles ?
— On va toutes finir gousses… Tu veux bien m’apprendre, dis ?
— Mais ça
ne s’apprend pas, enfin! Cathy, cesse tes lubies !
— Ah bon, c’est dans les gènes, tu crois ?
— Ne te fais pas plus bête que tu n’es, la recadre Lætitia. Il s’agit de sentiments, c’est tout. Moi j’ai aimé un homme et une femme profondément dans ma vie.
— T’es bi alors ?
— Mais tu ne t’arrêtes jamais, toi ! Je suis rien du tout, s’emballe l’interrogée. Je suis moi et j’aime qui je veux. Qu’est-ce que c’est que ces cases à la con !

Lætitia entrouvre la fenêtre et allume une cigarette, faisant fi du règlement intérieur. Cathy poursuit ses lamentations.

— Au final, tu vois, on se retrouve toutes sans mec…

ou sans… Heu, enfin tu vois ce que je veux dire. C’est Sandrine qui doit bien se marrer, tiens ! … Y a pas un bonhomme pour rattraper l’autre !
— Je te rassure, il y en a des bien, l’interrompt l’expérimentée derrière un halo de fumée. Des très bien même !
— Ils sont tous pris, tu parles, pouffe Cathy dégoûtée.
— Ou bien ils ne se laissent pas prendre.
— T’en as connu un, toi ?
— Ah ! s’exclame Lætitia, perdue dans ses volutes, c’est une vieille histoire. Il était parfait. Moi pas, faut croire. J’avais besoin de danger, de mains de jardinier, d’explorations d’aventuriers.
— Et alors ?
— Alors, j’ai épousé des mains de jardinier qui étaient surtout expertes en comptabilité. Mon Louis. J’ai eu deux gosses avec lui et un début de déprime.
— Tu regrettes ?
— Non. À quoi bon ? sourit la femme divorcée. J’aurais pas su faire autrement. J’aime mes enfants, même si leur ressemblance avec le père me sort par les yeux. Ah! il ne les a pas ratés le salaud. Non, je ne regrette pas. J’ai fini par me chercher et j’ai trouvé Joëlle, un beau jour, chez Mathilde.

C’était un mal pour un bien. On n’échappe pas à son destin.

— Ah, bon, tu crois au destin, toi aussi ? s’étonne Cathy.
— Je ne sais pas, mais ce qui est sûr c’est que si j’étais restée mariée à l’époque, aujourd’hui je pèterais les plombs.
— Et tu l’as revu ?
— Qui, mon ex-mari ?
— Non, l’autre… Le parfait !
— Oui, une fois par hasard, aux Galeries Lafayette. Il y a très longtemps, j’étais enceinte du deuxième.
— Et alors ?
— Il était accompagné d’une femme plus âgée que moi, la trentaine bien passée, plus belle aussi, parfaite quoi ! Ils se tenaient par la taille. Ils jouaient et riaient comme des gosses… Ça m’a fait un choc.
— Pourquoi ?
— Parce que j’avais perdu tout ça. J’avais tout ce que je désirais à la place, la maison, la voiture, les bijoux, les voyages, mais y avait déjà plus rien au fond de moi. À vingt-huit ans.
— T’as fait quoi ensuite ?
— Le bonheur des Galeries à défaut de celui d’un homme.

Tu vois, y a pas qu’eux qui passent à côté de l’essentiel.

Cathy est désolée pour son amie qu’elle sent touchée depuis la dispute à Venise.

— Tu as des nouvelles de Joëlle ? Tu crois qu’elle t’en veux encore ?
— Je ne sais pas. Sans doute, d’après Sandrine, lâche Lætitia, en écrasant sa cigarette sur le rebord de la fenêtre.
— Elle t’a appelée ?

— Oui… Elles ont retrouvé Mathilde.


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Um dia a Lisboà (2)

Parce qu’on me l’a demandé plusieurs fois cet été, je le partage ici avec vous au Café.
Un jour à Lisbonne, en 4 parties… très subjectives, voire intimes !   << Retour au 1er volet <<

 Autour du Castelo Sào Jorge, décor de carte postale !

Lisboa 1990 - Alfama - Carte postale 1

La première fois que je suis allé à Lisbonne, en 1995, je suis rentré à Paris avec cette carte postale que je n’ai pu finalement envoyer à personne. Mon coeur s’y refusait.

Je venais de tomber amoureux de cette ville, pas comme les autres, et cette photo d’elle m’ouvrait littéralement son coeur. Il fallait que je la retrouve, coûte que coûte, à cet endroit même. Car il était clair que c’est là qu’elle habitait.

Telle a été ma quête la fois suivante.

Quand je l’ai enfin rencontrée, deux ans plus tard, une femme forte accoudée à une des fenêtres délabrées scrutait les opportuns. L’endroit était identique à la photo, les couleurs à peine altérées. Mais déjà les grues étaient en place, un peu plus loin. Tout le reste des bâtiments semblait avoir été vidé de son mobilier humain.

Seule restait à la fenêtre une armoire à glace mâchouillant un bout de pain. « Nào passarào ! »

Inutile de vous dire que quinze ans plus tard, plus aucun mobilier n’habite ces murs. Mais les grues n’ont pas eu raison du courage de certains sans doute ou n’ont pas pu se regarder dans leurs glaces pour achever leur travail de sape.

Cet endroit existe toujours, abîmé, au teint plus très frais, presque nu, seuls quelques graffitis l’habillent encore de leurs fantaisies, déserté mais vivant !

Je ne donnerai ici ni adresse ni autre indication précise pour que vous le retrouviez. Comme moi, vous vous laisserez guider par votre coeur… et qui sait, peut-être la belle vous y ouvrira ses bras.

Si je peux vous donner un indice, descendez au Largo de Santa Luzia (comme dans le premier volet) et osez vous engouffrer entre les bâtisses en direction du château. Vous ne serez pas très loin.

Car le château est incontournable !

Certes, assez cher (7€ en 2012) et souvent bondé (et dire que c’était gratuit autrefois)

Et pourtant… ce lieu est vraiment l’histoire de Lisboà, sa trame, son buste.

Il y a une atmosphère indescriptible, car personnelle, un air de romantisme sur ces remparts où on s’imprègne de cette insouciance et cette légèreté qu’inspire la belle, affriolante sous son décolleté à la vue imprenable, charmeuse dans ses dessous, l’Alfama, la Baixa, tumultueuse et extravagante sous son Bairo Alto … J’ai eu la chance de m’y balader au petit matin ou au coucher du soleil (heures idéales !), presque seul, histoire de la courtiser à ma façon.

Cela fait longtemps que je n’y suis pas retourné (dommage !)

En suppléments, deux adresses coups de coeur autour :

 O Chapitô

Situé au 7, rua da costa do castelo, ouvert au public à partir de 18h !

En descendant du château, prendre par la droite jusqu’à la rua do milagre (miracle) de Santo Antonio. En descendant, sur la gauche, ce petit bar-restaurant et cirque à la fois (d’où le nom). Très original, très branché le soir. Animations ponctuelles la journée autour de spectacles visuels pour enfants (cirque, autre), puis café, starter ou restaurant à partir de 18h. Sympa pour boire un verre ou dîner avant de sortir. Point de vue très discret mais très mignon selon si on déniche une bonne petite place.

O Terraço (la terrasse)

Situé au 3a, Calçada do Marques do Tanco (après le Chapitô en descendant)

Méga terrasse avec des accessoires de récup’ très créatifs, des jeux aussi pour les enfants. On se croirait sur une plage virtuelle au dessus de Lisbonne, avec son petit bar-barraque en bois.
A chacun, son fauteuil, canapé, tabouret, sa chaise longue ou droite, à chacun son style de détente pour boire un verre devant un panorama exceptionnel de la ville et du Tage, complémentaire ou alternatif de celui du château, pour qui n’aurait pas profité de son point de vue. Grand soleil indispensable !
(attention, tantôt ouvert, tantôt en travaux !)

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La fête des mots, faîtes !

Et si ce n’était pas que des mots ?… Imaginez !

Chaque 21 septembre, le dernier jour de l’été, le jour de la fête des mots.

Pourquoi le dernier ? … Mais pour avoir le dernier mot sur l’été, pardi ! … Pour laisser les mots cueillir eux mêmes les feuilles aux branches de notre imagination avant qu’elles ne tombent en désuétude à nos pieds. Que sais-je encore… et pourquoi pas ?

L e s     m o t s     d a n s     l a       r u e      !

A l’instar de la fête de la musique, cette manifestation fait descendre les mots dans la rue. Tout le monde se joue des mots comme on joue de la musique, professionnels comme amateurs, toutes les créations, improvisations sont libres et gratuites. A chacun son atelier, son jeu, sa représentation des mots…

Oui, m a i s   e  n     p  l  e  i  n      a    i     r       !

Au diable les pupitres scolaires austères, au coin les tables rondes d’ateliers juste entre nous, bonjour les stands de kermesse aux mots audibles par tous, que l’on peut dégommer ou attraper sur une inspiration de passage.

Aujourd’hui, 21 septembre, les mots sont à la fête !

Mais suivez-moi plutôt !

A Paris, place de la Bastille où la fête bat son plein, de drôles de manèges à mots pour enfants s’articulent de leurs bras pour le plaisir des petits et des grands.

A l’attraction « le mot sur le bout de la langue » ça s’anime autant que ça crie.

Une énorme langue comme un toboggan se déhanche pour déséquilibrer le joueur qui tente de grimper jusqu’à son bout pour se saisir du bon mot.
Un speaker ne cesse de répéter la même phrase :

« C’est un pic, c’est un roc, c’est un… ah ! … je l’ai au bout de la langue ! »

Et les adultes de crier au pauvre gamin qui grimpe avec plus ou moins d’agilité : « Caaaap ! … Caaaap ! »
Et le speaker de rappeler aux parents qu’il est interdit de souffler pour l’intérêt du jeu.
« Caaaap ! »
Et le petit de dix ans ou presque, arrivé en haut de sa langue qui regarde tous ces mots en vrac, hébété autant qu’embêté quant au sens du mot soufflé par papa ou maman. Cap ? … Oui, il était cap, mais comment choisir le bon mot entre pape, flop, type et … voilà ses yeux qui s’illuminent. Il vient de comprendre et se saisit du mot cap au grand soulagement des adultes en bas qui commençaient à douter de la capacité réelle du gosse.
« Ouiiiii ! »
« … c’est un cap ! … mais oui, bravo jeune homme ! … vous venez de gagner l’œuvre d’Edmond de Rostand ! »

Et des jeux, il y en a plein, avec des animations très ludiques et surtout très créatives. Et pas que pour les petits.

Amis bavards, insatiables commères ou messieurs J-ai-toujours-un-truc-à-dire, venez vous mesurer aux défis de « Qui ne dit mot se sent con », place Saint Sulpice.

A mourir de rire… ou de honte !

Place de l’Hôtel de ville, tel un jeu télévisé, un animateur sur une estrade, habillé en « maître des colles », derrière lui, un immense tableau noir, devant, dix pupitres avec des feuilles blanches et des crayons.

Sur les quais de Seine, une « pêche aux mots » pour combler un texte contemporain à trous enchante petits et grands sous un fumet de merguez et un arc-en-ciel de guimauves et de barbapapas.

Des attractions, des ateliers en veux-tu en voilà, pullulent comme des feuilles qui s’accrochent encore fièrement à leurs arbres. « La dictée » incontournable de Pivot à l’Olympia, à 14h, 16h et 20h. L’inégalable atelier « Ecrire avec ses sens » dans les serres d’Auteuil, concurrençant celui intitulé « sens interdit » à l’opposé au parc de Belleville.

Quelle idée !  Vous proposer d’écrire un texte dans la peau d’un aveugle, d’un sourd ou encore le nez bouché.

Bien sûr, la rue de la Page blanche n’est pas en reste à Saint-Germain des Près. Outre le coin convivial de « l’ami cahouète », le patron du grand café propose sur sa terrasse son stand « A toi, à mots ! » … une grande façade installée en face et peinte en blanc où chacun écrit une phrase pour écrire une histoire ensemble.

Ce 21 septembre, des mots s’invitent un peu partout dans les rues, les squares. Certains sont sculptés, d’autres surgissent devant vous en 3D, d’autres encore sont simplement manuscrits mais avec de belles lithographies. On peut les ramasser, comme des enfants cueilleraient des bonbons. On les croise comme des regards ou des sourires. Certains nous parlent, on les saisit comme une révélation, d’autres nous reviennent avec le plaisir d’un souvenir, on les met dans la poche ou à la bouche.

Et puis il y a cette idée folle de mots fléchés géants reconstitués dans les rues de l’île de la cité. On suit les panneaux des définitions et on vérifie ou découvre les réponses le long de chaque artère.

Ce dernier jour estival aux couleurs rougeoyantes dans les arbres du soleil couchant, s’il n’est pas le plus long de l’année, c’est justement parce que les mots sont couchés très tôt sur tous les supports que l’on trouve, oui, oui… c’est autorisé ! … à la craie ou toute encre délébile, les murs, les voitures, les canapés… oui, oui ! … c’est la tradition. Même si vous trouverez toujours des râleurs passant après vous le chiffon… et le juron !

Je m’arrête-là… La journée m’a épuisé !

Et vous, cela vous inspire quoi ?

Je suis sûr que vous ne manquez pas d’idées ou de projets à proposer… lâchez-vous ! … Commentez cet article en développant votre stand, une animation, une rue tels que vous les imagineriez. Repartez d’une des idées évoquées ici, si elle vous inspire.

Amusez-vous… Inventez, inventons ensemble cette fête !

Et qui sait, peut-être madame la ministre de la culture nous prendra aux mots.

« Vous n’allez pas laisser notre langue, madame la ministre, sans son jour de fête ! »
La fête des mots, de la suite dans une idée… Cliquez ici >>

Les bras m’en tombent !

Mathilde se remarie !                                 Épisode 13  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Mathilde s’est enfuie.

— Non, c’est pas vrai !

Sandrine est abasourdie par la nouvelle. Avec Cathy, elles ont rejoint les autres filles à leur hôtel moins cossu, ce matin à 8 heures, comme convenu. Joëlle et Lætitia n’ont quasiment pas dormi, à la recherche toute la nuit de Mathilde, partie sans affaires, ni téléphone.

— Haaan ! sans son iPhone ! … Mais elle est vraiment perdue !

Cathy s’assied sur un bord du lit où Lætitia semble plus abattue qu’en train de dormir. Comment pourrait-elle fermer les yeux sur ce qui s’était passé la veille. Joëlle est encore plus anéantie, inconsolable en mère doublement coupable.

Elle avait tué son père et son idéal de mère parfaite.

Tout est de ma faute !
— Mais non, Joëlle, la réconforte Sandrine en la prenant dans ses bras. Elle va revenir… Elle avait besoin de prendre un peu l’air, c’est tout. Elle va revenir !
Non, je la connais. Elle est comme son père… Dure ! Elle ne me pardonne rien. Ah ! si seulement…

Lætitia se lève, à bout de nerfs, des cernes comme des valises, prêtes à partir… en larmes. Elle se ronge les ongles à défaut de pouvoir fumer depuis des heures.

 T’aurais pas une clope, Sandrine ? J’ai écoulé mes deux paquets cette nuit.
— Sers-toi dans mon sac, il doit m’en rester un paquet plein, je crois.
Merci ! j’en rachèterai tout à l’heure.

Lætitia s’approche de la fenêtre ouverte pour expulser une première bouffée libératrice. Puis elle se tourne vers Joëlle, le regard inquisiteur.

Si seulement quoi ?
Oh, rien, se contente de répondre la maman fatiguée, j’en peux plus de… de tout ça…
De tout ça quoi, bordel ? D’être enfin toi, de vivre pour toi ? Il ne suffisait pas de ton mari, c’est au tour de ta fille de prendre le rôle du bourreau, hein ? … Tu dois aimer ça, c’est pas possible ! s’emporte la femme amoureuse, la voix qui déraille et laissant échapper quelques larmes. Mais, réveille-toi, bon sang, Joëlle ! Merde, quoi ! On a tout fait pour elle. On est là, presque comme des fugitives d’un crime qu’on n’a pas commis. Et c’est à nous de lui rendre des comptes pour des crimes qu’elle veut nous faire endosser ?

Lætitia sèche rapidement des larmes qui n’ont pas eu le temps de couler. Joëlle ne la regarde pas, dans les bras de Sandrine.

J’aurais pu être une autre mère pour elle. Elle ne méritait pas ça.

Elle mérite une mère heureuse, contre-attaque l’avocat de la défense. Si seulement cette mère avait le courage d’assumer ce qu’elle désire et qui elle est, au lieu de simuler ce que les autres veulent qu’elle soit. Elle a bientôt trente ans ta môme ! Et crois-moi, elle a juste besoin d’être secouée et de voir la vie autrement que ce qu’elle lit dans la bible.
Secouée ? s’indigne la victime, hors de ses gonds et des bras de Sandrine. Mais tu as vu comment tu l’as brutalisée ? Même son père ne l’a jamais bousculée comme ça. Ni frappée. Tu m’a déçue, Lætitia. Je ne pensais pas que tu lèverais la main sur elle. C’est à moi aussi que tu fait du mal. Tu te prends pour… heu, je ne sais quoi. Depuis deux jours, on est toutes à tes ordres, sans savoir où cela va nous mener. Tu ne respectes même pas le deuil de ma fille qui vit un drame douloureux, ne t’en déplaise. Et puis… euh, si tu as des pulsions de virilité à démontrer, je te prierais de ne pas utiliser ma fille pour les assouvir.

Cathy est choquée, elle se tourne vers Sandrine, aussi mal à l’aise.

Elle l’a frappée… Haan ! Jésus Marie Joseph !
Tu penses vraiment ce que tu dis ?  lance Lætitia à Joëlle, d’une voix étranglée. Après… tout ce que j’ai fait… Pour toi, pour elle.
Stoooop ! intervient Sandrine qui sent la situation pourrir au fil des minutes. Ça suffit ! Écoutez, vous êtes toutes les deux exténuées et à bout de nerfs. Ça ne rime à rien de continuer à se déchirer de la sorte. Chacune va aller se reposer, une heure ou deux. Toi, dans le grand lit, Lætitia. Et Joëlle dans le petit, là. OK ?

Elles acquiescent sans se regarder. Sandrine a repris les choses en mains.

— Bien. Il s’agit de retrouver Mathilde. Avec Cath’, on va faire le tour de la ville pendant que vous vous calmez et réconciliez. Elle ne doit pas être bien loin. On revient avant midi et on voit ce que l’on fait. OK.

Sandrine commence à retirer le costume de Paul.

Ben, Cathy ? Va te changer, tu ne vas pas sortir avec cette robe !
— Je voudrais bien, mais heu… je n’ai pas d’affaires propres.
Mais moi non plus ! T’as jamais été scout, toi !
Euh, non ! … Toi, si ?
— Bon, une autre fois, dépêche-toi !

Voilà les deux faux amants de la veille à la recherche de Mathilde dans les rues de Venise.

Tu savais toi, pour Joëlle et Lætitia ? ose demander Cathy.
Non, répond Sandrine sans chercher à développer.
Pourtant entre vous, vous…
Entre vous ? Tu veux dire quoi par là ? cherche à comprendre l’interrogée.
Ben, heu… Tu sais bien. Moi, je t’assure, ça ne me gêne pas plus que ça. Enfin… Disons que faire des trucs avec une autre femme. Toi tu l’as déjà fait, non ?
Non mais je rêve ! Tu crois vraiment que je suis gousse ?

Parce que tu ne l’es pas… gousse ? 

Pas encore, ma chérie, mais hier j’étais à deux doigts de changer d’avis… Ha ha !
T’es bête ! lâche Cathy, quand même soulagée. T’as entendu ? ajoute-t-elle, passant du coq à l’âne, Lætitia a frappé Mathilde.
Frapper, frapper… Faudrait voir comment. Je crois que Joëlle a un peu exagéré, non ? Et puis Mathilde l’a un peu cherché depuis deux jours.
— Tu sais, j’ai déjà vu Lætitia pousser des gueulantes au bureau mais je ne la croyais pas capable de violence.
— Bon, et si on essayait plutôt de retrouver Mathilde !
— Oui oui.

 Et je peux te dire que si je la trouve, il se pourrait bien que je lui en colle une à mon tour ! 

Ce serait donc vrai qu’elle frapperait ses enfants, Lætitia ?
Les bras m’en tombent !


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L’e-euro…

« J’ai dix ans, je sais que c’est pas vrai mais j’ai dix ans ! » chantait Alain Souchon.

Mes dix ans me reviennent parfois avec toutes ses questions aussi bêtes que naïves sur ce monde d’adultes qui est le mien désormais et auquel je ne me fais toujours pas.

Qu’est-ce que je lis là ?

La suppression du billet de 500 euros pour lutter contre le blanchiment d’argent, le nerf de l’économie parallèle.

Billet 500 eurosPhoto extraite de l’article dans capital.fr

Et si on supprimait carrément tous les billets de la circulation ?

Plus de marché noir, plus de braquage de Brinks, des trafics qui doivent se réinventer, place à la transparence, j’achète, je laisse une trace, à chaque règlement sa transaction.

C’est simple pour un mec qui n’y connaît rien comme moi et qui pense comme un gosse de dix ans !

(On va dire de quatorze, quand même, car j’émets quelques hypothèses du niveau d’un bon exposé de 4ème)

C’est sans doute possible pour tous les experts en économie et politique, sans conflits d’intérêts mafieux (déjà ils sont moins nombreux), qui se voudraient bien se donner la main et les moyens !

Imaginons… On crée une nouvelle monnaie : l’e-euro.

On applique le même mode d’emploi que le passage du franc à l’euro. Grosso modo… et hop copier-coller !

31 décembre 2013 : les banques centrales de la zone Euro, comme la BCE, arrêtent la fabrication des billets.
1er janvier 2014: l’e-euro entre en circulation électronique, mais les paiements en espèces sont toujours possibles. Chacun possède désormais un compte en e-euro et doit remplir une déclaration de son patrimoine en espèces avec certification de la provenance pour alimenter le nouveau compte après validation par la banque centrale nationale. Les banques de dépôts se chargeant du transfert des comptes.
Ce jusqu’au 31 décembre 2023.
1er février 2015 : fin des paiements en espèces, tous les achats se font en e-euros par carte bancaire, téléphone, internet et autres moyens électroniques créés sur mesure pour les démunis des moyens conventionnels.
Plus aucun frais ne sera prélevé sur tous modes de paiement, pris en charge par l’Europe.
Tout paiement par monnaie étrangère en espèces n’est pas autorisé. Les modes de paiement des étrangers devront être adaptés aux nouvelles mesures. Pas question d’écouler des dollars en Europe !

Et il y a bien d’autres points de détails à finaliser ! … Mais l’idée du gosse est là.

Ah ! Je les entends d’ici les économistes avertis, les capitalistes de la city ou de Wall Street frileux…

N’importe quoi ! … On courrait à la catastrophe ! … Hausse ou dévaluation de l’e-euro sur le dollar ! … que ne sais-je encore ?

Je les entends déjà nos politiques corrompus et encanaillés avec les banques qui les dirigent, balbutiant les thèses d’une croissance en danger, de l’isolement de l’Europe, les mains dans les poches à grands fonds de leurs pantalons helvètes faits sur mesure, palpant les billets qui pourraient partir en fumée.

Ok, c’est simpliste. Mais je vous écoute ! … Posez les arguments et les mains sur la table !

« La fin des coupures de 500 euros n’est pas à l’ordre du jour à la BCE », je lis, la conclusion de l’article.

Quand on ne veut pas, on ne veut pas !

Mais quand j’aurais dix-huit ans, je ressortirai mon exposé, et là… on verra bien !

J’ai dix ans, laissez-moi rêver que j’ai dix ans !

Um dia a Lisboà (1)

Parce qu’on me l’a demandé plusieurs fois cet été, je le partage ici avec vous au Café.
Un jour à Lisbonne, en 4 parties… très subjectives, voire intimes !

Au coeur de l’Alfama

Lisboa Alfama

En bleu, une portion du tracé de l’Electrico n°28.

Ah ! … L’Electrico 28.

Tout un programme, des sensations, manège ou transport, on ne sait plus très bien, théâtre ambulant oui ! … tant il s’en passe le long du trajet… à ne pas rater !

Descendre à la cathédrale Sé ou au Largo de Santa Luzia. Je préconise le deuxième pour profiter du miradouro (panorama) sur le Tage et les toits rouges de l’Alfama, juste en dessous.

Ca donne envie de plonger … et c’est ce qui vous attend dès que vous descendrez par n’importe quelle ruelle ou escaliers en contrebas. Tout va très vite, à pied … il faut prendre son temps, il faut oser les petits passages, les petits escaliers … Ah ! … prenez les bécos, les escadinhas, les travessas ou ruas étroites, à la découverte d’un point de vue nouveau sur le Tage, sur les toits du quartier, à la surprise d’une  placette fleurie où les locaux sont assis sur un banc ou pendus à une fenêtre, si ce n’est pas leurs draps, slips ou autres fringues séchant. Laissez-vous porter par les odeurs mêlées de lessives, de sardines grillées persistantes, de fleurs, de fruits et légumes frais …

Ecoutez les bruits pétaradants des femmes aux fenêtres,

bêlant un salut lointain à une voisine ou le retour de leurs gosses qui jouent au ballon, criant, s’esclaffant à tue-tête ! … Ici pas de circulation motorisée, car presque impossible, juste des gesticulations vocales… autorisées !

Ah, l’Alfama ! … on s’y laisse submerger, on sillonne, on marche, on erre durant des heures, sans plan (ah quoi bon ?) et on se perd, et comment ! … enchanté, embaumé par le spectacle visuel, auditif et olfactif…

L’Alfama vous récompense à toutes les tables qui ne payent pas de mine, le menu feutré sur une nappe en papier, quatre tables qui se battent en duel et que les locaux, comme les connaisseurs, saisissent à toutes heures, pour 7 euros un plat … et quel plat ! … Parfois une terrasse s’improvise sur un palier entre deux escaliers … le pied !

car le pied est roi dans l’Alfama,

tant il se donne pour vous émerveiller … il a mérité de se poser et se reposer ! … Où ?… Mais n’importe ! … usez de votre flair ! (dans tous les sens du terme mais d’abord dans son sens propre, l’olfactif). Mais j’ai quand même mon idée … la mère Gomes !

A Morgadinha de Alfama 

Situé 37 rua da regueira, Madame Gomes a ouvert un nouveau resto en face du lieu initial, le temps de travaux, sans doute terminés. A l’intérieur, une brique grise assez chaleureuse vous accueille. Elle a soigné la déco, Madame Gomes, qui parle très bien français. Un très beau châle (jaune je crois) orne le mur gris.

Une cuisine exceptionnelle, de simplicité et de bons produits. Sardinas assadas, le top en saison ! … le Bacalhau à Bras incontournable tant c’est un régal ! Boire le vinho verde qu’elle recommande, du petit lait et très agréable avec les poissons grillés (robalinho et tout ce qu’elle aura du jour !). Possibilité de manger en terrasse aussi … enfin, dans la rue, quoi !

Dites que vous venez de ma part, pour qui me connait, un franco-portugais fan de ses sardines et de rugby qui est venu plusieurs fois.

Retour par la cathédrale Sé à pied en suivant la rua Sao Miguel, puis rua Sao Joao da Praça.

 La suite >>

Unblogged !

Débranchez le jack de votre écriture

et laissez exprimer le son acoustique de sa gratte sur le papier !

On n’est pas bien là, face à la mer, en haut de cette montagne, à la fraîche, déconnecté du net, le crayon à la main, on grattera quand on aura envie de gratter… ou encore au bord de ce ruisseau qui chante et que mon écriture accompagne ?

Allez ouste, du balai… on quitte le nid du net les enfants !

« Tweet, tweet ! »

Vous pouvez tweeter tant que vous voudrez, maman ne téléchargera pas la bécquée au mois d’août.

Le Café de la Page blanche prend des vacances.

Faites comme lui, ignorez le wifi qui fait des vagues dans l’air paisible et vous appelle à surfer dessus. Coupez le cordon ombilical avec lui et retrouvez les sensations du toucher du crayon et du papier, de la rature ou de la gomme…

Ecoutez ce son roots de l’écriture !

Bonnes vacances imaginatives et créatives !

Et si vous ne revenez pas, vous voulez que je vous dise… je ne vous en voudrai pas ! 😉

Pour les accrocs ou les retardataires dans leurs lectures,
Cliquez ici pour retrouver les dernières élucubrations d’Antonio >>

Bas les masques !

Mathilde se remarie !                                 Épisode 12  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

— Elle êst avec môî … euh, è côn mê

Paul racle sa nouvelle voix du fond de sa gorge, planqué derrière des lunettes noires, sous un costume hyper classe dont la valeur pouvait se mesurer à la liasse de billets posée en évidence sur le comptoir de la réception, comme le lui avait fait répéter Lætitia à Milan.

— Si ! Pas de peloblème, mossieu Teixier. Por oune nouit or plous ? demande le réceptionniste, expérimenté en aventures extra-conjugales, qui ne manque pas d’inspecter avec une discrétion bien italienne, à attraper un torticolis, la silhouette délectable de la femme fatale qui l’accompagne.
Ûne, mêrcî ! répond Paul, reprenant sa carte d’identité ainsi que le badge qu’on lui tend.
— Chambre vingte houite, doxième itage, annonce l’hôtelier, tout en ramassant le lot d’espèces, avec une reconnaissance qui se lit sur son visage ébahi. Grazie mille ! Merci !  Bon souarée mossieu Teixier ! ajoute-t-il, bouche béante devant la poitrine exagérément gonflée de Cathy  qui  lui offre du bout des lèvres, aussi rouges que sa robe, une moue à la Marylin dont la sensualité l’invitait à poursuivre le tour du propriétaire.

La consigne est claire. Plus il s’attardera sur les formes, moins il se souviendra des visages.

Et pour bien finir de duper le premier pigeon témoin, la main de Paul accompagne d’une caresse explicite le déhanchement appuyé de Cathy qui sursaute avec un petit cri d’offusquée, cette fois non simulé : « Hé ! »

Le premier acte de la mission semble s’accomplir à la perfection.

Sauf que, pendant ce temps-là, l’ambiance est tendue dans la voiture entre Lætitia, Joëlle et Mathilde. Cette dernière vient de se réveiller après avoir ingéré un somnifère qu’elle avait pris pour du Doliprane à Milan. Seulement, les filles n’avaient pas eu le choix. L’homicide était devenue hystérique, refusant de les suivre pour se dénoncer à la police. Dans le 4×4, après avoir recouvré ses esprits, elle n’en démord toujours pas. Ce qui a le don d’irriter Lætitia, en manque crucial de sommeil, et donc de patience.

— T’es sérieuse ?
— Ne me parle plus ! lance-t-elle, pleine de colère, à la fautrice du trouble qui l’a blessée. T’es… IGNOBL
E ! … Tu me dégoûtes !
Mathilde, je t’en prie ! la reprend Joëlle, autant affectée.
Laissez-moi, je veux sortir ! ordonne la fille, sans jeter un regard vers sa mère. Comment on sort de cette… Ah !

Lætitia ne tient plus. Elle sort la première et ouvre la portière derrière laquelle se trouve l’enfant chérie qui prend soudain peur. La chef extirpe sa collaboratrice et amie du véhicule par le col, comme l’aurait fait un mec avec vigueur, et la plaque contre la voiture, avec une force qu’elle ne se connaissait pas.

— Écoute moi bien, petite fille, on n’est pas venues jusqu’ici pour profiter des canaux vénitiens, ni supporter tes jérémiades sur le pont de tes soupirs…

Ça fait deux jours qu’on ne dort pas pour essayer de te sortir de ta propre merde parce que t’as pas été fichue de te débarrasser de ton sale con de mari autrement qu’en lui flanquant une balle dans le crâne. Pendant ce temps-là, madame ferme les yeux tout le trajet et quand elle les rouvre c’est pour nous faire son carnaval avec son masque de femme en deuil et sa musique casse-couilles.

Mathilde, dont la pointe des pieds touche à peine terre, tente de respirer plus qu’elle ne cherche à répondre. Lætitia n’en a pas terminé avec sa remise en place. 

— On est toutes dans le même bateau, à cause de toi. On ne peut plus reculer. Si tu te dénonces, on tombera aussi pour complicité. Alors je vais te dire une bonne chose, Mathilde, si tu ne le fais pas pour toi, ni même pour ta mère ou moi, fais-le au moins pour tes copines qui jouent gros en ce moment pour te sortir de là.

Mathilde redescend de quelques centimètres sur ses talons avant de tousser pour laisser passer plus d’air. Elle est choquée, perdue aussi. Elle regarde Lætitia, vaguement.

— Pardon…
— Oh!  Mathilde, mon bébé ! s’empresse de l’enlacer sa mère qui était sortie pour la sauver au cas où Lætitia perde aussi les pédales.
Laisse-moi ! lâche la fille, en même temps que de nouveaux sanglots… LAISSEZ-MOI !

Mathilde s’éloigne pour pleurer en paix et ne pas subir de nouvelles remontrances. Joëlle la suit pour tenter de lui parler avec plus d’intimité.

Je suis désolée, Mathilde…
Hanc ! de quoi ? De m’humilier… hanc ! devant tout le monde ?
— Ce n’est
pas ce que j’ai voulu. Je suis désolée que tu le découvres de cette manière.
— Tu parles… hanc ! et ça changerait quoi ? Se bécoter dans le moindre rec… hanc ! coin, t’en as rien à faire de ce que je pense… hanc ! ça me dégoûte !
Tu ne peux pas dire ça. On n’a rien fait de mal. Lætitia a fait beaucoup pour toi depuis vendredi. Elle est exténuée. Elle avait juste besoin…
Aaah ! … Tais-toi ! … TAIS-TOI !
— Souvent, j’ai voulu t’en parler, mais tu étais si loin de tout ça, même hostile parfois.
Quand t’as essayé ?
Il y a cinq ans déjà.
— Quoi ? ça fait cinq
ans que tu me caches ce mensonge, cinq ans que t’es… une autre ! … Mais, tu veux dire que c’était avant que papa… ?
— À la mort de ton père, j’ai voulu te parler, souviens-toi… Je t’ai dit que d’une certaine façon je l’avais tué. Tu ne voulais rien entendre.
— Hein ? Mais tu délirais, t’étais devenue… oh! folle. C’était tellement dur aussi pour toutes les deux ! Ça a été si subit.

Lætitia, assise contre la voiture, ne peut s’empêcher d’intervenir. Elle lance tout haut :

— Ça, pour être subi, c’était subi !

— Qu’est-ce que tu veux dire ? se retourne Mathilde, fronçant les sourcils.
— 
Je n’ai jamais vu une femme qui a autant fait abstraction d’elle-même et subi les pires humiliations pour faire bonne figure devant ses enfants, que ta mère, développe l’intruse.
S’il te plaît, Lætitia, la supplie Joëlle, ça fait trop de choses là.
Non, non ! insiste Mathilde, le cœur battant à cent à l’heure. Vous en avez trop dit là… Je veux tout savoir. Papa était au courant pour vous deux ?
— Oui, acquiesce Joëlle, après une brève hésitation.

Il vous a surpris, c’est ça ? imagine la fille, avec une grimace de dégoût.
Non, réplique la mère, calmement. Je lui ai dit un jour que je le quittais. Vous aviez vos vies désormais, ton frère et toi. Cela faisait des années qu’il n’y avait plus rien entre nous. Je crois qu’il n’y a jamais rien eu vraiment. C’est mon psy qui me l’a fait comprendre. Quoiqu’au début, ton père était adorable. Je l’aimais d’une certaine façon. Je faisais de mon mieux en tout cas. Très vite, il est allé voir ailleurs. Cela me faisait mal. Mais aujourd’hui je sais que ma douleur venait d’ailleurs.
— D’a
illeurs ?
Oui, ce refus en moi d’accepter qui j’étais vraiment. Mon psy et… Lætitia aussi, m’ont beaucoup aidée à franchir le pas. Mais ce jour-là…

Joëlle fond en larmes, les mains sur le visage.

Quoi, maman ?
Pour certains il était hors de lui, l’alcool, il buvait beaucoup, poursuit Lætitia, avec ses mots à elle. Pour moi il a été lui-même dans ce qu’il avait de plus mauvais.
— Qu’est-ce que… Mais de quel droit tu te permets… ?
On a beau essayer se mettre à la place des hommes, on ne comprendra jamais ce qui leur passe parfois par la tête. Ce besoin de dominer, de museler, voire anéantir ce qui leur échappe. La femme, l’amour qu’elle porte, pire encore, sa sensualité, son désir qui ne peuvent exister sans eux. Trois jours ! assène Lætitia, ravalant sa salive. Trois jours qu’il l’a séquestrée, humiliée, dégradée, torturée même, pour se venger de ce qu’il n’avait pas su lui donner et qu’une femme avait osé rallumer dans ses yeux. Juste parce qu’elle aimait, enfin, de ce qu’il y a de plus beau dans l’amour, de plus pur, et qui s’appelle l’évidence !

Mathilde interroge sa mère, n’osant croire ce qu’elle entend.

Maman… Papa n’est pas mort d’une crise cardiaque ?

Le regard de Joëlle semble dire ni oui, ni non, parce que oui, parce que non. Lætitia, elle, ne s’embarrassera pas d’une longue explication.

— Le quatrième jour, son whisky ne contenait pas que du houblon.


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Histoire de cul !

« Elle a un cul ! … Non, mais elle a un cul ! »

Lolo n’en revient pas…

Le jeu « A toi, à mots ! » revient avec une petite soeur culottée pour de bonnes parties de phrases en l’air cet été.

Le principe est simple :      CHACUN SON TOUR,

une phrase qui prolonge la précédente,

une lettre interdite,

mais sa sonorité toujours présente !

Histoire de cul, dans cette nouvelle partie met le Q au placard et invite le son des curieux à décupler leur imagination pour donner corps à une histoire…. notre histoire.

Relevez le défi et étonnez-vous… en cliquant ICI >>

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A toi, à mots, c’est aussi là- haut dans la barre de thèmes…

Opération Lolita

Mathilde se remarie !                                 Épisode 11  / 15

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Mathilde, 29 ans, mariée, fidèle, rêve toujours de prince charmant, de robe de princesse, nostalgique du plus beau jour de sa vie, dix ans déjà !
Sandrine, meilleure amie de Mathilde, 33 ans, l’âge du Christ, mais rien à foutre, pas croyante, le mariage, très peu pour elle, célibataire, hédoniste de nature, aime faire la fête, danser, boire un p’tit coup, ou deux, et transgresser les codes dès qu’elle peut.
Catherine, Cathy pour les intimes, collègue de Mathilde, 38 ans et toujours célibataire, à fond sur Meetic, rêve de mariage en grand avec une robe blanche, elle y croit !
Lætitia, chef de Mathilde, 45 ans, divorcée, deux enfants, terminé pour elle les mecs qui ne s’assument pas et jouer leur mère au foyer, elle veut voyager et s’éclater, profiter de la vie, quoi !
Joëlle, mère de Mathilde, 57 ans, veuve depuis cinq ans, elle a fait son deuil, mais les hommes, le mariage, c’est de l’histoire ancienne.

Les bras chargés comme un jour de soldes…

Lætitia et Cathy retrouvent les autres filles dans une chambre d’hôtel luxueuse. Joëlle leur ouvre la porte.

— Les filles se sont endormies, leur chuchote-t-elle.
— Vous avez pu prendre une douche ? demande Lætitia en lâchant tous ses sacs.
— Oui, soupire Joëlle de soulagement. Ça fait du bien.
— Je ne rêve que de ça depuis qu’on a mis enfin les pieds dans cette ville, s’exclame la chef.
— Pareil ! lâche Cathy en même temps que ses courses. Les rues de Milan auront fini de m’achever. Je peux aller la prendre la première ?
— Oui, bien sûr, répond Lætitia. Mais ne traîne pas !
— Promis.

Cathy prend quelques affaires et s’enferme dans la salle de bains. Lætitia tombe dans les bras de Joëlle et craque nerveusement pour la première fois.

— Dans quel pétrin on s’est fourrées. Je ne suis pas sûre qu’on arrive à s’en sortir, Jo.
— On a fait au mieux. Tu as été formidable jusque-là, Lætitia… On compte toutes sur toi. Tu es épuisée, une bonne nuit te fera du bien.
— Oui, sans doute. Il reste encore de la route. Mais une fois à Venise, on pourra se reposer.

À cet instant, Sandrine se relève du grand lit, entendant la conversation des filles.

— Vous êtes revenues ?
— Oui, répond Lætitia, retrouvant son caractère de meneuse. Je nous ai pris des petites tenues pour notre arrivée à Venise. Celle de Cathy est éblouissante.

Notre Paul va en tomber à la renverse.

— Paul ? ne semble pas suivre Sandrine, dans le potage après sa mini sieste.
— Je veux dire celle qui jouera le rôle de Paul, bien sûr.
— Et qui est l’heureuse élue ?
— Et bien, toi, Sandrine. C’est le rôle dont tu as toujours rêvé, non ? Le mari qui trompe sa femme à Venise avec une pétasse à qui il a acheté une robe aux couleurs pétantes à Milan pour se l’’envoyer en l’air à Venise. La classe à la mode masculine, quoi !
— Et pourquoi pas toi ? rétorque l’intéressée. Tu m’as l’air bien plus préparée, avec tes cours de théâtre.
— Sérieusement, Sandrine, tu m’as bien vue, là ? Parmi nous, personne n’est en dessous du bonnet C. Sans vouloir t’offenser…
— Quoi, sans vouloir m’offenser ?
— Écoute ma chérie, appelons un chat un chat. T’as plutôt pas beaucoup de poitrine.
— C’est pas parce que j’ai pas des obus de première guerre mondiale que j’ai pas de poitrine. Faut pas déconner là !

À cet instant, Cathy sort de la salle de bain, les seins enroulés dans une serviette, visiblement pas totalement recouverts.

— Ne te vexes pas, Sandrine, tempère Joëlle. Ce n’est pas le sujet. Tu comprends bien que pour le rôle d’un homme, tu es la mieux placée.
— Des petits seins, c’est bien aussi, s’en mêle Cathy. Je connais un mec…

— Évidemment, si « Bonnet M » reprend le refrain, j’ai plus qu’à chanter du Birkin, moi !

— Oh lala ! Tu ne vas pas nous faire un complexe à trente piges, dédramatise Lætitia.
— OK OK ! C’est bon, j’ai pigé. Il est où le costume du gros con ?
— S’il te plaît, Sandrine, s’offusque Joëlle, un peu de respect, on vient à peine de l’enterrer.
— Tu vas voir comment je vais te mettre, ma petite Cath’, s’amuse le futur acteur, d’une voix grave et courant après sa proie qui en perd sa serviette. Si t’as jamais vu les étoiles, avec moi tu vas faire le tour des galaxies.
— Mais euh ! Arrête Sandrine !

Les deux filles se chamaillent sur le lit. Cathy, complètement nue, n’est pas rassurée après ce que lui a dit Mathilde.

— Arrête, je te dis, je ne trouve pas ça drôle. Laisse-moi m’habiller.
— T’inquiète, j’attendrai mon heure, ma chérie, continue Sandrine de sa voix masculine.
— Bon, je vais prendre un bain, moi, annonce Lætitia, histoire de me relaxer avant de reprendre le volant. On décolle dans une heure… Jo, j’aurais besoin de tes talents de kiné, si tu veux bien, ajoute-t-elle, s’étirant la nuque. Là, je suis complètement nouée.
— Oui, bien sûr, répond Joëlle. Il nous reste combien d’heures de route ?
— Quatre, tout au plus, je dirais. On devrait arriver avant 22 heures. J’espère !

La porte de la salle de bains se ferme. Sandrine étale le costume sur un pan du lit quand Cathy déballe la robe de femme fatale. Sandrine est conquise.

— Wouahou ! Mais vous l’avez dénichée où ?
— Dans une des boutiques les moins chères à Milan ? On l’a eu pour mille euros, et encore, avec la ristourne.
— Hein ? J’espère que Paul n’entend pas sinon il se retournerait dans son terrain vague.

Mathilde sort de la pièce voisine et voit Cathy enfiler une splendide robe, rouge pimpant.

— Qu’est-ce que c’est ?

— Une robe cocktail, qu’elle a dit la vendeuse.  C’est sobre pour l’Italie.

— Ça fait pas un peu… ?
— Lolita ? Carrément ! J’adore ! s’exclame Sandrine qui s’approche de nouveau avec vigueur et sa voix grave de la belle. Oh ! toi, tu vas me rendre fou, bébé !
— Arrê-teu ! T’es pas drôle !
— Où est ma mère ? J’ai un mal de crâne !
— Dans le spa, à côté, répond Sandrine. Elle prodigue un massage à notre pilote avant de reprendre le rallye.
— Elle a toujours des comprimés miracle dans son sac.

Mathilde se dirige jusqu’à la salle de bains. Elle frappe un coup à la porte tout en l’ouvrant. Elle la referme aussitôt, comme si elle avait vu Paul, et se précipite sur le lit et s’y s’écroule en pleurant. Cela faisait longtemps, semblent se dire, de concert, les regards des témoins. Joëlle sort de la salle hantée, confuse.

— Ma chérie, je vais t’expliquer !


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